C’est sans gants que le Professeur Albert Kabasele s’est exprimé au sujet des 500 jeeps neuves dont les députés vont bénéficier. Don ou pas, l’acquisition de ces jeeps ont tellement attisé l’ire de ce professeur qu’il a tiré à boulet rouge sur le Président Félix Tshisekedi. «Je suis au regret de constater que l’on achète ou l’on fasse acheter plus de 500 jeeps aux députés à fonds propres ou de l’Etat. Peu importe, non», a tranché avec hargne le Directeur général de l’Institut géographique du Congo -IGC.
Le prof éprouve tout le mal de constater que le Président Félix Tshisekedi laisse «mourir» ses collègues professeurs d’université, «abandonnés comme des mouches», sans moyens financiers ni soutien de l’Etat, pendant que des véhicules coûtant plus d’USD 30.000 la pièce sont offerts à leurs anciens disciples. «Tenez, en deux ans, l’ESU a perdu pas moins de 150 docteurs profs irremplaçables dans l’oubli total, silence radio. Savez-vous le prix d’un prof d’université? Quelle société, où nos élèves devenus députés, ministres, haut magistrat…, sont mieux rémunérés que leurs maîtres, profs, faiseurs des rois ignorants?», s’est-il même interrogé, dépité de savoir qu’une telle bagatelle est déboursée pour l’acquisition des voitures alors que «l’OVG a manqué d’internet pour avertir les habitants de Goma -de l’irruption- du volcan».
«On achète des jeeps quand à l’Est de la RD-Congo, l’on peine à chasser les ADF par une République où l’armée est sans moyen, dans un pays sans route pour que ces jeeps y circulent, dans un pays sans Administration publique avec une Fonction publique minée depuis 20 ans, sans énergie électrique avec moins de 3,5 GW pour cent millions d’habitants, avec une population sans oxygène pour Covid-19, sans programme de santé publique, sans hôpitaux!», a tempêté le Professeur Kabasele, priant «les députés d’être moins gourmands en se gênant de trahir la misère nationale éhontée!».
[A RELIRE] Députés: 500 véhicules de la discorde
«Le patriotisme, c’est apprendre à sortir son pays de bas vers le haut, sans être une pesanteur contre sa patrie de manière, en s’abstenant de scandale quelque que soit la bonne raison évoquée. MPR=servir, se servir non. Appliquons ce dicton de Mobutu aujourd’hui», a-t-il pesté. Les observateurs les plus avertis, au-delà de trouver à redire dans cette sortie du DG de l’IGC, l’ont sévèrement savonné, arguant qu’il n’a de leçons à donner à personne, tant il ne sait pas lui-même faire preuve de patriotisme.
Un autre professeur, sous couvert d’anonymat, a recadré Albert Kabasele en déclarant: «le patriotisme, c’est aussi restituer la concession appartenant à l’Etat qu’il a spoliée et éviter la médisance à l’égard des autorités établies». De l’avis de cet homme de science, son collègue ferait preuve de bon sens en reconnaissant d’être l’auteur de la spoliation de la concession de l’IGC, située au croisement du Boulevard du 30 juin et de l’ex-24 novembre. D’après diverses sources, il aurait quasiment transformé cette concession en institut commercial et immobilier. Ce passé lourd, selon d’aucuns, devrait inspirer Kabasele de rester dans sa tanière plutôt que d’activer le mode «donneur des leçons» et, par-dessus tout, faire des remontrances au Président de la République Félix Tshisekedi.
Le même qui ne cesse de multiplier des stratégies pour ramener la paix sur l’ensemble du territoire national, particulièrement à l’Est de la RD-Congo où un état de siège est en application et a produit des résultats encourageants. Que dire de la lutte contre la corruption et l’impunité? A l’instar de la souris, Kabasele, tout en rongeant la peau du Président, tente de le caresser dans le sens de poil en épinglant: «le Chef de l’Etat fait beaucoup d’efforts pour réhabiliter la République, ne tirons point des efforts vers le bas. Créons tous une synergie populaire pour un effort vers le haut en taisant maintenant, surtout maintenant plus que jamais nos appétits personnels».
Et de poursuivre: «les officiels, députés, sénateurs, ministres, PCA, DG… devraient diminuer leurs avantages, émoluments et salaires colossaux pour l’effort de guerre, pour la recherche scientifique, pour la santé, pour bâtir des micro centrales électriques dans leurs terroirs oubliés, pour l’éducation nationale et pour relier nos provinces isolées sans routes ni ponts, en plus des efforts actuels à impact visibles avec L’IGF et notre Justice, bravo Fatshi!». Pourquoi cet amadouement? Sans nul doute, estime-t-on, pour distraire l’IGF afin qu’elle n’aille pas à ses trousses.
LOI