Seule compétente pour élaborer et publier le calendrier électoral, la CENI n’entend pas laisser le dialogue, fût-il politique et national, empiéter sur ses prérogatives constitutionnelles.
Son président, Corneille Nangaa, déterminé à éclairer l’opinion, l’a répété aux patrons des médias réunis le samedi 24 septembre 2016 à Kempisky Hôtel du fleuve, affirmant qu’il se limiterait à fournir une date possible au dialogue et laisse à la plénière de la CENI, légalement habilitée, la tâche de rendre public le calendrier électoral
Le dialogue politique est au point mort. Son aboutissement heureux est suspendu à la signature de l’accord politique appelé à permettre à la Commission électorale nationale indépendante -CENI- de publier un calendrier électoral consensuel.
Problème: la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- a suspendu sa participation aux travaux le 21 septembre 2016, entraînant dans son sillage 13 autres organisations de la Société civile.
Plusieurs mobiles sont à la base du départ des catholiques. D’une part, le devoir moral d’honorer la mémoire des compatriotes tués lors des manifestations convoquées les 19 et 20 septembre 2016 par le Rassemblement pour protester contre la non convocation du corps électoral.
D’autre part, l’exigence de la fixation claire des dates de la présidentielle et de passation des pouvoirs ainsi que l’avenir du Président Kabila, contraint de ne pas être candidat, dans l’accord politique dont le facilitateur Edem Kodjo a distribué le projet le 23 septembre 2016. L’Opposition politique qui participe au dialogue conditionne également sa signature à ces préalables.
Travail en synergie avec l’OIF, l’ONU, le PNUD et la MONUSCO
Seule compétente pour élaborer et publier le calendrier électoral, la CENI n’entend pas laisser le dialogue, fût-il politique et national, empiéter sur ses prérogatives constitutionnelles.
Son président, Corneille Nangaa, déterminé à lever les doutes de ceux qui en ont encore, l’a répété aux patrons des médias réunis le samedi 24 septembre 2016 à Kempisky Hôtel du fleuve, affirmant qu’il se limiterait à fournir une date possible aux participants au dialogue et à la plénière, légalement habilitée, la tâche de rendre public le calendrier électoral.
«On veut politiser la publication du calendrier électoral, une des prérogatives constitutionnelles de la CENI», alerte Nangaa, convaincu que seule la transparence demeure le gage de confiance.
En fait de transparence, le président de la CENI affirme avoir travaillé avec les experts maisons, ceux de l’Organisation internationale de la francophonie -OIF-, de l’Organisation des Nations unies -ONU-, du Programme des Nations unies pour le développement -PNUD- et de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo -MONUSCO.
La CENI aux prises avec un casse-tête logistique
Selon nos informations confirmées par Corneille Nangaa, de ce travail, une restitution a été faite au facilitateur du dialogue Edem Kodjo, entouré de deux co-modérateurs, Alexis Thambwe Mwamba et Vital Kamerhe, en présence de l’ancien vice-président de la République Azarias Ruberwa, du directeur de cabinet du Chef de l’Etat Néhémie Mwilanya, des membres de l’Opposition Samy Badibanga, José Makila, Jean-Lucien Bussa ainsi que des délégués de la CENCO et de la Société civile. Tous se sont accordés pour la séquence présidentielle, législatives nationales et provinciales le même jour et, éventuellement, avec les locales si les moyens financiers et logistiques le permettent.
En réalité, cette option met la CENI aux prises avec un casse-tête logistique qui doit obligatoirement être porté à la connaissance de l’opinion afin de l’épargner de la spéculation et l’intoxication et que tout compatriote animé d’esprit républicain se doit objectivement regarder.
Raison fondamentale: «Nous n’aurons pas de scrutins si nous ne faisons pas ce qu’il y a lieu de faire. Laissez-nous construire les bonnes élections», plaide Nangaa.
Le président de la CENI insiste sur les éléments indispensables à la publication du calendrier après la clôture totale de la révision du fichier électoral.
Outre la répartition des sièges par circonscription, la convocation des électeurs et l’inscription des candidats ainsi que le recrutement et la formation du personnel électoral, la CENI projette d’enregistrer 28.517 candidats députés nationaux, 64.517 candidats députés provinciaux et 28 candidats à l’élection présidentielle.
Recours aux transporteurs aériens étrangers pour l’acheminement du matériel électoral
La CENI envisage de commander 179,9 millions de bulletins de vote; 415.822 urnes; 693.037 isoloirs et 4,2 millions de fiches, PV de vote et PV de dépouillement.
