Des proches parents de certains responsables de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- ont présenté leurs candidatures aux législatives nationales de décembre 2023. Ils ont ainsi foulé aux pieds certaines dispositions légales qui interdisent aux membres de la CENI de faire aligner leurs proches parents aux élections en RD-Congo pendant l’exercice de leur mandat. Cette dénonciation est portée par la Commission africaine pour la supervision des élections -CASE-, qui déplore une «coterie familiale» de la part de ces collaborateurs de Denis Kadima.
A travers la République, les opérations de dépôt de candidature pour les législatives nationales ont officiellement pris fin le dimanche 23 juillet dernier. Officiellement, aucune liste, quoi que provisoire, n’a été publiée jusqu’alors. Cependant, la CASE, dans sa déclaration du 24 juillet, a nommément cité le «questeur de la CENI, Agée Matembo Toto, qui aligne femme et enfants dans la course à la députation nationale au Lualaba; Roger Bimwala, membre de la plénière, dont le fils est candidat aux législatives nationales; Didi Manara, 2ème vice-président de la CENI, dont la femme est candidate au Maniema; Joséphine Ngalula, membre de la plénière, dont les enfants sont répertoriés parmi les candidats et Mabiku Totokani, secrétaire exécutif national, dont plusieurs membres de famille ont été positionnés».
De l’avis de la CASE, ce «laxisme» de la part de l’équipe Kadima «jette un discrédit honteux sur le prestige de la gouvernance électorale», non sans «étaler de flagrants conflits d’intérêts» et d’entamer sur «l’impartialité et la neutralité» exigées de chaque membre de la Centrale électorale par des dispositions légales en vigueur. Notamment par l’article 20 de la Loi organique de la CENI. Cet article, qui reprend le texte du serment prêté par les membres de la CENI avant d’entrer en fonction, leur impose notamment de «n’exercer aucune activité susceptible de nuire à l’indépendance, à la neutralité, à la transparence et à l’impartialité de la Commission électorale nationale indépendante».
Le code de bonne conduite, une des composantes du Règlement intérieur de la CENI, renchérit, par le contenu de ses articles 9 et 10, en interdisant formellement aux autorités de la centrale électorale «de se placer dans une situation où leur intérêt personnel peut influencer leur indépendance et leur neutralité dans l’exercice de leur fonction». Voici qu’en faisant aligner leurs proches parents, «nuitamment improvisés politiciens», la CENI de Kadima qui peine à faire unanimité au sein de la classe politique et à inspirer confiance, s’est entrainée, «volontiers», dans une situation de conflit d’intérêt, assénant au processus électoral un énième coup de massue susceptible de renforcer les suspicions sur sa «détermination» à organiser des «élections chaotiques», en plus de «projeter une odeur fécale au processus».
«La CASE s’étonne que Denis Kadima soit frigorifiquement insensible aux intempéries politiques et à toutes les observations émises à son encontre aussi bien par la Société civile que par les partis politiques. La confiscation du processus électoral par la coterie familiale des membres de la CENI énerve à la fois l’éthique et la déontologie électorale en RD-Congo», a relevé cette organisation de la Société civile, avant d’alerter sur le «cas des fonctionnaires et mandataires actifs dans les établissements publics ou entreprises publiques dont les dossiers de candidature ont été tolérés par la CENI sans aucune preuve de leur mise en disponibilité acceptée par leurs hiérarchies respectives». Elle considère que cette façon de faire de l’équipe Kadima est un «brigandage électoral» ainsi qu’une «regrettable ânerie».
YA KAKESA