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RDC: Moni Dela témoigne après le succès populaire de Katumbi dans la Grande Orientale (Tribune)

Ce fidèle recommande à l’entourage de l’ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga de bien capitaliser la popularité de leur champion qui s’approche de celle d’Étienne Tshisekedi et d’autres grands leaders charismatiques africains…

Moïse Moni Della est un militant de la première heure de l’UDPS, parti dont il reste historiquement l’un des cofondateurs. Il a eu le privilège d’être témoin des tournées populaires du leader historique de l’UDPS à travers le pays. Aujourd’hui membre de l’entourage immédiat de Moïse Katumbi et cadre du parti Ensemble pour le changement, accompagnateur de ce dernier dans ses précédents périples dans le Grand Katanga et une partie du Grand Kivu, il a été dans la récente campagne d’implantation du parti dans trois grands pôles de la Grande Orientale, notamment à Kisangani, Buta et Isiro. Il analyse la popularité de ces deux personnalités, parmi les rares que l’histoire offre à un pays, à un continent, et prodigue des conseils qu’il estime utiles au pré-carré de son mentor Katumbi dont lui-même, prié de bien capitaliser cet avantage. Tribune.

Moïse Moni Della: Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, au-delà de la popularité

Ça m’étonne que les gens s’étonnent de la popularité de Moïse Katumbi. Je suis témoin oculaire et auriculaire de sa popularité. Je l’ai accompagné dans sa tournée, qu’il a dénommée Safari dans l’espace Grand Katanga, dans le Maniema et récemment à l’étape de l’ancienne Province Orientale. Partout, il a drainé une marée humaine impressionnante.

J’ai eu aussi le privilège d’accompagner Étienne Tshisekedi plusieurs fois dans des tournées à l’extérieur, comme à l’intérieur du pays. J’ai encore en mémoire l’étape de Lubumbashi en 2011, avec mon compagnon de lutte Roger Lumbala. L’accueil que les Katangais avaient réservé à Étienne Tshisekedi était sans précédent. Cet accueil a été facilité par le comportement républicain, patriotique et démocratique du gouverneur du Katanga de l’époque, Moïse Katumbi. Il n’a pas hésité de lancer un appel solennel aux militants de l’UDPS de se mobiliser pour accueillir leur leader, au nom de la liberté dans un pays démocratique. Mais pour le pouvoir de Kabila, cette position de Moïse Katumbi était assimilée à un acte de trahison. Le régime de l’époque entendait confier à Katumbi une mission machiavélique, celle de torpiller la campagne de Tshisekedi à l’étape stratégique de Lubumbashi. Mais, le Chairman ne pouvait se prêter à ce jeu indigne. Il avait même obtenu la décrispation dans la ville en conseillant Baba Kyungu, la sentinelle du Katanga, d’aller faire son meeting à Likasi, question de laisser le champ à Tshisekedi.

Il ne s’était pas arrêté là. Pour faciliter le séjour de l’opposant historique, le gouverneur Katumbi nous avait confié son conseiller spécial, Salomon Kalonda. Ce dernier a sorti le grand jeu pour que tout se passe bien.

J’ai encore le film de la réunion que le conseiller Salomon avait tenue tard la nuit dans sa résidence à la paillote. J’étais chargé de récupérer la délégation de l’UDPS logée dans un hôtel de la place. Il fallait échapper au regard des services de sécurité qui avaient «pris en charge» -filature- la délégation de l’UDPS. On était obligés de changer d’itinéraire pour arriver à la résidence de M. Salomon. Il a tenu la réunion dans une grande discrétion et nous a donné les ingrédients nécessaires pour la réussite de la première étape de la campagne de M. Tshisekedi. Étaient présents à cette réunion: l’actuel Président de la République, Son Excellence Félix Tshisekedi, l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de l’UDPS, Rémy Massamba et le défunt député Guy Lufuluabo, un cadre influent de l’UDPS et proche parent de l’actuel président.

