Dossier à la UneNationSociété

Le 16 camions saisis à Kolwezi contenaient le cuivre et le cobalt: les rapports CGEA et OCC font mentir l’équipe Masuka

Les terribles aveux d’un conseiller soudoyé par le gouvernorat pour dresser un faux rapport destiné à dévaluer le travail des services techniques compétents…

Seize camions transportant des minerais ont été saisis en octobre 2021 dans la province du Lualaba et mis à la disposition de la justice pour enquête. D’après plusieurs sources, y compris des membres de l’équipe Masuka, ces véhicules saisis à la sortie de la province du Lualaba par le service anti-fraude de la province et les services de sécurité, transporteraient de l’uranium et se dirigeraient vers la ville de Lubumbashi avant de prendre la destination des pays d’Afrique australe.

À la demande du Parquet général près la Cour d’appel de Kolwezi, la Direction provinciale de l’Office congolais de contrôle du Lualaba et l’antenne provinciale du Commissariat général de l’énergie atomique -CGEA- ont effectué des analyses et fourni les résultats y relatifs dans deux rapports distincts transmis au Procureur général de la République près la Cour d’appel de Kolwezi auxquels «AfricaNews» a pu accéder.

À la réquisition du Parquet, le travail consistait à procéder aux prélèvements et à analyser la nature des produits, à déterminer le poids réel des produits transportés ainsi que la teneur de minerais à bord. Daté du 11 octobre 2021, le rapport d’expertise de l’OCC/Agence de Kolwezi indique que les poids réels de minerais transportés n’ont pas pu être déterminés faute de bascule mais le taux d’humidité a été déterminé à l’aide d’une étuve de marque Binder à la température de 105°C.

Les teneurs en cuivre varient entre 5,512 et 11,300% et les teneurs en cobalt entre 0,059 et 7,040%. Et les analystes de l’OCC de conclure: «Eu égard de ce qui précède, nous pouvons dire que les produits analysés pourraient être des minerais bruts enrichis, soit par lavage manuel suivi d’un séchage ou soit par triage manuel».

Aucune trace de l’uranium n’y est évoquée. Presque même son de cloche du côté de l’Antenne provinciale du CGEA dont le rapport signale que «les valeurs des débits de dose exprimées en micro sieverts par heure, sont à un niveau acceptable dans le cadre de transactions locales pour lesquelles la limite à ne pas dépasser est de trois -3- micro sieverts par heure. Par contre, dans le cadre des exportations des concentrés et des hydroxydes, ces valeurs des débits des doses ne sont pas acceptables étant donné que le seuil est de 0,30 micro sieverts par heure». Le sievert est l’unité utilisée pour donner une évaluation de l’impact des rayonnements sur l’homme.

Un conseiller stipendié pour établir un faux rapport!

Ces deux rapports complémentaires paraissent ne pas être du goût des membres de l’équipe Masuka. Des sources à Kolwezi en veulent pour preuve la tentative d’obtenir un faux rapport contredisant les travaux de l’OCC et du CGEA d’un conseiller du ministre provincial des Mines nommé Miji Kamwengo.

Selon une copie du PV d’audition établi le 1er décembre 2021 à Kolwezi, signé de sa main et consulté par la Rédaction, le conseiller Miji Kamwengo est passé aux aveux en citant le nom de ses commanditaires. Parmi eux, apparaît le nom du directeur de cabinet de Mme le vice-gouverneur et gouverneur ai du Lualaba, repris sur le premier feuillet du PV d’audition et agissant sur ordre de sa hiérarchie.

Le conseiller a également reconnu avoir rédigé et transmis son rapport à ses clients à l’insu de son ministre. Selon les journalistes d’investigations basés à Kolwezi, le conseiller Miji a été stipendié pour produire un rapport accréditant la thèse de la commercialisation de l’uranium au départ de la République démocratique du Congo, oubliant que pareille entreprise exposerait le pays entier à d’éventuelles sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Tino MABADA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page