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Le nouveau visage de John Numbi

L'ancien chef de la Police Nationale Congolaise, le général John Numbi
L’ancien chef de la Police Nationale Congolaise, le général John Numbi
John Numbi serait-il interpellé? Lambert Mende suggère d’attendre l’issue de l’enquête de la justice militaire qui a mis la main, après une perquisition dans une propriété du galonné à Lubumbashi, sur dix-huit personnes à l’identité présumée douteuse. L’hypothèse est fort probable selon les analystes. Suspense…
Une perquisition dans un chantier de John Numbi, Rondpoint Carrefour à Lubumbashi,  suivie de l’arrestation de dix-huit hommes à identité présumée douteuse et la découverte d’une arme à feu, il n’en fallait pas plus pour que des rumeurs sur l’interpellation du général en disgrâce de la Police nationale congolaise -PNC- soient lancées à Lubumbashi, à Kinshasa et sur les réseaux sociaux. D’autant que selon un rapport confidentiel des experts de l’ONU, John Numbi est présumé soutien des Ba Kata Katanga.
La question est revenue lors de conférence de presse, mardi 21 janvier 2014, du ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, poussé à donner la version officielle à la suite d’une question de RFI. Même s’il a banalisé les faits, Mende a confirmé la perquisition confirmant qu’elle s’est soldée par l’arrestation de dix-huit personnes non autrement identifiées et la saisie d’une arme à feu. Les investigations se poursuivent. Quid du sort du propriétaire du chantier, John Numbi?
Réponse du ministre: «Il pourrait être interpellé si l’enquête présume que ces gens-là sont une menace à la sécurité de l’Etat». Les commentateurs n’ont pas manqué d’y voir le nouveau visage de John Numbi: celui d’un homme tombé isolé à la suite de la mort de Floribert Chebeya, et qui risque de voir sa descente aux enfers se poursuivre avec l’affaire Ba Kata Katanga dans laquelle il serait impliqué, à en croire ce rapport des experts de l’ONU, donc un homme jugé inquiétant, à tenir à l’œil… alors que lui-même nie les faits lui imputés par les experts de l’ONU et parait prêt à tout faire pour se défendre.
Pourtant, peu avant sa suspension, Numbi était l’un des hommes-clés du sérail. A ce titre, il a eu à gérer plusieurs dossiers pour le compte du Raïs. Outre cette perquisition, Lambert Mende en a évoqué d’autres qui touchent directement le secteur de la Défense, notamment la traque des forces négatives, la réorganisation du M23 et l’enquête sur l’assassinat du général Mamadou Ndala.
L’épée de Damoclès serait-elle suspendue sur la tête du général John Numbi, suspendu pour une présumée implication dans l’affaire Floribert Chebeya ou un simple hasard? Il y a peu, un rapport des experts de l’ONU, relayé par le magazine «Jeune Afrique» et plusieurs médias locaux et internationaux, a pointé l’ex-commandant de la PNC parmi les personnalités katangaises qui soutiendraient le groupe armé «Ba Kata Katanga».
Et quelques jours après, de manière fortuite ou pas, une perquisition effectuée dans un chantier appartenant à Numbi débouche par l’arrestation de 18 personnes à identité présumée douteuse par les services de sécurité de la province du Katanga. A en croire le ministre des Médias, ces individus ne sont connus ni des habitants du quartier, ni des autorités administratives du coin. Ils ont été d’ailleurs confiés à l’auditorat militaire pour y être entendus. Une enquête a déjà été diligentée. Elle pourrait s’étendre sur Numbi, le propriétaire du chantier, s’il y a des présomptions de menace à la sécurité du pays.
