En RD-Congo, les dénonciations déferlent après l’organisation «chaotique» des élections générales le mercredi 20 décembre dernier par la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, dirigée par Denis Kadima.
Ces dénonciations écornent davantage la réputation des élections du 20 décembre, déjà entachées par des scandales de fraude, révélés entre autres au moyen des vidéos, diffusée massivement sur la toile, montrant des candidats aux législatives de l’Union sacrée de la nation -USN- en possession des Dispositifs électroniques de vote -anciennement machines à voter- et autres matériels de vote.
Cette «fraude planifiée et organisée», selon des organisations de la société civile, n’a pas encore été digérée, voici que de nouvelles dénonciations, énonçant la thèse des machines et votes préconfigurés en faveur de Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession, sont tombées. Elles ont été portées sur la place publique par Fabien Kusuanika de la chaîne YouTube Télé Tshangu.
Selon Kusuanika, qui a brandi le message de dénonciation reçu par WhatsApp de la part d’un agent de la CENI, ayant requis l’anonymat par peur des représailles, le gouvernement et la CENI «n’ont pas eu besoin de couper Internet, car la tricherie a été effectuée au niveau local par le chef des centres».
Il a révélé que «les machines à voter -arrivaient dans des bureaux de vote- avec un stock de votes déjà préconfigurés».
«Des machines venaient avec des votes et n’ont pas été réinitialisés devant les témoins mais plutôt depuis les antennes de la CENI. C’est plus de 70% des cas», a révélé cet agent électoral, affirmant que «le chaos électoral a été planifié, calculé».
Le retard avec lequel les opérations de vote ont été lancées dans la majorité de bureaux de vote participait, à l’en croire, à la stratégie définie pour baliser la voie de la fraude. Le mercredi 20 décembre, plus de 70% des bureaux de vote, selon les stats de la mission d’observation électorale des églises catholique et protestante, ont ouvert avec un grand retard, allant d’une, deux ou trois à six heures.
«Les votes retardés et prolongés ont été voulus, pour que dans ce chaos et cette impatience des électeurs, les machines ne soient pas initialisées», a-t-il avancé.
Et d’enchaîner: «Les machines qu’on a vues dans les chambres, devaient par la suite rejoindre des bureaux mais en soirée, là où les votes ont débuté -volontairement- tardivement».
Poursuivant dans ses révélations autour du trucage organisé via les DEV, l’agent dénonciateur a indiqué comment les votes en faveur des opposants ont été supprimés.
«Quand les machines indiquaient “limite d’électeurs atteinte”, ils suspendaient le vote et appelaient un technicien qui se retirait avec la machine dans un coin pour supprimer des votes de l’opposition et libérer de l’espace pour que le vote se poursuive», a-t-il confié, avant d’évoquer un autre pilier de la stratégie de fraude électorale: «chasser les témoins».
«Ils ont chassé les témoins parce qu’il fallait remplacer les bulletins dans les urnes par des liasses des bulletins avec vote ramenés comme des billets neufs avec élastique, pour que ça corresponde avec les machines», a-t-il ajouté dans sa dénonciation.
Ces «irrégularités», provoquées à dessein pour favoriser le président en place, qui brigue un second mandat, ont favorisé la contestation des résultats de l’élection présidentielle, progressivement publiés depuis la semaine dernière par la CENI. Des manifestations populaires sont projetées par des leaders de l’opposition qui appellent à l’annulation des élections et à l’organisation de nouveaux scrutins plus transparents.