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Marchés publics : 42% de gré à gré, Luzolo alerte

«Il est de coutume affirmé à travers le monde que la prévalence des marchés de gré à gré constitue l’un des indices les plus importants de corruption. Or, dans notre pays, jusqu’en 2015, le marché de gré à gré a atteint un taux de 42%», a amèrement noté le conseiller spécial du Chef de l’Etat
Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, blanchiment des capitaux et financement du terrorisme, Luzolo Bambi Lessa ne fait pas dans la dentelle. Il a organisé, jeudi 25 mai 2017, une journée d’échanges sur la bonne gouvernance dans le secteur des marchés publics en RD-Congo. L’hôtel Memling, dans la commune de la Gombe, a abrité ces assises auxquelles ont pris part les mandataires publics, les experts et les cadres du bureau du cabinet du conseiller spécial. Alors que le gouvernement nouvellement investi est en pleine élaboration de la loi des finances 2017, Luzolo Bambi soutient que ces travaux tombent à pic, car les marchés publics absorbent 60% du budget national.
«Il est donc très important que ce secteur soit bien encadré pour y éviter la fraude, la corruption, le détournement, le délit d’initié et le conflit d’intérêt», a-t-il expliqué, estimant que tous ces manquements ont pour effet de ruiner la gouvernance et saper les efforts du Chef de l’Etat en vue du développement économique et social de la RD-Congo. Pourtant, a argumenté l’ancien ministre de la Justice, avec la promulgation de la loi n°10/010 du 27 avril 2010, la RD-Congo a sensiblement reformé son système de passation des marchés publics tant au niveau de la préparation des projets, de la passation des marchés publics ainsi que de leur exécution et contrôle.
Un souffle nouveau aux marchés publics
Le cadre légal ne posant aucun problème, Luzolo a insisté sur l’importance d’échanger sur les causes, les obstacles ou les faiblesses de l’inapplication du cadre légal dans la passation des marchés publics afin de donner un souffle nouveau à ce secteur important de la vie nationale. Au travers de cette journée d’échanges, l’objectif de Luzolo est de lutter contre la systématisation du marché de gré à gré. «Il est de coutume affirmé à travers le monde que la prévalence des marchés de gré à gré constitue l’un des indices les plus importants de corruption. Or, dans notre pays, jusqu’en 2015, le marché de gré à gré a atteint un taux de 42%. Cela préfigure un indice de corruption», a-t-il fait savoir. S’appuyant sur la Banque mondiale, il a laissé entendre: «la corruption dans les marchés publics serait équivalente à un impôt supplémentaire de 20% à payer par l’investisseur».
Le Directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics -ARMP-, Stanys Bujakera Sangano, a, dans son intervention, révélé: «plus de 60% du budget de l’Etat sont alloués aux marchés publics à travers les divers projets d’investissements et diverses acquisitions. Les marchés publics passés par les structures de l’Etat, les concessions de grandes infrastructures publiques et de services publics ainsi que les grands projets d’extraction sont particulièrement susceptibles d’être exposés à la pratique des pots-de-vin». Selon Bujakera, l’engagement et la volonté restent déterminants dans la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
La journée d’échanges sur la bonne gouvernance dans le secteur des marchés publics en RD-Congo s’est attelée à aider les cadres du bureau du conseiller spécial à intérioriser le cadre légal et réglementaire, l’architecture institutionnelle, le cadre technique et procédurale des marchés publics. La transparence et la lutte contre la corruption dans les marchés publics a aussi figuré dans les rangs des objectifs de ces assises.
Christian BUTSILA

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