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Kagame armait le M23, les pièces à conviction

Une arme capable de tirer jusqu’à plus de 22 Km que Kagame avait donné au M23. Elle aurait été utilisé dans la guerre entre l’armée régulière et le M23 à Bunangana
Une arme capable de tirer jusqu’à plus de 22 Km que Kagame avait donnée au M23. Elle aurait été utilisée dans la guerre entre l’armée régulière et le M23 à Bunangana
Le régime rwandais aura du mal à se tirer d’affaires après la découverte, sur les hauteurs de Chanzu, l’ex-QG de Sultani Makenga, des équipements militaires qu’il est soupçonné d’avoir livrés aux rebelles vaincus du M23 malgré ses dénégations
L’ONU et Kinshasa ont toujours accusé le régime de Kigali d’avoir armé le M23; ce que Paul Kagame a toujours démenti. Mais Martin Kobler, le chef de la MONUSCO, des attachés de défense des représentations diplomatiques accréditées à Kinshasa et des officiers membres du mécanisme conjoint de vérification de la CIRGL en ont eu la certitude le 7 novembre 2013 quand ils ont vu de leurs propres yeux d’importants stocks d’armements de défense et d’attaque ainsi que d’autres équipements militaires cachés dans des bunkers sur la colline de Chanzu, à Rusthuru, province du Nord-Kivu, d’où les forces de la Brigade d’intervention de l’ONU et les troupes loyalistes venaient de déloger, le 5 novembre, Sultani Makenga, le chef militaire du M23. Ces armements jamais acquis ou utilisés par les FARDC sont supposés appartenir à l’armée rwandaise qui les a fournis aux rebelles pour soutenir leur révolte.
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Le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku réclame l’ouverture d’une enquête internationale. Selon lui, «ces armes évaluées à plus de 300 tonnes, munitions comprises, jamais arrivées dans les dépôts d’armements des FARDC, appartiennent à l’Armée rwandaise, principal soutien des forces négatives qui écument l’Est de la République Démocratique du Congo». Alors que l’appui du Rwanda aux différentes rébellions RD-congolaises dont le M23 est un secret de polichinelle en dépit de ses démentis, voici que ces caches d’armes découvertes à Chanzu donnent des preuves supplémentaires irréfutables à l’ONU et Kinshasa. Indiscutablement, ces pièces à conviction estoquent un Paul Kagame définitivement démasqué.
«J’étais très impressionné de voir, avec le Général Bahuma, les armes abandonnées par le M23 à Tchanzu», a déclaré à la presse Martin Kobler. Le chef de la MONUSCO a personnellement fait le déplacement de la colline de Chanzu où il a vu de visu l’impressionnant arsenal.  Il y a des présomptions que ces armes ont été livrées au M23 par le Rwanda parce que nul ne voyait comment en si peu de temps d’existence une rébellion pouvait se procurer une si importante quantité d’armes et de munitions. Kobler en fera certainement rapport à l’ONU.
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A l’instar du chef de la MONUSCO, des attachés militaires des missions diplomatiques accréditées en RD-Congo, entre autres ceux des Etats-Unis, France, Belgique, Allemagne, Afrique du Sud, Zimbabwe, Egypte… se sont prêtés au même exercice et ont eu accès à ces preuves. Leurs rapports respectifs seront également déterminants quand viendra le moment de déterminer l’origine de ces équipements militaires et d’en désigner le principal fournisseur.
Alors que son nom est sorti du calepin des enquêteurs de l’ONU peu après le déclenchement de la rébellion du M23 le 7 avril 2012, Paul Kagame, le Président du Rwanda, est aujourd’hui encore fiché suspect numéro 1. Il est au centre des investigations au vu de premiers éléments disponibles à Chanzu.
