A la Société minière de Kilo Moto -SOKIMO-, les relations entre travailleurs et la direction générale ne sont pas au beau fixe. A en croire des sources crédibles, le courant ne passe plus entre les cadres et le directeur général de cette société minière RD-congolaise. Le directeur général se serait retranché dans son coin avec les siens, coupant ainsi le contact avec les directeurs de différentes directions, alors qu’ils sont censés être ses collaborateurs directs. Les directeurs accusent notamment leur DG de refuser de répondre aux correspondances et autres notes qui lui sont adressées dans le cadre du travail. Frustrés par cette attitude du DG qui entretient un climat malsain au sein de l’entreprise, les cadres et agents de la SOKIMO ont saisi les autorités du pays afin de ramener de l’ordre dans leur institution. Ayant eu vent de cette affaire, la Présidence de la République s’est aussitôt impliquée en demandant à la direction général de SOKIMO de rétablir le plus rapidement possible la paix sociale au sein de la société. D’après certaines indiscrétions, la Présidence de la République aurait donné des injonctions au DG pour la relance de la production de l’or à Nizi, localité située à 65 km de la ville de Bunia en Ituri, par les moyens propres de la SOKIMO.
A la direction générale de la Société minière de Kilo Moto -SOKIMO-, la paix sociale n’existe plus. Un climat malsain, entretenu au plus haut niveau hiérarchique, y a élu domicile. En clair, plus rien ne va entre le Directeur général Jean Baudouin Kodravele Yingatu avec ses agents et cadres. Les cadres de direction, ceux-là même qui sont censés être les proches collaborateurs du Directeur Général, n’ont plus aucun contact communicationnel avec leur chef. A les en croire, le DG se serait retranché comme dans une sorte de forteresse, où il ne recevrait que les siens.
Pire encore, le DG serait allé loin jusqu’à refuser de donner suite aux correspondances et autres notes que lui adressent ses collaborateurs dans le cadre même du travail. Ce manque de convivialité de la part du DG a suscité plusieurs inquiétudes dans le chef des agents et cadres de la SOKIMO qui se demandent: «Est-ce que parce que le Chef est timide? Est-ce une stratégie de travail? Et si oui, est ce qu’elle est constructive et démobilisatrice? Ou alors, serait-ce là une façon de masquer les faiblesses ou les limites personnelles du Chef?», se sont-ils interrogés.
Dans le même ordre d’idées, ces agents et cadres de la SOKIMO se demandent pourquoi et comment est-ce que leur Directeur général s’acharne-t-il d’opérer une nouvelle mise en place dans l’entreprise tant que lui-même n’est pas en mesure de réunir ses propres directeurs ne fut-ce que dans une réunion de travail et cela malgré plusieurs demandes dans ce sens formulées par ces derniers. «Il n’existe pas de réunions entre les cadres de Direction et le DG. Que dire dans pareil cas alors des autres travailleurs de niveau plus bas ! Le malaise est profond et grandissant et il y a un risque potentiel d’explosion de la situation à tout moment au sein de l’entreprise», se sont plaints les cadres de la SOKIMO.
D’après des sources, cette attitude bizarre du DG explique les différentes tensions qui ont eu lieu dans l’entreprise ces derniers temps. Entre autres la grève des travailleurs de Kinshasa les mois derniers, réclamant 44 mois d’arriérés de salaires, ainsi que de multiples marches au niveau des exploitations, notamment à Bunia, Bambu et Nizi pour protester contre les tentatives dévoilées par la Direction générale de signer une jointe venture avec CNRMEDEA pour l’exploitation du projet Nizi.
Ne pouvant plus accepter cette manière de leur dirigeant de conduire l’entreprise, pour manifester leur ras-le-bol, les agents et cadres de la SOKIMO ont adressé des mémorandums et autres correspondances aux différentes autorités RD-Congolaises.
Ayant eu vent de cette affaire, le Président de la République s’est personnellement saisi du dossier en instruisant les experts de très haut niveau du Conseil national de sécurité-CNS-, afin de passer au peigne fin la situation générale de cette entreprise du portefeuille de l’Etat.
L’on a ainsi appris que Kodravele Yingatu Jean Baudouin, le Directeur général et Dzaringa Buma Jacques Roger, le Directeur général adjoint ont comparu à deux reprises devant le CNS au mois d’avril dernier.
Ils ont tous deux été sommés de rétablir le plus rapidement possible de l’ordre au sein de la société. D’après les informations qui auraient filtrées de l’entourage du DG de la SOKIMO, la Présidence de la République aurait insisté sur deux points principaux, à savoir la reprise immédiate et par les moyens propres à la SOKIMO des travaux pour la relance de la production de l’Or à Nizi d’une part, et d’autre part rétablir la paix sociale au sein de la société le plus rapidement possible.
Par ailleurs, les experts du CNS auraient épinglé quelques cas d’irrégularités flagrantes en ce qui concerne particulièrement la gestion courante de la Société par la Direction générale actuelle, laquelle a montré son manque visible de collaboration et d’harmonie entre le DG et le DGA, surtout en matière de la gestion financière où le DG serait seul maitre à bord. Ce qui compliquerait naturellement le fonctionnement de cette société qui, comme le sait tout le monde, s’étend de la Ville province de Kinshasa, à Kisangani dans la province de la Tshopo, Kilo en Ituri jusqu’à Moto dans le Haut Uele.
A l’heure actuelle, tous les espoirs de travailleurs de la SOKIMO sont désormais suspendus aux conséquences positives de ces convocations du CNS, qui couronnent en quelques sortes leurs efforts également et surtout, démontrent à suffisance que les problèmes de la SOKIMO sont désormais sur la table et dans l’agenda du Président de la République.
Bien qu’ayant pu payer un mois de salaire sur les 44 réclamés, la direction générale ne bénéficie toujours pas de la confiance des travailleurs qui doutent de sa bonne foi de résilier l’accord de confidentialité avec CNRMEDEA comme le réclament la plupart de travailleurs de SOKIMO, notamment ceux de Kilo en province de l’Ituri qui voient dans cette aventure la disparition pure et simple de SOKIMO de leur jeune province.
Encourageant la démarche de la Présidence de la République, les députés nationaux élus de la nouvelle province de l’Ituri sont allés à la rencontre du ministre des Mines, Martin Kabwelulu. Ils auraient tout simplement demandé au ministre d’arrêter, au nom de la paix sociale dans la région, toute tentative de céder l’exploitation du projet Nizi cher aux Ituriens à un quelconque partenaire minier étranger.
Dans ce même souci, Abdallah Pene Mbaka Jefferson, gouverneur élu de la province de l’Ituri, s’était lui aussi rendu personnellement dans les bureaux de la Direction Générale de la SOKIMO à Kinshasa, pour demander de cesser avec cette histoire de jointe venture qui énerve la population autochtone. Aux dernières nouvelles, l’Union des associations culturelles et de développement de l’Ituri -UNADI- a, dans une correspondance s’adressant au Président de l’Assemblée provinciale de l’Ituri, demandé l’interpellation de la Présidente du Conseil d’administration, ainsi que du Directeur général de la SOKIMO au sujet du même dossier de Nizi.
Guylain LUZAMBA
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