Le ministre des Transports et voies de communication, Chérubin Okende, a échappé mercredi à la motion de défiance initiée par le groupe de 28 députés dits révolutionnaires. A l’issue de longues heures de débat, la plénière a estimé que la motion était mal engagée, mal rédigée et, surtout, vide de preuves tangibles sur les griefs formulés contre le ministre. Lors du débat général, le député Delly Sesanga a critiqué l’initiative des 28, taillant en pièces les arguments contenus dans la motion, demandant son rejet. «J’aurais souhaité que ceux qui ont signé la motion aient le courage de poser le vrai niveau de la responsabilité de l’ensemble du gouvernement par une motion de censure. Et si nous avions alors une motion de censure, on aurait pu comprendre qu’au niveau du Premier ministre ou du ministre des Finances qui, pour certaines séquences de la responsabilité qui est édictée ici, est celui qui devait en répondre», a expliqué Sesanga.
Et d’enfoncer le clou: «Quand on dit qu’il est responsable des avions qui ne sont pas venus. Ce n’est pas lui qui paye les avions. Ce n’est pas lui qui sort l’argent pour acheter les avions. Et on dit qu’on n’a pas de permis de conduire depuis cinq ans. Au même moment, on dit qu’il est en charge du ministère des Transports depuis un an. Comment voudriez-vous que, personnellement, il réponde d’une responsabilité de ce qui est constaté dans la motion depuis cinq ans ».
Intervenant par motion d’ordre, Jacques Djoli a plaidé pour la suspension du débat et l’inscription du dossier au débat sur l’évaluation du gouvernement. «Monsieur le président, comme vous nous avez conseillé au début, il faut que l’on examine la question avec beaucoup de responsabilité et beaucoup d’humilité. Ce débat a démontré qu’il y a énormément de problèmes au sein de ce ministère sectoriel -Transports et voies de communication- et aussi dans la mise en œuvre d’un certain nombre de choses. Je voudrais solliciter humblement de cette auguste Assemblée une procédure de sagesse», a demandé Djoli. Puis: «Je sais que beaucoup d’entre vous m’appellent Doyen. Que nous puissions arrêter ce débat. Que le bureau prenne cette question et que nous puissions nous préparer à mieux aborder la première année de l’équipe des Warriors que nous avons mise en place ensemble et qu’ensemble, nous puissions voir ce qu’il convient de faire. Voilà ma motion, honorable président que je conclus humblement».
Le député Daniel Mbau a sollicité la parole pour appuyer Djoli, contre l’avis de son collègue Moise Nyarugabo, favorable à l’aboutissement de la procédure. Mais la cause a déjà été entendue. La plénière a voté pour la motion d’ordre et contre la motion de défiance, au grand dam des honorables Kayembe, Mbindule et leurs amis. Assis devant ses collègues, le ministre des Transports a pu se tirer d’affaires alors que les initiateurs de la motion, les fameux 28, incapables de contrer les ukases de Sesanga, Djoli et Daniel Mbau, se faisaient flinguer devant les caméras du monde, par des collègues plus aguerris et mieux rodés à la pratique parlementaire ! «Ça a été l’humiliation en direct, la noyade collective pour les membres de ce groupe qui», de l’avis des observateurs, «commençait à prendre en otage la Représentation nationale au point de menacer la fragile cohésion de la majorité».
«Une motion concoctée par des membres de la majorité au pouvoir à l’insu de tous les autres sociétaires, ça a trahi les fissures au sein de la majorité. Les élus Union sacrée et même leurs collègues de l’opposition plus objectifs ont vite fait de se ressaisir en la retoquant», a souligné un député de l’Union Sacrée, estimant que l’Assemblée nationale a finalement sauvé son image en contrant cette énième équipée sauvage des 28.
