«Avec quel nombre d’électeurs irons-nous aux élections?». A Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Martin Fayulu a posé cette question lors du cadre de concertation avec les candidats Président de la République, organisé le lundi 13 novembre 2023 à Kinshasa. Cette question, d’apparence anodine, a vu son sens ragaillardi quelques instants seulement après la tenue de cette réunion entre la CENI et les concurrents à la présidentielle de décembre 2023, quand les églises catholique et protestante, à travers leur centrale électorale commune, ont fait des révélations qui remettent en cause la fiabilité et la crédibilité du fichier électoral.
Elles ont détecté, après avoir passé au peigne fin les données recueillies sur le site web de la CENI, la présence de plus de deux millions d’électeurs issues de la duplication de plus de 3.700 bureaux de vote dans la cartographie des bureaux de vote.
«Les données publiées dans la cartographie des bureaux de vote renseignent un total de 76.486 bureaux de vote. De ces données, 3.706 bureaux de vote ont été dupliqués 2, 3 voire 4 fois avec les mêmes numéros d’identification, mêmes noms et mêmes adresses mais avec des coordonnées géographiques différentes», a relevé, dans un communiqué publié le même lundi 13 novembre 2023, la Mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- et de l’Eglise du Christ au Congo -MOE CENCO-ECC-, précisant que les bureaux de vote dupliqués représentent «un total de 2.244.142 électeurs».
De quoi susciter des interrogations et conforter doute et/ou suspicions dans le chef de ceux qui reprochent au bureau Kadima de «préparer une fraude massive». Ceux-ci, à n’en point douter, ont fait le plein d’arguments grâce aux autres révélations de la MOE CENCO-ECC contenues dans son communiqué de lundi. Parmi ces révélations, celle relative à la différence de plus d’un million d’électeurs entre le chiffre repris dans la Loi sur la répartition des sièges et celui consigné dans la cartographie des bureaux de vote.
«La répartition des votants dans la cartographie des bureaux de vote indique 44.541.683 d’électeurs inscrits, soit une différence de 1.049.792 électeurs par rapport aux statistiques ayant déterminé la répartition des sièges», a épinglé la centrale électorale des catholiques et protestants, accusant par conséquent la CENI de communiquer plusieurs chiffres différents concernant le nombre d’électeurs repris dans le fichier électoral.
«Le communiqué n°024/CENI/2023 renseignait que 43.941.891 électeurs avaient été inscrits dans les 26 provinces de la RD-Congo alors que la Loi n°23/025 du 15 juin 2023 portant répartition des sièges mentionne un total de 43.491.891 électeurs en RD-Congo, soit une différence de 450.000 électeurs», a-t-elle noté en plus.
Aux remarques formulées à l’encontre du processus électoral et ainsi que du fichier des électeurs, rendu public après une certaine pression exercée sur la CENI par des observateurs électoraux, Denis Kadima a, lors du cadre de concertation avec les candidats Président de la République, préféré botter en touche, laissant filer une opportunité de tenter de recoller le morceau de confiance à on ne peut plus d’un mois des joutes électorales. Le chef de la CENI s’est attardé à donner des assurances sur la tenue effective des scrutins au 20 décembre 2023, sans rassurer sur sa capacité à organiser des élections transparentes, selon un observateur.