Des jours passent et la situation sécuritaire à l’Est de la RD-Congo ne cesse d’aller de mal en pis. En témoigne, les récents événements intervenus dans la région. Le jeudi 19 janvier 2023, la MONUSCO a annoncé que, depuis le 1er décembre 2022, au moins 195 civils ont été tués, 68 blessés et 84 enlevés. A ces chiffres macabres s’ajoute la découverte des fosses communes contenant les corps de 51 civils. Ces fosses communes ont été repérées dans les villages de Nyamamba et Mbogi, en province de l’Ituri, une zone contrôlée par les groupes armés CODECO et Zaïre.
Au Nord-Kivu, les M23 ont la peau dure et peinent à se soumettre aux résolutions du mini-Sommet de Luanda, leur imposant notamment de quitter toutes les localités RD-congolaises sous leur contrôle au plus tard le 15 janvier pour se retrancher vers la montagne de Sabinyo du côté de la RD-Congo.
Après le 15 janvier, les M23 ne se sont presque pas exécutés. Hormis Kibumba et le camp militaire de Rumangabo, ils gardent sous leur coupole les différentes zones du territoire de Rutshuru conquises. De quoi donner de la matière au vice-Premier ministres des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, auteur d’un communiqué publié mercredi dernier pour, dit-il, prendre acte, au nom de Kinshasa, du «refus répété du M23 d’exécuter les prescrits du plan de paix établi par le mini-Sommet de Luanda» et du «non-respect par le Rwanda des engagements pris dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda».
Ce communiqué va jusqu’à reconnaître que la situation sécuritaire au Nord-Kivu est morose et échappe au contrôle des FARDC, tant les rebelles du M23 continuent d’occuper des localités supposées être reprises par l’armée kényane dans le cadre de la Force régionale de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est -EAC. «Le M23 occupe toujours cette localité et continue à rançonner la population par des taxes et autres prélèvements obligatoires», a déploré Lutundula, dévoilant ainsi à la face du monde l’échec de la stratégie du gouvernement de recourir aux armées étrangères, particulièrement celles des pays de la région des Grands lacs, pour tenter de rétablir la paix à l’Est du pays. Un plan longtemps réfuté par Moïse Katumbi. Le leader d’Ensemble pour la République a, dans son plan de sortie de crise sécuritaire, dont les grandes lignes ont été exposées lors du congrès de son parti en décembre dernier, défendu au pays de sous-traiter sa défense et de recourir aux armées des pays soupçonnés d’être en connivence avec le M23 comme l’Ouganda. Ce jour-là, à Lubumbashi, Katumbi, investi dans la foulée candidat président de la République pour le compte de sa formation politique, a dit sa détermination de faire «cesser -la tenue de- discours victimaire et pleurnichard» face à l’agression dont le pays est victime. La RD-Congo, a-t-il déclaré, doit être «un pays respectable et respecté». Il a, pour ce faire, préconisé de travailler sur trois axes essentiels: l’armée, le vivre-ensemble et la diplomatie. Concernant le premier élément, il a assuré détenir la solution pour «doter la RD-Congo d’une armée forte, bien équipée, bien payée et bien encadrée». C’est seulement à ce prix que le pays ne «sera plus à la merci des groupes armés». «Aujourd’hui, nous devons éviter de sous-traiter la défense de l’intégralité territoriale aux armées étrangères», a soutenu le Chairman du TP Mazembe, déplorant tacitement le recours aux armées de pays de l’EAC pour la pacification de l’Est de la RD-Congo. Et de trancher: «la solution aux problèmes de la RD-Congo viendra des RD-Congolais. Et, en premier lieu, de nos forces armées qui se battent avec courage au front».
Le deuxième axe sur lequel travailler, selon Katumbi, est le vivre-ensemble. «Nos divisions et nos querelles, nous rendent faibles. Trop de conflits déchirent nos communautés entre elles. Des discours de haine sont de plus en plus banalisés, y compris par les partisans de l’actuel pouvoir», a-t-il scruté, non sans marteler: «nous devons dépasser, et relancer partout le dialogue intercommunautaire. Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister, dit la Bible».
Le troisième axe du plan Katumbi concerne la diplomatie. A ce sujet, le boss d’Ensemble a expliqué: «fort de la confiance en une armée redynamisée, et en l’unité retrouvée, nous sommes en mesure de relancer une véritable diplomatie qui vise à restaurer la confiance et les rapports de bons voisinages». Et d’ajouter: «les engagements que nous souscrivons doivent être respectés à la lettre. C’est ce qui va restaurer la crédibilité de notre pays».
Avec la création des zones tampons à la suite du vrai-faux retrait du M23 de Kibumba et Rumangabo, les faits, têtus et sacrés, donnent raison à Katumbi qui n’a presque jamais eu confiance à certaines armées des pays de l’EAC déployées à l’Est de la RD-Congo. Vu de cet angle, nombre d’observateurs se rendent à l’évidence et affirment que la recette de Katumbi, faite de trois ingrédients clés, est la plus objective pour sortir le pays du gouffre sécuritaire.
LOI