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RDC: Ce contrat à 63,5 millions de dollars fait jaser à l’Institut géographique du Congo!

Samedi 22 avril 2022. Un député provincial de Kinshasa dénonce, dans une vidéo, la vente du siège de l’Institut géographique du Congo -IGC. Très remonté, l’élu évoque le danger que court le pays alors que le Rwanda lui conteste une partie de son territoire, surtout que, vendredi, des engins ont envahi les installations de l’IGC, où sont gardées diverses archives, notamment celles des frontières nationales.

Le même jour, le professeur Kabasele, ancien DG de l’IGC, publie un long texte dans les réseaux sociaux renforçant les informations du député provincial et demandant si la France peut vendre l’IGN et les États-Unis la NASA. Une autre vidéo mise en circulation montre des agents tapis dans des bureaux en train de filmer l’entrée de ces véhicules envoyés, selon eux, par le groupe indien Sokerico SARL et escortés par les agents de la Police nationale. Des sources accusent cette société d’avoir mis la Justice et le bureau du Conseiller spécial en matière de sécurité du Chef de l’Etat aux trousses du Directeur général ai de l’IGC, Eric Misilu, «traqué pour s’être opposé à l’exécution du contrat signé entre les deux parties en novembre 2021, sous l’encadrement de la tutelle, représentée par l’ancien ministre de la Recherche scientifique José Mpanda Kabangu».

En réaction aux dires de ces agents et à la sortie du député provincial kinois, les services de communication de José Mpanda, désormais passé à l’Agriculture, font savoir qu’il s’agit d’un contrat régulièrement conclu dans le cadre du partenariat public-privé, décidé par le gouvernement au conseil des ministres du 18 mars 2022 en vue de moderniser les centres et instituts de recherche relevant du ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique. Selon les termes dudit contrat, poursuivent les services du ministre Mpanda, la société Sokerico va construire un immeuble R+7 avec parking sous-terrain devant abriter non seulement tous les services de l’IGC, mais aussi les autres instituts et centres de recherche en souffrance des locaux.

«Ça sera donc la Cité de la science. En contrepartie, la société Sokerico va ériger un immeuble R+11 avec deux parkings sous-sol et une galette de R+3 contenant un mall plus une tour administrative de 8 étages. Pendant l’exploitation de cet immeuble, un pourcentage déterminé sur les loyers reviendra à l’IGC qui deviendra propriétaire exclusif de cet immeuble après l’échéance convenue. Il n’y a donc ni vente, ni spoliation de la concession de l’IGC comme les réfractaires à la rénovation et l’innovation veulent le faire croire à l’opinion, mais plutôt une location pour un certain temps. Et toutes les procédures de passation de marché ont été respectées», précisent-ils.

Contradictions et accusations mutuelles

Mais, ce deal à 63,5 millions de dollars d’une durée de 25 ans avec possibilité de reconduction est à l’origine d’une bataille féroce basée sur des contradictions graves et des accusations mutuelles entre la partie Eric Misilu et le camp de José Mpanda. «Les Indiens ont dit qu’ils vont construire un immeuble de sept niveaux avec deux sous-sol. On n’a jamais vu un tel plan. Ils ont plutôt produit un plan avec six niveaux que nos services compétents ont rejeté. Ils n’ont jamais produit la note des calculs. La seule chose qu’ils ont réalisée c’est le paiement de 17.500 dollars le mois depuis décembre 2022 en guise de subvention contre 40.000 dollars que l’IGC gagnait par mois via les contrats signés avec ses anciens locataires. L’Etat ne nous subventionne pas. Les 17.500 dollars nous ont été imposés par le ministre sortant de la Recherche scientifique José Mpanda pendant la Commission, pour les intérêts de ses Indiens qui l’appellent mentor. Je suis prêt à l’affronter sur les faits que j’évoque parce que j’ai les preuves y relatives», a confié Trica Salakiaku, chargé des missions et des questions juridiques du DG de l’IGC.

Et d’ajouter: «Pendant les travaux en commission, le ministre Mpanda n’a pas arrêté de citer le nom du Chef de l’Etat pour obtenir la signature de ce contrat. Il menaçait le DG en disant c’est un projet du Chef de l’Etat, tout en l’accusant de blocage. Ce contrat n’a aucune valeur juridique parce qu’il n’a jamais reçu l’Avis de non objection et le DG l’a signé sous réserve».

Les services de communication de Mpanda, revenant à la charge, brandissent un courrier du Directeur général de la Direction générale du contrôle des marchés publics -DGCMP- daté du 21 décembre 2022, adressé au ministre Mpanda et portant sur un «Avis de non objection» -ANO- au projet de contrat «à signer» entre l’IGC et Sokerico Sarl au coût d’investissement de 63,5 millions de dollars.

Sur cet ANO, le chargé des missions Trica Salakiaku trouve à redire et repasse à l’offensive. «Notez ce détail dans la lettre de la DGCMP: elle dit ‘à signer’. Ça prouve que le ministre Mpanda a tripoté avec la procédure et a fait l’opération inverse parce que la signature a eu lieu avant la demande de l’Avis de non objection. Où est le contrat avec ANO? Il est donc clair que le DG Eric Misilu a raison. Parce que ses services de communication nous exhibent le contrat signé avec ANO ça veut tout simplement dire que le ministre Mpanda a falsifié la signature du DG dans le contrat signé le 20 novembre 2022 et si tel est le cas nous allons saisir les instances judiciaires pour faux et usage de faux en écriture et de signature», rétorque-t-il. 

Puis: «L’équipe de communication du ministre José Mpanda, ex-patron de la Recherche scientifique, pourra peut-être balancer la vidéo de ce contrat avec ANO qui n’existe que dans l’esprit des fanatiques. Le contrat a été signé le 20 novembre 2021 et la lettre de l’Avis de non objection que le ministre Mpanda brandit, qui n’est pas l’ANO, date du 21 décembre 2021, soit un mois plus tard. C’est une irrégularité. L’Avis de non objection doit logiquement précéder la signature du contrat. Voilà qui prouve les irrégularités dénoncées par l’IGC et les réserves émises par notre Directeur général».

Pour sa part, José Mpanda, approché dimanche au téléphone, incrimine Eric Misilu, accusé de rébellion pour n’avoir pas obtenu 1 million de dollars de rétrocommission comme il le réclamait. Ça tire de partout et ça fait sentir mauvais.

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