A l’étape de Kisangani, j’étais toujours en première ligne avec mon compagnon et ami de longue lutte, Roger Lumbala, à l’époque président du RCD/N et coordonnateur de SET -Soutien à Étienne Tshisekedi-, alors que j’étais le secrétaire général du RCD/N et coordonnateur adjoint de SET.
C’était la deuxième étape de la campagne d’Etienne Tshisekedi après le Katanga. C’était le premier voyage du candidat avec un jet privé de location venant d’Afrique du Sud. Étaient à bord de l’avion: la respectable et combattante de première heure, Maman Marthe, le conseiller spécial Samy Badibanga, le conseiller en matière de sécurité M. Bona, et son célèbre malabar de garde du corps. Au bas de la passerelle, pour l’accueillir, il y avait Roger Lumbala, Moïse Moni Della ainsi que quelques responsables de l’UDPS triés à la volée. Étienne Tshisekedi était arrivé tard la nuit à l’aéroport de Bangboka. Malgré cela, il s’est offert une marche à pieds jusqu’à l’entrée de la ville, à quelques mètres après la grande mosquée de Kisangani.

La population de la ville martyre qui a eu écho de son arrivée, a couru en masse pour saluer ce héros de la démocratie. Incroyable mais vrai! Après 30 minutes, une marée humaine entourait le Sphinx et l’a accompagné à une résidence non loin du marché central, qui appartenait à un magistrat, M. Kadima, un sympathisant de très longue date de l’UDPS.
Le lendemain, à la Place de la Poste, les Boyomais étaient venus en grand nombre pour écouter le discours d’Etienne Tshisekedi.

Je n’ai pas vu Lumumba à l’œuvre mais selon tous les témoignages concordants, il était très populaire. La popularité de Mobutu est sujet à polémique étant donné que cela s’est passé dans un environnement politique de parti-Etat. Comme on disait: «Olinga, olinga te, ozali na MPR». Lorsque Mobutu se déplaçait dans une province du pays, la population était forcée d’aller l’accueillir, au risque de la prison, du bannissement voire de licenciement au travail.

La journée était chômée et payée

Difficile de jauger à sa juste mesure la popularité de Laurent-Désiré Kabila dans toute l’étendue de la République, étant donné la courte durée de son règne. Il bénéficiait toutefois d’une popularité relative.
Joseph Kabila, lui, avait une popularité mécanique, forcée par l’appareil de l’État.

Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi partagent plusieurs points en commun. L’un a quitté un président au pouvoir, s’est allié aux 13 parlementaires avant de créer son parti, s’est opposé à la dictature, a connu des privations de liberté dont une relégation. L’autre a quitté un président au pouvoir, s’est allié au G7 -Groupe des sept grands partis politiques- avant de créer son parti, Ensemble pour la République, s’est opposé aux velléités de violation de la Constitution pour un troisième mandat, a connu des privations de liberté dont un exil politique et un empêchement de se présenter à la présidentielle de 2018.

Sans conteste, leur popularité est naturelle dans toute l’étendue du territoire national.

Mais la popularité, pour quelle finalité? Le Sphinx de Limete était incontestablement l’homme politique le plus populaire du pays, mais cela ne lui avait pas permis d’accéder à la magistrature suprême, bien que son fils aujourd’hui récolte le fruit de cette popularité. L’équipe de Moïse Katumbi devrait tirer les leçons de l’histoire récente de notre pays, voire d’autres pays où des hommes populaires n’ont pas réussi à accéder au pouvoir suprême. Le cas de Kolelas au Congo Brazzaville, Abiola au Nigéria, Jean-Ping au Gabon, Selou Dialo en Guinée Conakry…

Vaut mieux la fin d’une chose que son commencement, dit-on. Il sied de mettre en place des stratégies politiques à même de tirer réellement le dividende de cette popularité du Chairman qui est déjà un acquis.

Moïse Moni Della
Co-fondateur de l’UDPS et Président du CONADE

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