L’ancien gouverneur de l’ex-Katanga et le fils de l’opposant historique se sont rencontrés, ce jeudi 10 décembre dans la capitale belge, à en croire une dépêche de Jeune Afrique publiée le même jour, laissant entendre qu’ils veulent faire cause commune pour obtenir une élection présidentielle sans participation du Président sortant, Joseph Kabila, et dans les délais constitutionnels
Un petit tremblement de terre. Moise Katumbi et Félix Tshisekedi se sont rencontrés jeudi 10 décembre à Paris, a rapporté le même jour Jeune Afrique avec une photo de la rencontre à l’appui. Sur l’image, on reconnait de gauche à droite, Salomon Kalonda Esta Della, le conseiller de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, Félix Tshisekedi, Moise Katumbi et Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés.
Selon l’article de Jeune Afrique, qui se demande si c’est un tournant dans le marathon politique menant à la présidentielle de novembre 2016, Moise Katumbi et Félix Tshisekedi veulent faire cause commune pour obtenir une élection présidentielle sans participation du Président sortant, Joseph Kabila, et dans les délais constitutionnels. Ils ont également évoqué une candidature commune. Cet accord scelle la naissance d’un nouveau front anti-dialogue après celui regroupé autour du G7 et de la Dynamique de l’Opposition.
«Paris a été le théâtre, le 10 décembre, d’une rencontre entre deux personnalités influentes de l’opposition congolaise: Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex-Katanga, et Félix Tshisekedi, fils d’Étienne, le chef du principal parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-», a rapporté la dépêche. Puis: «Les deux hommes se sont réunis pour une journée de discussion dans un discret hôtel du VIIIe arrondissement de la capitale française, à laquelle Jeune Afrique a pu assister en partie. En est ressorti un accord en plusieurs points, au premier rang desquels le refus du ‘dialogue national’ annoncé par le président Joseph Kabila. Les deux hommes sont désormais convaincus qu’il s’agit d’une manœuvre du chef de l’État congolais pour obtenir un report de l’élection présidentielle, au-delà du délai constitutionnel de novembre 2016. Selon l’actuelle Constitution, le président sortant n’aura en effet pas le droit de se présenter à ce scrutin».
L’objectif, c’est l’alternance en 2016, a expliqué Moïse Katumbi. Il faut un changement de régime et un changement de politique, a renchéri Tshisekedi. «Nous voulons un calendrier consensuel qui donne la priorité à des élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels et qui soient conformes aux standards internationaux», a expliqué Samy Badibanda, un proche de Félix Tshisekedi, également chef du groupe parlementaire UDPS et alliés, cité par la même source. «Nous voulons aussi que le fichier électoral soit révisé conformément aux recommandations de l’Organisation internationale de la Francophonie -OIF-», a-t-il ajouté. «L’objectif, c’est l’alternance en 2016», a expliqué Moïse Katumbi. «Il faut un changement de régime et un changement de politique», a renchéri Félix Tshisekedi.
Les deux hommes ont également évoqué la possibilité de soutenir un candidat commun lors de l’élection présidentielle, a précisé Samy Bandibanga. Mais ni l’identité, ni le mode de désignation de ce candidat n’a été précisé. Il est encore trop tôt, faisaient savoir les participants. «Tous les partis politiques qui veulent l’alternance sont les bienvenus parmi nous», a précisé Félix Tshisekedi.
Cette rencontre réduit considérablement la portée du «dialogue national» voulu par le président Joseph Kabila. L’UDPS était la seule grande formation d’opposition qui avait accepté d’en discuter lors de rencontres à Venise et Ibiza. Mais après sa convocation par le président Joseph Kabila, le 28 novembre, Félix Tshisekedi avait renoncé à y participer, arguant que «la présence de la communauté internationale [était] une condition sine qua non de [sa] participation». «Si c’est une initiative de la communauté internationale, nous ne sommes pas opposés contre, explique-t-il aujourd’hui. Mais un dialogue sous l’égide du seul Joseph Kabila, il n’en est pas question».
Avec Jeune Afrique