Le Président de la République Félix Tshisekedi a prévu un cadeau pour les 500 députés nationaux, en l’occurrence un véhicule 4×4 à chaque élu national. 500 véhicules au total. Racontée dans un article de «Jeune Afrique» évoquant le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso Nkodia Puanga, l’initiative du Chef de l’État a fait jaser dans l’opinion. Son annonce intervenait peu avant l’autre polémique déclenchée samedi depuis Bunia par des propos du Président de la République Félix Tshisekedi dénonçant la maffia au sein de l’Armée, dans les institutions, notamment au Sénat. C’est la discorde.
La nouvelle de ces véhicules dont la moitié est signalée au Port de Boma ne concourt pas à une entente cordiale entre le sommet et la base de l’Union sacrée. Elle a suscité et suscitera pendant longtemps des questions sur la vraie nature du don et l’origine des fonds consacrés à l’achat de ces automobiles au profit des élus alors que l’Union sacrée a été présentée comme une révolution destinée à servir le peuple avant tout. Selon «Jeune Afrique», le speaker de la Chambre basse Mboso Nkodia a parlé d’un cadeau du Président de la République. «Nous associons aussi l’opposition pour qu’ils mesurent la grandeur d’âme du Président Tshisekedi, alors que, quand ils partaient à Kingakati, ils ignoraient les autres», a dit Mboso aux députés USN, à en croire «Jeune Afrique».
Même après avoir écouté l’audio en circulation, on entend Mboso demander s’il y a des commentaires autour de ce don. L’Observatoire de la dépense publique -ODEP- a dit considérer ce don comme une corruption à ciel ouvert. «Nous sommes en face d’une corruption à ciel ouvert. Exigeons de l’IGF une enquête sérieuse pour déterminer l’origine des fonds qui ont permis l’achat de ces véhicules», a dit l’Observatoire, faisant part de son indignation. À l’image de l’ODEP, d’autres réactions de condamnation sont enregistrées dans l’opinion. Comme celle de l’ancien ministre Germain Kambinga, qui n’a pas hésité de déterrer le dossier de la requalification de la majorité au Parlement.
«500 jeeps pour les élus, la toile s’emballe. Bon certains pensaient en fait que le renversement de la majorité était gratuit! Mais enfin! Ça c’est rien! Le prix le plus important pour ce genre d’opération c’est la subordination du mandat du PR05 aux caprices des politiciens égoïstes», a-t-il écrit sur Twitter. Côté activistes des droits de l’homme et mouvements citoyens, Lucha et Jean-Claude Katende ont haussé le ton. «Merci au Président de la République @fatshi13, au Premier ministre @LukondeSama et au président de l’AN @CMbosoNkodia pour l’acquisition, conformément au budget voté pour 2021, de ces 500 ambulances et véhicules anti-incendie pour les 146 territoires de notre beau pays», a posté Lucha dans un style moqueur.
«Pourquoi le Président Tshisekedi donne des jeeps aux députés nationaux? D’où vient l’argent qui a acheté ces jeeps? C’était prévu dans quel budget? Cet argent ne pouvait pas être affecté aux problèmes du peuple? L’IGF devrait enquêter sur l’origine de cet argent», a plaidé pour sa part le président de l’ASADHO Jean-Claude Katende. Toujours sur Twitter, l’activiste engagé Berry Muekatone a eu ces commentaires: «Sur quelle ligne budgétaire a-t-on décidé de financer la dépense de l’achat de conscience en octroyant les 4X4 pendant que la famine terrasse la population, surtout les enfants. La corruption jette l’opprobre sur ce régime dépravant avec l’incorrigible jouisseur amnésique».
L’indignation est générale. Nul ne peut faire comme si rien n’était arrivé. Voici que tous ont fustigé la corruption. Selon différents dictionnaires, la corruption -entendue dans son sens strict- désigne le fait pour une personne investie d’une fonction déterminée -publique ou privée- de solliciter ou d’accepter un don ou un avantage quelconque en vue d’accomplir, ou de s’abstenir d’accomplir, un acte entrant dans le cadre de ses fonctions. On distingue la corruption active -fait de proposer le don ou l’avantage quelconque à la personne investie de la fonction déterminée- de la corruption passive -fait, pour la personne investie de la fonction déterminée, d’accepter le don ou l’avantage.
L’annonce faite par Mboso était suivie d’un appel aux députés de l’Union sacrée, priés de défendre la Loi portant réformes de la CENI et de se battre pour défendre leur majorité. Ceci voudrait-il justifier cela? L’enregistrement sonore a-t-il trahi ce qui se tramait dans la discrétion la plus totale? Les questions restent posées alors que les uns et les autres jouent leur honneur. Dimanche sur «TV5», l’artiste musicien Koffi Olomide a accusé les autorités d’avoir ignoré la souffrance du peuple. «La violence la plus cruelle consiste à ignorer le peuple», a asséné le patron du groupe Quartier Latin.
YA KAKESA
