Plusieurs choix s’offrent au Raïs pour la désignation de la personnalité devant conduire le prochain gouvernement de cohésion nationale annoncé avec fracas. Des spéculations vont bon train. Cependant, comme d’habitude, tout reste suspendu au pouvoir discrétionnaire du Président de la République dont la meilleure carte reste le respect strict de la Constitution et la reconduction de l’actuel Premier ministre avec qui il a formé un tandem dont l’action est saluée à l’interne tout comme à l’externe
En annonçant la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale et les missions lui assignées devant les deux chambres du Parlement, le Président de la République a ouvert une brèche qui laisse planer un mystère… Kabila a prolongé le suspense… côté gouvernement. Son annonce le laisse supposer a priori. Au sein de la classe politique tout comme dans l’opinion, des officines cogitent, spéculent, non sans produire des scénarios probables et avancer des noms des potentiels preneurs. Mais à l’analyse, le schéma n’est pas si complexe et ne devrait pas faire jaser autant. Kabila n’est pas dupe. Il sait exactement ce qui est bon pour la Nation et ce qui ne l’est pas. Il sait que les grosses failles, les plus virulentes critiques de l’opinion contre le pays, notamment la mauvaise gouvernance, la corruption et la gestion peu orthodoxe des finances publiques trouvent un début de réponse avec l’actuel gouvernement. Aussi, le Raïs sait-il qu’il est pour lui facile et moins compliqué de reconduire l’actuel PM que d’aller chercher un ange qu’il ne connait pas…
Les spéculations vont bon train. Des noms des candidats futurs primaturables fusent de partout. Mais sur le papier, Matata part encore largement favori. En annonçant la formation d’un gouvernement de cohésion nationale, Kabila n’a pas du tout déclaré la non-réconduction de son Premier ministre.
Au contraire, il reste jusqu’alors la bonne option par rapport à toutes les pistes avancées. D’ores et déjà, il faudra écarter l’idée de voir Kabila nommer un Premier ministre issu de l’Opposition. Selon plusieurs analystes, pour y arriver, il faudra que le Président de la République change absolument la Constitution. Or sur ce point, Kabila s’est montré plus que jamais intransigeant. Bien qu’ayant annoncé un gouvernement de cohésion nationale, il veut bien évoluer sur base des prescrits de la loi fondamentale. Donc, le futur PM sera de la famille politique du Chef de l’Etat.
Pour préserver la logique des Concertations tel qu’avancé par le Président dans son discours, d’autres personnes évoquent même l’arrivée à la Primature d’Aubin Minaku, speaker de l’Assemblée nationale, secrétaire général de la MP et l’un des membres du présidium des Concertions. L’option parait peu probable. «Minaku a déjà un rôle majeur à jouer qu’intégrer le gouvernement», fait-on savoir.
N’est-ce pas que dans son adresse Kabila a chargé Minaku, Kengo et les autres responsables des groupes thématiques des Concertations de veiller sur la structure qui sera chargé du suivi de l’application des recommandations des Concertations nationales? Comment Minaku pourra-t-il être juge et partie?
Inquiétudes d’une bonne frange de la population et des partenaires sensibles aux thèmes et débats économiques
Reste la donne Matata. Les détracteurs du PM ne lui reprochent rien d’autre que le fait d’être technocrate, donc peu politique. Ils oublient que nulle part au monde, aucun régime n’a jamais formé un gouvernement 100% politique. A moins que ça soit une invention RD-congolaise. Il faut toujours une bonne dose d’équilibre entre politiques et technocrates. Or, Matata a des résultats qui plaident en sa faveur. Rien n’empêche qu’il poursuive sur sa lancée mais tout en étant à la tête d’une équipe dominée par les politiques.
Les propos des tenants de cette thèse traduisent les inquiétudes d’une bonne frange de la population et des partenaires sensibles aux thèmes et débats économiques, terrain sur lequel le duo Kabila-Matata a marqué des points incontestables ces derniers mois. Certes, les réformes de l’Etat impliquent beaucoup de partenaires, mais plus on compte ces derniers, plus le risque est grand d’une politique peu claire. C’est l’une des faiblesses du gouvernement 1+4. De tous ces points de vue et pour l’heure, Matata passe pour la bonne option stratégique pour le Président de la République.
Les opposants et autres compatriotes désireux de servir le pays pourraient postuler ailleurs, dans les nouvelles institutions comme la Cour constitutionnelle, le Conseil économique et social ou encore le Conseil d’Etat où sont pressentis Kengo et Kiakwama, tous donnés au départ comme successeurs de Mapon.
Hormis les sociétaires de la MP, ceux de l’Opposition et de la Société civile qui croient désormais en Kabila pourraient également afficher leurs ambitions pour les postes de conseiller spécial chargé d’assurer le monitoring de l’évolution du patrimoine, de la corruption et de l’enrichissement illicite des responsables politiques, des hauts fonctionnaires, des mandataires publics et autres agents de l’Etat ou du Représentant du Président de la République pour la promotion de la lutte contre la violence et le recrutement des enfants dans les groupes armés. C’est aussi cela l’ouverture ou la cohésion nationale. Au finish, ce qui importe pour Kabila, ce sont les résultats.
Achille KADIMA MULAMBA
Henry MBUYI KABEYA