Dans leurs récentes productions, le nouvel allié d’Etienne Tshisekedi et le gouvernement RD-congolais dévoilent, chacun en ce qui le concerne, les axes d’attaque apprêtés et qui sortent au fur et à mesure que les agendas respectifs vont se préciser.
Ça y est. L’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga et candidat à la prochaine élection présidentielle vient de franchir le Rubicon en décidant d’en découdre de manière frontale avec le pouvoir. Depuis Bruxelles, Moise Katumbi Chapwe est passé à la vitesse supérieure avec des interviewes en cascade dans la presse.
La dernière en date est celle accordée à la presse RD-congolaise, en marge de la visite de travail effectuée auprès de son nouvel allié et président du Rassemblement, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le 6 juillet dans la capitale belge.
Dans la salle, Katumbi arrive, costume noir et chemise blanche assortis d’une cravate grise, accompagné de son plus proche collaborateur, Salomon Kalonda Dela.
L’entretien avec Tshisekedi, drapé dans un ensemble bleu de nuit, chemise bleu ciel et coiffé de son traditionnel «ivy cap», tourne autour du dialogue selon l’esprit et la lettre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies, l’adhésion du chairman aux résolutions du Conclave de Genval et son implication à la série de manifestations du Rassemblement destinées à contraindre l’actuel régime au respect de la Constitution et la CENI à l’organisation de l’élection présidentielle dans les délais légaux. Les programmes phares de ces manifs restent le retour le 28 juillet et le meeting le 31 juillet 2016 du président du Rassemblement à Kinshasa après un long séjour à l’étranger.
La rencontre se focalise aussi autour du message de Tshisekedi, qui a dénoncé «la parodie de justice et les procès bidons menés contre l’ex-gouverneur du Katanga», à l’adresse du gouvernement RD-congolais lui demandant de «laisser Katumbi rentrer au pays». Tshisekedi et Katumbi martèlent également «sur le 19 décembre 2016, date à laquelle l’actuel locataire du Palais de la Nation devra quitter le pouvoir d’une manière civilisée».
Au sortir de l’audience, Katumbi accorde une interview à un groupe de journalistes RD-congolais, la quatrième en moins de 96 heures après les précédentes accordées respectivement à La Libre Belgique, Le Monde, TV5 Monde et RFI.
Il réitère sa détermination à se battre pour la concrétisation de la première alternance démocratique de l’histoire politique de la RD-Congo.
Prié de dire ce qu’il adviendrait si la CENI, qui évoque surtout les contraintes techniques, ne convoquait pas le corps électoral en septembre 2016 conformément à la Constitution, Katumbi tranche net qu’il n’y aura pas un jour ou une minute de plus pour Kabila en tant que Président de la République.
Il compte sur la pression internationale et celle de la rue. Il invite, du reste, la population à dire désormais «Au revoir Président Kabila!» si, par hasard, elle avait l’occasion de croiser le Chef de l’Etat ou les dignitaires du régime. A côté de sa popularité, sa puissance financière et ses assises politiques tant au pays qu’à l’étranger, Katumbi démontre qu’il a aussi et surtout une existence médiatique via laquelle il exhibe son talent caché de franc-tireur.
Finalement, chaque camp entend taper là où il pense faire mal au camp adverse. Les récents boulets rouges décochés dans les médias viennent de contraindre le porte-parole du gouvernement Lambert Mende à déployer, dans une conférence de presse tenue le 7 juillet 2016, l’artillerie lourde contre l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga et l’Opposition attachée aux résolutions de Genval.
Le ministre de la Communication et Médias dévoile, à son tour, les axes d’attaque que son camp politique prévoit de développer au fur et à mesure que les agendas respectifs se précisent. Dans un discours incendiaire, Mende affirme haut et fort que Kabila est encore là. Après tout, l’arrêt de la Cour constitutionnelle lui confère une légitimité au-delà du 19 décembre 2016, qui vaut toutes les autres. Véritable point de départ du bras de fer.
AKM
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