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Katumbi : 7 mois ont suffi pour transformer les ruines en bijoux

Le majestueux QG du parti Ensemble pour la République fait grande impression !

Arrivé dans la politique active grâce aux élections de 2006 à l’issue desquelles il se fait élire tour à tour député national, député provincial et gouverneur de l’ex-Katanga, passé dans l’opposition sous Kabila en 2015, Moïse Katumbi Chapwe a choisi de recourir à sa vieille et payante recette: réfléchir à la façon de contrôler un secteur entier s’il n’y joue pas un rôle déterminant. Le travail, l’excellence, la recherche de la perfection et les résultats, voilà son credo. Grande surprise des législatives nationales de 2018 avec plus de 80 élus, qui ont pesé lors de la recomposition de la majorité à l’Assemblée nationale fin 2020-2021 et président depuis 2019 de son propre parti politique, Ensemble pour la République, Katumbi est en train de construire une alternative crédible à Félix Tshisekedi.

Avec des vues sur la présidentielle de 2023, l’homme a déjà commencé à se retrousser les manches. Il s’est déjà mis en ordre de marche, organisant avec minutie l’implantation de son parti à travers le pays et des séminaires idéologiques. Il a lancé une autre grosse manœuvre le 20 février à Lubumbashi en inaugurant le siège d’Ensemble pour la République, le plus beau, le plus grand et le plus huppé du pays.

L’homme qui ambitionne de reconstruire la République Démocratique du Congo mis juste sept mois pour transformer en bijoux les ruines trouvées dans cette ancienne propriété du Consulat des États-Unis à Lubumbashi, occupée pendant quelques années après les Américains par une société de téléphonie mobile.

Ce majestueux QG est considéré comme le énième symbole du sérieux de Katumbi et de l’espoir qu’est en train de susciter son projet politique. Avec ses bureaux douillets et aseptisés ainsi que ses salles de conférences et de réunions modernes, à faire pâlir les concurrents, ce siège fait grande impression et donne les idées…sur la suite.

“On assiste ici à une image d’un homme concentré sur ce qu’il fait et ce qu’il fait est bien fait. On peut penser que cet homme peut passer de la dimension des bureaux à la dimension du Congo entier. Faire du Congo ce qu’il doit être. C’est avec ça que nous voulons faire avec Moïse Katumbi (…) Ce que nous voyons ici c’est prometteur pour l’avenir”, a commenté dimanche José Endundo Bononge, un des cadres rassembleurs.

Comme Endundo, la plupart de personnes interrogées dimanche 20 et lundi 21 février à Lubumbashi ont la conviction que Katumbi est aujourd’hui “seul capable de réformer et transformer la République Démocratique du Congo” et par le fait que Ensemble pour la République est une formation politique pas
comme les autres, avec déjà 400.000 adhérents après seulement 3 ans d’existence”.

La figure et le parcours de Katumbi jouent un rôle déterminant dans cette perception positive. L’acteur traîne la réputation d’un homme assidu au travail et accroché aux résultats.

Succès dans les affaires!

Dans les affaires, l’histoire récente renseigne que Katumbi a prospéré dans la pêche, s’approvisionnant dans le lac Moero et faisant la plus grande partie de son commerce avec la Gécamines, l’opérateur public des minerais en République Démocratique du Congo.

Ses activités étendues également à la Zambie et l’Afrique du Sud vont du transport au commerce en passant par l’approvisionnement alimentaire. En 1987, sous Mobutu, il crée en la société Établissement Katumbi regroupant toutes ses activités.

En 1997, il lance la société Mining Company Katanga -MCK- active dans les services aux activités d’exploitation du cuivre et du cobalt.

Huit ans plus tard, il vend MCK, sa principale société, à la société française Necotrans. Entrepreneur né, est aussi patron et partenaires dans plusieurs entreprises et sous traitance, notamment Hakuna Matata, Habary Kani et Muzuri Sana ainsi que Katumbi Construction et Virginika, donnant des emplois directs à environ 10000 personnes et d’autres 25000 indirectement liés aux différentes activités de son groupe, renforcé par
un investissement de 20 millions de dollars dans un espace de 15.000 hectares, le Mas​hamba, situé dans le village Futuka à 30 km de Lubumbashi.

Mashamba est un vaste domaine agraire sur des milliers d’hectares, plus vaste que la ville de Paris. Des maïs, à perte de vue, en constituent la principale culture, occupant plus ou moins 11.000 hectares. Les 4.000 autres hectares sont partagés entre la culture du soja et le parc animalier. À Kashobwe, son village natal, il a développé les activités de pisciculture avec succès à la clé.

Champion dans le football !

Président du TP Mazembe depuis 1997, Katumbi a conduit ce club football au sacre dans la Ligue des champions africaine en 2009, 2010 et 2015 après les titres de 1967 et 1968, dans la Coupe de Confédération en 2016 et 2017. Sous son management, Mazembe est entré dans l’histoire comme première formation non européenne ou sud-américaine à jouer la finale du prestigieux mondial des clubs en 2010.

En 2011, il s’illustre par l’inauguration d’un Stade flambant neuf de 18.000 places et la création d’un centre de formation du nom de Katumbi football académie -KAFA. Avec sa consœur École de football -Ecofoot-, KAFA a la mission de former l’élite de football africain.

Les prémices politiques de la gouvernance du Katanga

Wikipédia fait le plus beau témoignage des prémices politiques de Katumbi après avoir fait l’anatomie de sa gouvernance de l’ancienne province du Katanga.

“Dès son arrivée à la tête du Katanga, Katumbi met en place l’interdiction d’exporter les minerais bruts, forçant ainsi les industriels à construire leurs unités de transformation au Katanga, source d’emplois pour les Katangais et de développement pour la province. En 2010, à la suite de la chute du prix du cuivre et du départ précipité des entreprises minières -principalement chinoises- de la province, Katumbi demande à toutes les entreprises concernées de payer les indemnités de loyer et les taxes dues à la province, sous peine de mettre leurs biens aux enchères”, relate cette encyclopédie.

Puis: “De 2008 à 2013, la production de cuivre du Katanga passe de 800 tonnes à 1 million de tonnes par an. Les revenus générés avec l’industrie minière permettent le développement rapide de la province. La construction d’une centrale hydro-électrique sur la rivière Luapula est lancée en mai 2013. Plusieurs hôpitaux sont également construits. Des écoles et universités sont rénovées”.

Puis encore: “De 2007 à fin 2012, la part de la population alimentée en eau potable passe de 48 % à 70%. Sur la même période, la tonne de farine de maïs passe de 2 200 à 500 dollars. Sur le plan agricole, depuis 2008, un arrêté oblige toute entreprise minière implantée dans la province à aménager 500 hectares de terres cultivables afin de répondre aux ambitions d’autosuffisance alimentaire de la région. La part de dépendance à l’importation passe de 98 % en 2007 à 25 % en 2015. Entre 2007 et 2015, le nombre d’enfants scolarisés est passé de 300 000 à plus de 3 millions. En 2007, les employeurs de la province se voient par ailleurs obligés de verser un salaire minimum de 100 dollars à tous leurs employés”.

Ces trois formidables trajectoires s’imposent comme des arguments démontrant la capacité de Moïse Katumbi à réussir son pari, une fois porté à la magistrature suprême, en remontant bien vers l’Exécutif les nombreuses attentes de la population.

Tino MABADA

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