Ravins par-ci, bourbiers par-là, aucun véhicule ne peut, aujourd’hui, partir de Bulungu pour Kikwit ou Kinshasa. La situation perturbe l’évacuation des produits vers les grands centres de consommation et risque de rendre hypothétiques les prochaines élections dans cette partie du pays…
Le territoire de Bulungu, l’ancien chef-lieu de l’ancien district du Kwilu et l’un des principaux greniers de la capitale, Kinshasa, est coupé du monde. Longue de 108 kilomètres, la route qui le relie à Kikwit et au reste du pays, est à l’abandon. Elle est devenue impraticable et menacée par des ravins. Le tronçon Kasaï-Bulungu qui faisait office de voie palliative, est aussi en piteux état. Ces derniers jours, aucun véhicule ne peut quitter Bulungu pour la ville de Kikwit et vice-versa sans dégât. Cette situation n’épargne pas non plus les élèves qui ne savent pas quoi faire pour se rendre à l’école.
D’aucuns se demandent si ces futurs cadres du pays vont être les bénéficiaires de la gratuité de l’enseignement de base mise en application par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. D’autres craignent que l’état de cette route ait un impact négatif sur le déroulement de prochaines élections. Entre Kikwit et Bulungu, des voix s’élèvent désormais pour demander l’implication du Caucus des députés nationaux de Bulungu, pas pour réhabiliter ou reconstruire la route étant donné que ce n’est pas leur travail mais pour entreprendre un lobbying intense auprès du Cabinet des Infrastructures, de l’Office des routes et du FONER. En même temps que les sept élus locaux, les usagers de cette voie d’évacuation vers les grands centres de consommation interpellent le gouvernement de la République dirigé par le Premier ministre Sama Lukonde, rappelant que la route Bulungu-Kikwit figurait dans le programme d’urgence des 100 jours du Président de la République.
Les dernières images en date prises par les correspondants locaux d’«AfricaNews» montrent des bus embourbés. «Ces bus ont tenté de prendre le raccourci entre Kasaï et Bulungu. Mais compte tenue de la situation de la route, restée en terre battue depuis des lustres, et avec le retour des pluies, ils ont connu une série d’embourbements», a rapporté jeudi un témoin disant que Dieu seul connait la date de leur probable arrivée surtout que parcourir ces 108 kilomètres s’avère actuellement un calvaire, affirmant qu’aujourd’hui, aucun véhicule ne peut partir de Bulungu pour Kikwit ou pour Kinshasa à cause de cette situation à la base de la rupture de l’interconnexion entre différents coins du territoire et la capitale. Il y a donc urgence. En juillet dernier, l’administrateur du territoire de Bulungu, Bernardin Mwankimi, a entrepris de sonner l’alerte. Près de 4 mois après, rien n’y a fait.
«La route est considérée comme une fenêtre d’opportunités qui s’ouvre et facilite le déplacement des personnes, des produits et des services. Les routes de desserte agricole sont totalement impraticables et menacées par des têtes d’érosions», a-t-il déclaré. Pour ce représentant de l’Etat, «la lutte contre la pauvreté de la population RD-congolaise passerait à coup sûr par le rétablissement des infrastructures de transports nécessaires pour la relance socioéconomique et faciliter l’accès aux marchés».
Ravins par-ci, bourbiers par-là, l’état des routes dans le territoire de Bulungu est vraiment déplorable. «Toutes les sorties et les entrées du territoire posent des problèmes. Le tronçon Bulungu-Langa pose des problèmes, le lac Mikasa, la montagne de Sowa, donc partout là, pour sortir vraiment, ça pose des problèmes. Nous prenons encore le tronçon Bulungu-Camp Bulungu, ça pose toujours des problèmes, c’est-à-dire qu’il y a des érosions», a ajouté l’administrateur. «Il y a une conséquence parce que la route est complètement abîmée. Comment les paisibles citoyens peuvent sortir leurs produits agricoles pour ramener ça aux centres de consommation. Ça pose un problème», s’est-il préoccupé, précisant que Bulungu nourrit Kikwit et Kinshasa ainsi que d’autres coins du pays avec des produits agricoles tels que le manioc, les arachides, la courge, ou encore le maïs. Alors que les choses s’empirent avec les pluies diluviennes et leurs conséquences, l’administrateur du territoire, Bernardin Mwankimi, a appelé à l’entretien urgent de différents tronçons et au cantonnage manuel.