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La lettre qui étale l’ignorance de Omari India

Peu avant de rendre le tablier, Augustin Matata Ponyo a pris le soin de caser certains de ses proches à des postes de responsabilités dans des entreprises publiques, établissements publics ou services publics. Voici que dans ce groupe composé de quelques cracks se distingue un rabatteur habitué à occuper les médias écrits et audiovisuels pour défendre becs et ongles la politique de l’homme à la cravate rouge, qui ne parvient toujours pas à intérioriser les règles pertinentes de management responsable et avisé.

Les internautes ont été sidérés de lire sur le mur la lettre d’un mandataire public de l’OGEFREM, en l’occurrence Idi Omari India, directeur général adjoint, adressée au vice- Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication dans laquelle il porte de graves accusations contre son directeur général Anatole Kikwa.
L’opinion se souviendra que dans sa livraison du mercredi 26 avril 2017, AfricaNews a fait largement écho de l’altercation intervenue entre ces deux gestionnaires de l’OGEFREM à la suite de l’irruption intempestive du numéro 2 dans le bureau du titulaire pendant que ce dernier accordait l’audience à une employée. Ces écarts de comportement dans les relations professionnelles tumultueuses entre ces deux mandataires, membres du PPRD de surcroît, continuent de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Alors qu’on croyait l’incident clos et pris en charge par certains proches et sages soucieux de sauver les meubles, le DGA India vient de jeter davantage d’huile au feu non seulement en saisissant le Vice-Premier ministre José Makila Sumanda chargé de la tutelle technique, mais aussi en publiant in extenso sa lettre d’accusation sur les réseaux sociaux.
Compétence exclusive des organes délibérants de l’OGEFREM
Il n’y est pas allé de main morte à travers moult commentaires désobligeants à l’endroit d’Anatole Kikwa. Beaucoup d’internautes sont entrés dans la discussion, voire d’éminents juristes qui ont recadré le DGA particulièrement en matière de droit administratif.
Certains experts du Conseil supérieur du Portefeuille approchés à ce sujet pour éclairer notre religion, ont laissé entendre que la gestion de ce genre de dossier est de la compétence exclusive des organes délibérants de l’OGEFREM, singulièrement le Conseil d’Administration pour arbitrage et recherche des solutions idoines en vue de ramener la paix sociale. Les ministères de tutelle tant technique qu’administrative et financière devraient simplement être informés par ampliation.
Courrier interne jeté en pâture dans les réseaux sociaux
Malheureusement, la politisation à outrance de la gestion des entreprises de l’Etat se trouve encore profondément enracinée dans les us et coutumes en RD-Congo. Le DGA s’est cru dans le devoir de s’en référer directement à l’autorité de tutelle technique. Et pourtant, si cette question devait être gérée à ce niveau, elle relèverait plutôt de la tutelle administrative et financière exercée par le ministre du Portefeuille. Voilà comment les mandataires placés à la tête des entreprises publiques amènent les membres du gouvernement à s’ingérer dans la gestion des dossiers qui ne sont pas de leurs compétences. De plus, par respect à la hiérarchie, comment un mandataire public peut-il jeter en pâture un courrier interne sur les réseaux sociaux en violation flagrante du droit administratif? Pour quels objectifs inavoués? Au-delà de l’étalage de l’ignorance des notions du droit administratif par le DGA, ceci repose la question fondamentale des critères de choix des personnes appelées à exercer d’importantes responsabilités dans les structures de l’Etat.
Dans les milieux proches des agents et cadres de l’OGEFREM, c’est la honte et la gêne qui prévalent. Certains travailleurs de cette unité de production croisés à la faveur de la journée du travail, s’insurgent contre cette tentative de vouloir à tout prix tordre le cou à la vérité en cherchant à tronquer les faits. Depuis l’arrivée de l’actuel DGA, martèlent-ils, le climat du travail s’est fortement détérioré au point de porter un sérieux coup d’estocade à l’image de marque de la compagnie. India a juré de faire accréditer la thèse selon laquelle le Directeur général Kikwa a tenu des propos malveillants à son endroit alors que les proches de ce dernier rejettent ces accusations en bloc, évoquant l’éducation chrétienne et la formation jésuite de Kikwa.
Des observateurs avisés recommandent beaucoup de retenues au Directeur général adjoint, enclin à perturber le climat de travail à la Direction générale en contestant l’autorité du titulaire jusqu’à suggérer un petit examen de droit pour comprendre «la différence entre une notion du chef et une notion de préséance» et sollicitent même l’implication des dirigeants de leur parti en vue d’inviter les deux cadres à fumer le calumet de la paix. Cela n’enlève en rien la nécessité de rappeler les prescrits pertinents du droit administratif et les règles de bienséance et de collaboration.
Tino MABADA
 

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