Visé par une question orale avec débat, le PM a tenté en vain d’obtenir une période maximum de deux semaines afin de bien préparer sa réponse. La Plénière y a opposé un refus catégorique réclamant d’entendre l’invité samedi
L’affaire fait grand bruit. Le Premier ministre Matata Ponyo a écrit une lettre au président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku le 8 décembre. Objet: solliciter un délai maximum de deux semaines pour bien préparer la réponse à la question orale avec débat du député UNC Crispin Mbindule Mitono. Le courrier de Matata a échoué de convaincre les députés qui y ont décelé une tentative de se dérober, l’expiration de la période sollicitée intervenant largement après la clôture de la session budgétaire.
Ils ont exigé et obtenu le passage du PM devant la plénière de ce samedi. Mbindule, député élu du Nord-Kivu siégeant sur les bancs de l’UNC de Vital Kamerhe, titille le Premier ministre. Il veut savoir, il veut comprendre et, à travers lui, le pays tout entier et sa Représentation nationale. Il veut amener le chef du gouvernement à dresser son bilan devant les élus. Le Premier ministre a présenté en mai 2012 un programme d’actions, un programme quinquennal chiffré, évalué à USD 48 milliards axé sur six objectifs sociopolitiques et économiques.
Il a notamment pris l’engagement de poursuivre et financer les réformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de l’Etat; consolider la stabilité du cadre macroéconomique et accélérer la croissance et la création d’emplois; poursuivre la construction et la modernisation des infrastructures de base; améliorer le cadre de vie et les conditions sociales de la population; renforcer le capital humain et l’éducation à la citoyenneté; et renforcer la diplomatie et la coopération au développement. Plus de 3 ans et demi après l’investiture et l’exécution du canevas du Premier ministre, Mbindule pose la question suivante à Matata: «Pouvez-vous éclairer les lanternes de la Représentation nationale sur le degré de réalisation à mi-chemin de six objectifs sociopolitiques et économiques suscité qu’incarne le programme d’action du gouvernement 2012-2016?»
Sans nul doute, l’auteur de la question orale avec débat veut savoir où en est le Premier ministre dans l’exécution de son agenda. De l’avis de plusieurs députés, il y a un décalage criant entre les performances du gouvernement et la réalité vécue par la population. A qui la faute? A quoi la faute? Qui -ou qu’est ce qui- est à la base de ce paradoxe? Une partie de cette question a déjà été évoquée par le député PPRD Simon-Floribert Mbatshi Batshia lors du débat général sur la Loi de finances 2016. Mais loin de faire l’unanimité, les réponses de Matata semblent avoir laissé les députés sur leur soif.
Rarissime, une question orale au Premier ministre est certainement une occasion propice pour les élus d’aligner des sous-questions susceptibles de s’avérer des coups de marteau sur la tête de Matata Ponyo. Comme l’affaire des immondices qui a défrayé la chronique alors qu’un accord en bonne et due forme a été signé entre le ministère des Finances et le gouvernement provincial de Kinshasa afin de relayer l’Union européenne et pérenniser le PARAU. Tel le financement de nombreux projets extrabudgétaires au détriment des projets inscrits au budget de l’Etat. Comme, last but not least, ce scandale révélé par le site de Zoom Eco, accusant le Premier ministre et son cabinet d’échapper à la bancarisation -que la rédaction d’AfricaNews propose à ses lecteurs.
Il y a aussi le dossier de la liquidation de Lignes aériennes congolaises -LAC- et la menace qui plane sur son patrimoine. Sans compter la gestion des inondations qui endeuillent ces derniers jours des pans entiers du pays et les mauvaises performances dans la mobilisation des recettes.
AKM