Démasqué, Kagame définitivement estoqué
Les enquêteurs n’auront pas du mal à remonter jusqu’à lui à partir des armes lourdes et autres véhicules de l’Armée rwandaise abandonnés par les rebelles du M23 sur la colline de Chanzu. Dans leur fuite, les derniers éléments fidèles à Sultani Makenga n’ont pas pu démonter l’obusier de 122 millimètres d’une portée de 22 km. Commandant de la 8ème Région militaire, le Général Bahuma a indiqué qu’il s’agit d’une arme de la dernière génération, jamais arrivée dans les dépôts d’armements des FARDC au Nord-Kivu.
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Kinshasa continue d’accuser l’ex-rébellion d’avoir utilisé cette arme lourde pour pilonner les populations civiles à Bunagana le 3 novembre dernier, faisant quatre morts et une dizaine de blessés. Il y a de plus fortes raisons de croire que l’utilisation de ces armes venues du Rwanda a provoqué de graves atteintes aux droits de l’homme. En témoignent les tueries de Bunagana et les fosses communes de Kibumba.
Sur la route sinueuse en terre battue qui mène à la colline de Chanzu, les hôtes du gouverneur Julien Paluku ont pu découvrir un autre obusier du même type incendié par les fuyards. A une dizaine de mètres de là, des restes des véhicules 4×4 de l’Armée rwandaise, également brûlés. Plus loin encore, la carcasse d’une jeep RDF calcinée, très probablement celle de l’escorte de Makenga, laissent entendre les éléments FARDC fiers d’avoir mis les rebelles hors d’état de nuire.
Les fugitifs n’ont cependant pas réussi à tout saboter ni effacer toutes les traces de l’Armée rwandaise. Les troupes loyalistes ont pu leur ravir deux pick-up en bon état, jamais inventoriées dans le charroi automobile des FARDC, très probablement des propriétés de l’Armée rwandaise, les RDF. Les rebelles ont également laissé derrière eux des mortiers, des fusils d’assaut, des canons anti-aériens et un impressionnant lot de munitions tapies dans des bunkers creusés non loin d’une bâtisse inachevée qui servait de bureau et de maison à leur chef militaire. «Plus de 300 tonnes», à en croire Julien Paluku qui a cité des experts. Le moment venu, cette belle prise, cet impressionnant butin de guerre servira sans nul doute de pièces à conviction.
Comprendre: les caches d’armes de Chanzu estoquent Kagame et les ténors du M23 qui, au nom d’un prétendu droit de poursuite des rebelles rwandais des FDLR, ont poussé le bouchon plus loin. Kagame et la presse occidentale pro-Kigali ont quotidiennement mitraillé les esprits à travers le monde dans le but cynique de les conditionner à percevoir les FDLR comme la plus grande menace à la sécurité du Rwanda, profitant de cette situation pour commettre des crimes et déstabiliser la RD-Congo.
Le coaching payant de Kabila
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Ces grands médias, souvent alignés, n’ont pas tout dit sur les véritables mobiles de la guerre. Très souvent, ils ont passé sous silence la livraison d’armes au M23 par le Rwanda. «Trop, c’est trop», a récemment tempêté le président sud-africain Jacob Zuma, venu signer des accords de coopération avec Kinshasa dans le domaine électrique. En véritable stratège et héros, Kabila a dû profiter des promotions au sein des FARDC pour rappeler dans la capitale RD-congolaise presque tous les galonnés pro-rébellion, faisant perdre ipso facto à Kigali et au M23 leurs oreilles au front et leurs yeux qui observaient tous les mouvements des troupes loyalistes, affirment plusieurs sources indépendantes. Couplé à l’appui de la MONUSCO, le coaching s’est avéré payant et la correction, impitoyable. Les rebelles ont été mis en débandade et leur mentor mis à nu. Du coup, l’étau se resserre dangereusement autour de Kagame et ses bras séculiers. Les Etats-Unis montent la pression en appelant à la création d’un tribunal international chargé de juger toutes les personnes présumées coupables des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme à l’Est de la République Démocratique du Congo.
AKM

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