Au cours de son passage à Kinshasa, dans le cadre d’une tournée africaine, le président français Emmanuel Macron a émis des mises en garde contre le Rwanda sans ouvertement le condamner pour son «agression contre la RD-Congo». Pourtant, tout le pays ou presque attendait de Macron une «condamnation ferme» ainsi que des «sanctions» contre le régime de Paul Kagame, accusé par Kinshasa d’être l’auteur de la guerre menée à l’Est du pays par les rebelles du M23. Sans quoi il confirmait être le «parrain et complice de Kagame». Le Président français, sans aller dans le sens attendu par les RD-Congolais, a plutôt eu des mots fermes, déclarant, lors de la conférence de presse co-animée samedi avec Félix Tshisekedi, que la RD-Congo «ne doit pas être un butin de guerre, le pillage à ciel ouvert -du pays- doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre!»
Aussi, Macron a appelé les différentes parties impliquées dans le conflit à l’Est de la RD-Congo à «prendre ses responsabilités, y compris le Rwanda». Faute de quoi, elles s’exposent à des sanctions. «Ce que nous attendons du Rwanda et des autres, c’est de s’engager et de respecter les rendez-vous qu’il se donnent sous la supervision des médiateurs. S’ils ne respectent pas, alors oui, il peut y avoir des sanctions, je le dis très clairement».
A scruter les propos de Macron, ces sanctions peuvent commencer à tomber dès ce 7 mars, date convenue pour l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Selon Macron, qui s’appuie sur ses échanges avec l’Angolais João Lourenço et le Rwandais Paul Kagame, les différents acteurs ont «apporté un soutien clair» à un cessez-le-feu à partir de ce mardi. Les représentants du M23, a-t-il poursuivi, se sont aussi engagés sur ce point lors de leur récente rencontre avec le Chef de l’État angolais. Seul bémol, les rebelles du M23 ont plus d’une fois violé les termes des différentes négociations menées aussi bien dans le cadre du processus de Luanda que de Nairobi. En novembre dernier, une feuille de route élaborée dans la capitale angolaise, a prévu la fin du retrait progressif de ces rebelles au 15 janvier 2023.
Plutôt que de libérer les entités conquises, ces rebelles en ont conquis de nouvelles dans les territoires de Nyiragongo, Masisi, Rutshuru, faisant une avancée inquiétante vers Goma, capitale du Nord-Kivu. A la suite du non-respect de cette feuille de route, les Présidents des pays membres de l’EAC -Communauté de l’Afrique de l’Est- ont, en marge du Sommet ordinaire de l’Union africaine -UA-, organisé une session extraordinaire ayant entériné un nouveau plan de retrait progressif des rebelles du M23, élaboré quelques jours plus tôt par leurs chefs d’Etat-major. Ce plan, qui devrait entrer en vigueur le 28 février dernier, n’est pas encore mis en exécution.
Alors qu’il a réussi à faire venir le président français à Kinshasa, Félix Tshisekedi attend avoir la suite des événements sur terrain pour croire.
LOI