Le découpage électoral prévoit plus de 100.000 bureaux de vote ainsi que l’acheminement de 23.124 tonnes de matériel électoral dans les 26 provinces du deuxième pays le plus vaste de l’Afrique, qui compte environ 80 millions d’habitants. Ce qui implique entre 11.012 et 21.022 rotations par hélicoptère ou entre 771 et 2.891 rotations par avion dans un pays dépourvu de compagnies aériennes et dont l’opérateur public ne dispose que de deux moyens courriers et un court-courrier opérationnels.
Nangaa est formel. Ce projet est un chemin critique, une série de tâches qui impose la date de fin du projet. Clair que si une tâche sur ce chemin se déplace ou n’est pas respectée, la date de fin du projet se déplace également. Des calculs. Et dire que ce chemin comporte des tâches toutes aussi critiques, qui ne peuvent être retardées au risque d’affecter la date finale.
Visiblement, un tel challenge nécessite l’implication de toute la communauté et n’autorise pas les états d’âme.
Cependant, sur son compte Twitter, l’ex Secrétaire général adjoint de l’UNC, le député national Claudel Lubaya, estime que «toutes ces étapes relèvent d’un verbiage creux destiné à nous imposer le glissement par des formules bidon». Un petit arrêt s’impose. Une réflexion objective aussi.
Dans les milieux des transporteurs aériens, certains opérateurs donnent des contributions concrètes présumées réduire les délais d’acheminement des tonnes de matériel électoral.
Le tout est fonction d’aéronefs affrétés pour en assurer le transport. Comme il s’agit d’un domaine purement technique et logistique où la politique et les humeurs n’ont pas de place, la CENI ne peut que recourir aux transporteurs aériens étrangers pour effectuer toutes ces rotations.
Pour certains, les équipes mobiles du ministère de la Santé connaissent bien le terrain
Un jumbo jet full cargo peut transporter jusqu’à 100 tonnes de fret. A ce jour, seuls les aéroports de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Kamina, Kitona, Gbadolite sont équipés pour recevoir ce type de gros porteurs. Les DC-8 full cargo, B.767, B.757, Airbus A330 avec une charge moyenne autour de 40 tonnes sont en mesure de desservir les mêmes aéroports.
Les moyens courriers, dont la charge marchande oscille autour de 15-20 tonnes de fret, se poseront sans encombre sur les pistes des aéroports des anciennes provinces tels que Mbuji-Mayi, Goma, Kindu, Isiro, Bunia, Mbandaka, Gemena, Kalemie, Bukavu, Kananga, etc. Pour le reste, les avions courts courriers ainsi que les hélicoptères prendront le relais sans oublier les moyens de transport de surface.
Quant aux opérations d’enrôlement, certains observateurs recommandent au président de la CENI de prendre langue avec le ministre de la Santé dont les équipes mobiles connaissent la cartographie non seulement de la ville-province de Kinshasa, mais aussi des principales villes des provinces de l’intérieur du pays pour y avoir effectué plusieurs descentes en vue de procéder à la vaccination de la population et à la remise des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Ces opérations d’identification de la population n’ont pas pris, selon eux, plus d’un mois.
Recours à l’expertise des CEVB de l’Eglise catholique
Parmi les structures les mieux outillées en matière d’évaluation de la population et qui peuvent venir en appui aux équipes de la CENI figure le réseau des chrétiens catholiques.
A travers les communautés ecclésiales vivantes de base -CEVB- l’Eglise catholique dispose des données fiables sur le nombre d’habitants de toutes les communes de Kinshasa, même dans les coins les plus reculés. Partie prenante à l’organisation de bonnes élections, la CENCO ne peut que saisir la balle au bond pour apporter son expertise en cette matière.
Les pistes de solution abondent pour alléger la tâche de la CENI.
Avant son retour mouvementé aux USA, Tom Periello, envoyé spécial du président américain Obama dans la région des Grands Lacs, a laissé entendre qu’il se chargeait de réunir rapidement 50 millions USD en vue de la fourniture des kits nécessaires aux opérations d’enrôlement et de vote de manière à réduire significativement les délais requis pour l’organisation de bonnes élections, apprend-on.
Aux dernières nouvelles, la CENI ambitionne de convoquer le corps électoral en 2017 pendant que la classe politique continue de s’empoigner et la Communauté internationale appelle à la tenue des scrutins dans un délai raisonnable.
AKM
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