Entre le Président de la république Joseph Kabila Kabange et le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, le froid s’est réinstallé. Et pour cause: la dépouille d’Etienne Tshisekedi n’est toujours pas rapatriée à Kinshasa bien qu’un Accord soit signé en ce sens entre le gouvernement d’une part, et l’UDPS et la famille d’autre part. Du coup, le Dircaba de Félix Tshisekedi, Me Peter Kazadi, évoque la fin de la trêve, dénonçant l’accord de Rotanna et accusant le président Kabila de mauvaise foi. On parle du show de Peter Kazadi estimant que l’UDPS a toujours tergiversé avant de se décider.
Cette fois encore n’a pas été la bonne. Les violons ne s’accordent toujours pas entre le pouvoir en place et l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS. A la base: le blocage de la dépouille d’Etienne Tshisekedi, décédé depuis le 1er février 2017 à Bruxelles.
Peter Kazadi, directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, est monté au créneau pour dénoncer l’accord signé en vue du rapatriement de la dépouille du lider maximo. Selon lui, «c’était de la poudre aux yeux, Kabila s’est servi de ça pour aller le vendre au sommet de l’Angola, l’UDPS a agi de bonne foi comptant sur la bonne foi de Kabila, malheureusement comme toujours». Ces quelques mots laissent entrevoir une nouvelle mésentente entre les deux camps. Pourtant, le 21 avril dernier, un accord du rapatriement des restes de Tshisekedi a été signé à Kinshasa en présence du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, Jean Mbuyu Luyongola, considéré comme artisan principal dans le rapprochement de deux camps. Côté gouvernement il y avait Henri Mova Sakanyi, vice-Premier ministre en Charge de l’Intérieur et Sécurité, et André Kimbuta Yango, gouverneur de la ville de Kinshasa. Du côté de la famille, on a noté la présence de Mgr Gérard Mulumba, jeune frère du défunt, alors que le secrétaire général Jean-Marc Kabund représentait l’UDPS. Ce protocole d’accord prévoyait que l’Etat RD-congolais puisse prendre en charge tous les frais des obsèques. Le Palais du Peuple avait été choisi comme cadre pour les recueillements ainsi que les hommages officiels et populaires. Il a avait été aussi convenu la mise sur pied d’une Commission spéciale de 9 personnes sous la conduite du vice-Premier ministre de l’Intérieur assisté d’un représentant de la famille et de l’UDPS pour l’organisation des funérailles.
A l’annonce de la signature de cet accord, les analystes ont vu un possible rapprochement entre Félix Tshisekedi et le pouvoir en place en vue de l’application de l’Accord politique de la Saint Sylvestre. D’autres observateurs avaient estimé que cette signature n’était pas gratuite, son objectif final était d’avoir Félix Tshisekedi accepté le poste de Premier ministre. Quatre jours après ce protocole d’accord, Félix Tshilombo a tenu son premier meeting, autorisé par le gouvernement et passé sans heurts entre la Police et les combattants. La sortie de Félix a coïncidé avec le sommet de la SADC consacré à la situation politique en RD-Congo. Notamment l’évolution du processus électoral. Un combattant de l’UDPS avait même, dans une réflexion publiée sur les réseaux sociaux, accusé Félix Tshisekedi de donner des béquilles à Joseph Kabila devant ses pairs de la SADC à Luanda. Cette réflexion avait été réfutée par l’UDPS.
Aujourd’hui, c’est un proche collaborateur de Félix qui revient à la charge et dénonce l’accord du rapatriement de la dépouille de Tshisekedi. Pour Peter Kazadi, «c’était de la poudre aux yeux, Kabila s’est servi de ça pour aller le vendre au sommet de l’Angola, l’UDPS a agi de bonne foi comptant sur la bonne foi de Kabila, malheureusement comme toujours». Finie la trêve. Dans les salons huppés de Kinshasa, on rapporte que tel est pris qui croyait prendre. Félix Tshisekedi à qui le pouvoir avait proposé le poste de Premier ministre s’est remis à la base de l’UDPS en plein meeting à N’djili Sainte et cette base lui a clairement dit: «Nous t’avons investi candidat à la présidentielle prochaine, pas question de prendre la Primature». C’est ici que la machine s’est bloquée.
Sur le terrain, l’équation devient difficile avec l’organisation des élections à la date prévue par la CENI, à savoir le 23 décembre prochain. L’Opposition conteste l’utilisation de la machine à voter pendant que le financement de ces élections posent problèmes. Blocage.
Octave MUKENDI