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«Le fait d’être candidat à l’élection présidentielle ne constitue nullement un crime», rugit Delly Sesanga, agressé samedi à son arrivée à Kananga

«Apprenant l’agression dont a été victime le député Delly Sesanga à Kananga, je lui exprime toute ma solidarité, ainsi qu’aux journalistes également ciblés dans son convoi. De telles violences sont inacceptables dans le débat démocratique et doivent être fermement condamnées», a twitté l’ambassadeur de l’Union européenne en RD-Congo, Jean-Marc Châtaigner

Président national du parti politique Envol et candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023, le député Delly Sesanga a été accueilli à froid dans sa province d’origine du Kasaï-Central. Samedi 29 juillet, alors qu’il venait d’atterrir à Kananga pour communier avec sa base dans le cadre de la deuxième phase de la tournée de la refondation, le président d’Envol et sa délégation ont été victimes d’une attaque avec des pierres par des jeunes se réclamant du parti au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- qui, par la suite, se sont affrontés contre les militants d’Envol venus accueillir leur leader.

«Le bilan provisoire fait état de 12 blessés dont le président Delly Sesanga ainsi que 10 véhicules endommagés», rapporte le parti Envol dans son communiqué de presse du même samedi 29 juillet. Envol accuse le ministre provincial de l’Intérieur du Kasaï-Central d’être à l’origine de cette machination, du fait qu’il a interdit à Delly Sesanga de tenir son meeting dans la ville de Kananga, au motif que cet opposant se montre très critique envers le pouvoir mais surtout face au Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi.

«Tout commence par un jeu de ping-pong inexplicable de correspondances autour du droit et liberté de manifester et de tenir un meeting dans la ville de Kananga. La maire de la ville avait reçu la lettre d’information concernant l’arrivée de l’honorable Sesanga et la tenue de son meeting au terrain Mukenge Shabantu. En violation flagrante de la Constitution qui édicte le principe d’information à l’autorité locale pour l’organisation de manifestations publiques, et visiblement après avoir été instruite par sa hiérarchie, a invité le coordonnateur d’Envol du Kasaï-Central, l’honorable Georges Kamwanga, d’adresser une lettre au gouverneur de province. Ce dernier a, à son tour, instruit le ministre provincial de l’Intérieur d’entrer en contact avec les organisateurs. Celui-ci décide d’interdire la tenue du meeting, au motif que le candidat Delly Sesanga serait trop critique par rapport au pouvoir et vis-à-vis du Chef de l’État», explique le porte-parole d’Envol dans son communiqué de presse.

Et de poursuivre: «au regard de la détermination des cadres et militants d’Envol à réserver un accueil digne à un fils du terroir qui fait l’honneur du pays par la force et la profondeur de sa vision pour la nation, en plus de ses nombreuses interventions de taille dans la vie sociale de la population de cette région, les partisans du parti au pouvoir ont décidé de barricader toutes les routes qui mènent à l’aéroport, en y brûlant des pneus avec d’autres formes d’obstacles placés le long de la route. Mais ils n’ont pas réussi à dissuader tout le monde. Il s’en est suivi des échauffourées entre les militants d’Envol et les jeunes se réclamant de l’UDPS qui s’attaquaient systématiquement à tous ceux qu’ils rencontraient avec les insignes d’Envol».

Tout en prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, le parti Envol condamne cette «barbarie» qui résulte, selon lui, de la volonté du régime à soustraire la démocratie du principe de débat et de la recherche d’une vision pour l’amélioration des conditions de vie des populations RD-congolaises. Droit dans ses bottes, le parti de Delly Sesanga rassure qu’aucune forme d’intimidation ne saurait arrêter la détermination de ses cadres et de son président national. «Il s’agit là de l’agissement d’un pouvoir désespéré et finissant de Félix Tshisekedi qui, faute d’un bilan à présenter au peuple, face au désenchantement total de nos populations, à la suite de nombreuses promesses non tenues, choisit la voie de la terreur et  de la violence par l’instrumentalisation des jeunes, les mêmes à qui il n’a rien apporté, ni emploi, ni encadrement en cinq ans de pouvoir», indique ce communiqué.

Au cours de son point de presse tenu dimanche à Kananga, Delly Sesanga a indiqué que la tenue régulière des élections fait partie des rituels normaux dans le cadre d’une démocratie et que la liberté de chacun est de mise. «Je peux très bien comprendre que Félix Tshisekedi qui a dit à Mbuji-Maji qu’il réprimerait sans égards aux droits de l’homme, ait par son discours donné une licence à ses partisans de s’en prendre par la violence à ceux qui ont un discours différent. Mais le Président Tshisekedi ne doit pas oublier qu’il est un citoyen comme tous les autres. Et que notre Constitution érigée en haute trahison le fait de vouloir imposer sur l’étendue du pays un pouvoir unique qui serait une marche en arrière», a-t-il déclaré.

Et de préciser: «aujourd’hui, à vouloir trop faire du Kasaï une zone à part, le Kasaï n’est pas un pays, le Kasaï est une province. Je suis élu de cette ville de Kananga comme député provincial, je suis élu dans cette province dans le territoire de Luiza comme député national. J’ai donc la mission christique de défendre les intérêts de mon peuple, de mes électeurs, de la population RD-congolaise tout entière et de ceux des circonscriptions qui m’ont élu. Je peux dire aujourd’hui à l’opinion nationale et internationale que ce peuple souffre… Il n’y a pas d’emplois, il n’y a pas de relance agricole, il n’y a pas de routes. Et donc face à tout cela, la population du Kasaï a démontré qu’elle n’est plus dupe et qu’elle ne recule pas devant les intimidations, devant les violences, qui sont orchestrées par le pouvoir».

Parlant de la violence dont il a été victime, l’opposant Delly Sessanga s’est exprimé en ces termes: «les violences dont nous sommes victimes sont orchestrées par les pouvoirs publics, en vue de réduire au silence un peuple à qui ce pouvoir n’a rien eu à donner pendant cinq ans, en dépit de ce que le Kasaï-Central, le Kasaï-Occidental ont voté à plus de 98% pour Félix Tshisekedi lors de la dernière élection. Et donc nous sommes là pour assurer la défense des intérêts des RD-Congolais, nous ne récurerons devant rien: ni la violence, ni la force qu’ils utilisent indûment ne nous fera reculer». Le président national d’Envol a souligné que le fait d’être candidat à l’élection présidentielle ne constitue nullement un crime. «Nous avons le droit de dire aux RD-Congolais ce que nous pensons de ce pouvoir et de la nécessité qu’il y a à avoir une alternance», a-t-il conclu.

Refusant de courber l’échine, le parti Envol appelle le peuple RD-congolais à rester mobilisés et déterminés à tout mettre en œuvre pour empêcher la fraude électorale et imposer le changement politique avec un vrai projet de société. L’ambassadeur de l’Union européenne en RD-Congo a, lui aussi, condamné cette violence physique dont a été victime l’opposant Delly Sesanga à Kananga. «Apprenant l’agression dont a été victime @DSESANGA à Kananga, je lui exprime toute ma solidarité, ainsi qu’aux journalistes également ciblés dans son convoi. De telles violences sont inacceptables dans le débat démocratique et doivent être fermement condamnées», a-t-il twitté.

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