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RDC : Les consultés mettent Tshisekedi devant ses responsabilités

Favorables au changement de la gouvernance en RD-Congo, les forces sociopolitiques les plus représentatives ayant rencontré le Chef de l’Etat appuient son initiative

Depuis le début des consultations, le 2 novembre 2020, les forces sociopolitiques qui défilent devant le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo sont toutes unanimes quant au changement de la gouvernance au pays, mettant l’accent sur le respect de la Constitution et l’amélioration des conditions de vie de la population engloutie dans la misère sans précédent. Dans cette optique, le Président de la République a poursuivi, lundi 9 novembre au Palais de la Nation, la série de consultations des personnalités et groupes politiques. Les consultés ont tous salué la démarche entreprise par Félix-Antoine Tshisekedi en vue de l’Union sacrée pour la Nation.

Rompre avec le passé

Le Dr. Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, a échangé le même lundi avec le Chef de l’État. Selon lui, pour sortir le pays de la situation de crise actuelle, il faut absolumentque «nos dirigeants fassent une rupture avec les antivaleurs qui caractérisent aujourd’hui notre pays». «Question de rompre avec des pratiques de corruption, avec le système de gouvernance qui a conduit notre pays dans le chaos et surtout rompre avec toutes les personnes qui ont commis des crimes, des violations graves des droits humains, des crimes de sang et également des crimes économiques», a-t-il dit.

Ce Médecin directeur de l’Hôpital de Panzi à Bukavu s’occupant de la prise en charge des femmes victimes des atrocités de groupes armés opérant dans l’Est de la RD-Congo, est d’avis que ces crimes ne peuvent pas rester impunis, étant donné que les criminels continuent à insécuriser l’Est de notre pays. «Il faut lutter contre l’impunité par la mise en œuvre des recommandations du Rapport Mapping», a-t-il suggéré au Chef de l’Etat, estimant que le Président de la République doit s’impliquer personnellement, en tant que porte-flambeau de cette lutte contre l’impunité, spécialement en demandant au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de s’adresser au Conseil de sécurité pour la création d’un Tribunal pénal international pour la RD-Congo.

Le Prix Nobel de la paix RD-congolais a confié à la presse qu’il a proposé au Chef de l’État de «procéder aux réformes institutionnelles, sans lesquelles le pays ne décollera pas du tout». Puis: «Il faut des réformes profondes, courageuses et ambitieuses qui feront que nous ayons une armée, une police et des services de renseignement tout à fait apolitiques et professionnels. De même que la CENI et la justice doivent être apolitiques».

L’Eglise toujours aux côtés de ceux qui souffrent 

Pour sa part, Mgr Marcel Utembi, Archevêque de Kisangani et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO-, conduisant la délégation des représentants de l’Église catholique auprès du Chef de l’Etat, a noté que l’entretien était franc et cordial autour des préoccupations que le Président de la République avait formulées lors de son adresse à la Nation, le 23 octobre dernier. Selon ses propres dires, ils ont remercié le Chef de l’État d’avoir pensé à la CENCO comme une institution pouvant donner sa contribution dans la recherche des voies et moyens de sortir le pays de la crise que connaît actuellement la RD-Congo. «L’Eglise a toujours été aux côtés de tous ceux qui concourent au bien-être de l’homme, que ça soit au niveau politique ou religieux», a-t-il rappelé, soulignant qu’ils ont confié au Président de la République «un mémo contenant toutes leurs analyses et réflexions qu’il peut exploiter».

Ambongo rappelle la misère du peuple

Membre de la délégation de la CENCO, le Cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque de Kinshasa, a été reçu en aparté par le Président Tshisekedi. Habitué à s’exprimer, il a confié à la presse qu’il a fait savoir au Président de la République «la situation dramatique que vit le peuple». «La population attend beaucoup de ces consultations qui ne doivent pas être un énième rendez-vous, à l’issue duquel les RD-Congolais continueraient à souffrir», a-t-il déclaré. Puis: «On attend beaucoup de ces consultations à l’issue desquelles les conditions de vie des RD-Congolais doivent changer». Le Cardinal Ambongo a affirmé avoir remercié le Président Tshisekedi pour l’initiative qu’il a prise.

Le CACH plaide en faveur d’une nouvelle coalition 

De son côté, le sénateur Célestin Vunabandi Kanyamihigo, porte-voix d’une délégation de 18 sénateurs se réclamant du Cap pour le changement -CACH-, a indiqué qu’ils sont venus se joindre à l’action du Chef de l’État pour la création d’une Union sacrée de la Nation. «Il s’agit d’apporter notre soutien au Président de la République parce que l’annonce qu’il avait faite à la Nation dans son discours du 23 octobre dernier est salvatrice pour toute la nation. Il est donc important qu’une nouvelle coalition puisse se dégager pour l’accompagner dans sa vision qui est centrée sur son slogan, ‘’le peuple d’abord’’», a-t-il déclaré à la presse.

Sanctionner les présumés criminels économiques

Consulté en tant que personnalité politique, Jean-Bertrand Ewanga a fait savoir que la création de l’Union sacrée de la Nation est «un schéma libérateur» parce que le FCC n’a fourni aucun effort pour améliorer les conditions socio-économiques du pays. «Le bilan du FCC est largement négatif, raison pour laquelle les RD-Congolais doivent avoir le courage patriotique pour leur dire non», a indiqué Ewanga, acteur politique de Basankusu. Puis: «Les membres du FCC cherchent à s’accrocher sur les épaules du Président Félix-Antoine Tshisekedi que le peuple soutient, pour chercher à ternir son image. Nous pensons que tous les criminels économiques et des droits de l’homme doivent aller en prison». Selon lui, il ne s’agit pas d’une vengeance mais plutôt d’une question de logique.

Autre temps, autres mœurs

Florentin Mokonda Bonza, ancien directeur de cabinet du Maréchal Mobutu, dit avoir conseillé le Président de la République de rompre carrément avec l’ancien système. «Un système des prédateurs et de corruption qui veut prendre le peuple en otage», a-t-il fustigé. Pour ce dignitaire de Haut-Uélé, «un accord ne peut pas être au-dessus de la Constitution. C’est donc cet accord qui est à la base de tous les blocages que nous vous connaissons et qui fait que les institutions ne puissent fonctionner». A l’issue de ces consultations, Félix Tshisekedi va s’adresser à la nation. Il dit l’exclure «aucun cas de figure».

Octave MUKENDI

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