«Le général John Numbi pourrait être interpellé si l’enquête présume que ces gens-là sont une menace à la sécurité de l’Etat», a notamment indiqué Mende, qui a banalisé l’affaire. A en juger par les faits, la RD-Congo tient à éradiquer toutes les menaces contre son territoire, d’où qu’elles viennent. On ne badine pas avec la défense. Ce secteur sensible a constitué le menu de la conférence de presse de Mende. Le spokes-man du gouvernement a fait savoir qu’avec l’opération «Sokola I», les FARDC ont reçu la mission de désarmer les forces négatives et autres groupes armés irréguliers. «Nous n’avons pas vocation à tolérer indéfiniment des sévices contre notre peuple», a-t-il tapé. Les FARDC font bien leur travail. Et les échos reçus du Nord-Kivu l’attestent. Les troupes loyalistes y ont entamé depuis le début de l’année des actions d’envergure pour neutraliser les forces négatives rwandaises des FDLR réfractaires à l’ultimatum de désarmement volontaire.
«La place forte de cette milice à Mpinga a été assiégée avec succès par nos élément, ce qui a rendu possible un nombre significatif de captures et de redditions même si un grand nombre de ces éléments ont pris la fuite avec armes et bagages», a renseigné Mende. Et d’ajouter: «dans le grand Nord-Kivu -Beni et alentours- le chef d’Etat-major général des FARDC a lancé en personne l’action de désarmement forcé des rebelles ougandais des ADF, il y a près d’une semaine -les Nalu s’étant déjà convertis en parti politique qui participe aux institutions politiques ougandaises».
Seules à la manœuvre dans cette traque malgré l’appui logistique de la MONUSCO, les FARDC ont le vent en poupe. Elles ont repris plusieurs places fortes des ADF dans le grand Nord-Kivu. Notamment Namundiomale, Kambi Ya Mabi, Kalemi, Kanyamuseke, Mazete, Mutshieni et le sanctuaire de Mwalika qui servaient de centres de repli et/ou de ravitaillement de ces forces négatives, a encore confié Mende. Des otages ont été libérés au cours de ces opérations.
M23: accord-cadre violé par Kigali et Kampala!
Autre dossier préoccupant évoqué par Mende: la nouvelle de la réorganisation du M23, cette pseudo rébellion défaite et forcée à la liquidation début novembre 2013 par les FARDC, la plus nuisible des forces négatives sévissant en RD-Congo. Cependant, ses géniteurs, le Rwanda et l’Ouganda, semblent ne pas l’entendre de cette oreille. Ils aident le M23 à renaître de ses cendres.
«Depuis quelques temps des informations concordantes, de sources crédibles, en l’occurrence un rapport des experts de l’ONU, renseignent que les anciens mutins du M23 qui avaient été accueillis au Rwanda et en Ouganda seraient en train de se reconstituer et se réorganiser en procédant à de nouveaux recrutements à partir de ces deux pays voisins qui n’ont jamais fait mystère de leur inclination à soutenir cette force négative en dépit de tous leurs engagements internationaux», a déclaré Mende.  Ce qui prouve que Kigali et Kampala, membre de la CIRGL ont, une fois de plus, délibérément péché contre l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations-unies en accordant asile à des centaines d’éléments du M23 après leurs défaites militaires.
Pourtant, ces instruments juridiques avaient fait obligation à toutes les parties signataires de s’abstenir d’accueillir sur leurs territoires les forces négatives qui sévissent en RD-Congo. «A contrario de cet engagement solennel, le rapport final du groupe d’experts des Nations unies sur la RD-Congo affirme non seulement que les rebelles du M23 ont bénéficié d’un soutien continu de Kigali lors des dernières offensives des FARDC appuyées par la Brigade d’intervention de l’ONU mais surtout qu’ils ont continué de recruter au Rwanda après leur défaite militaire», a soutenu Mende.
Pour ce dernier, le gouvernement prend très au sérieux les informations sur une nouvelle agression en préparation. Le porte-parole du gouvernement a prévenu ces comploteurs. «Ceux qui continuent à en rêver doivent savoir que notre ferme volonté de vivre en paix avec tous nos voisins ne doit pas être confondue avec une faiblesse», a-t-il affirmé. Et de tonner: «La RD-Congo est préparée à répondre à toute provocation ou agression visant à la déstabilisation, d’où qu’elle vienne et sous quelque forme que ce soit».
Mende a également rassuré que les investigations sur l’assassinat du général Mamadou Ndala se poursuivent à la justice militaire, tout indiquant que celle-ci se penche désormais sur la piste FARDC.
Tino MABADA

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