Il faudra se rappeler de l’intervention du président du parti Envol, Delly Sesanga, lors du débat sur le rapport des activités de la CENI de Corneille Nangaa, sur un point en tout cas: la proposition liée à l’institution d’une Commission permanente chargée d’auditer les finances de la Centrale électorale et de la passation des marchés -COPEC. En quelques phrases, le député réélu de Luiza, au Kasaï Central, avait livré une analyse dont il n’y a pas grand-chose à retrancher aujourd’hui.
«Ce n’est quand-même pas sérieux, dans un pays où nous faisons moins de 4 milliards de dollars des recettes internes, vous confiez 1,4 milliard de dollars à un organe qui n’est pas contrôlé et qui vient vous rendre compte, dans un narratif vague, sur ce qu’aura été l’aventure électorale», avait fustigé Sesanga, plaidant pour la mise en place d’une structure de contrôle permanente. L’idée avait été rejetée.
Par manque de vision ou d’esprit d’anticipation, sinon à cause de leur paresse intellectuelle, certains députés avaient vu derrière cette idée un calcul politique qui découle de la compétition féroce que se livrent les acteurs politiques. Mais il ne faut pas toujours, quand un homme politique avisé dit une chose juste, l’attribuer à un certain opportunisme ou considérer que cela ne veut rien dire.
Aujourd’hui, les chaudes contradictions entre le président de la CENI Denis Kadima et le ministre des Finances Nicolas Kazadi tant sur les fonds déjà décaissés ou l’idée que chacun se fait de l’indépendance de cette institution d’appui à la démocratie tendent à donner raison à Sesanga. L’Inspection générale des finances -IGF- s’est certes invitée au débat mais entre la CENI et le ministère des Finances une mésentente s’est installée et elle risque de perdurer. Le président de la CENI a accusé l’argentier national de retarder voire bloquer les fonds destinés à son institution. Ce qu’a rejeté Nicolas Kazadi accusant, à son tour, Denis Kadima de surfacturation, déplorant l’inexactitude de ses déclarations dans les médias.
Depuis, de nombreuses réactions se font entendre, certaines allant jusqu’à regretter la sanction réservée par l’Assemblée nationale à la suggestion «pertinente» du président du parti Envol. Réagissant à chaud après les empoignades entre Kadima et Kazadi, Sesanga pense dur comme fer qu’avec «cet organe, on aurait évité la confusion actuelle entre le ministre des Finances et le président de la CENI sur le financement des élections». Certains observateurs sont d’avis que la confusion actuelle est la conséquence du rejet de la réforme proposée par Christophe, «charcutée pour des calculs politiques».
Natine K.