Culture

«Politique, une science de l’action publique»: quand les politologues réclament être la tête de l’Etat

«L’Etat n’a qu’une seule discipline, c’est la science politique. Il n’est pas aisé que pour parler de l’Etat, l’on ait recourt à des gens qui ne sont pas spécialisés dans la vie de l’Etat. Les spécialistes de l’Etat sont des politologues. Il va falloir nécessairement recourir aux politologues lorsqu’il faut parler de l’Etat…Nous devons refonder notre Etat par la pensée. La tête de l’Etat, c’est le penseur politique», a soutenu l’auteur dans son exposé devant la crème scientifique.

Un nouvel ouvrage dans l’arène scientifique. Il est l’œuvre du professeur Jean-Gérard Baende Ekungola et est intitulé: «Politique, une science de l’action publique». Cet ouvrage a été porté sur les fonts baptismaux samedi 23 janvier 2021 par le professeur Godé Mpoyi, président de l’assemblée provinciale de Kinshasa, à la faveur d’une faste cérémonie tenue en la salle Père Boka du Centre CEPAS à laquelle d’éminentes personnalités du monde scientifique et politique ont pris part.

Après avoir décrit le concept politique dans ses différentes acceptions, l’auteur a fait ressortir: «autant la société humaine a connu ses migrations allant de la cité à l’Etat, autant le terme politique résultant de la cité en a connu les siennes, allant de la vision à la discipline qui en justifie les sens, au point de convertir celle-ci de la science qualitative en une science quantitative. D’où, finalement le titre Politique, science de l’action publique».

Abordant l’essence de l’action publique, le professeur Baende a soutenu qu’elle demeure à tous égards une œuvre pluraliste, dans le sens d’un produit de la décision consensuelle. L’action publique, de l’avis de cet enseignant de l’Université de Kinshasa -UNIKIN-, mobilise la multitude d’acteurs héteroclites et pertinents, en raison de leur profil dans ce jeu collectif, notamment leurs expérience et expertise, et aussi leurs capacités exceptionnelles qui font d’eux l’élite.

L’ouvrage du professeur Jean-Gérard Baende s’étend sur quatre parties, morcelées en chapitres, sections… La première partie traite du politique et de son univers, avec en toile de fond les différents sens du terme politique, ses caractéristiques, ses courants et approches, son espace, ses opérateurs, ses ordres, ses pôles administratif -action administrative- et politique -action gouvernementale-, ses différents variant. 

Dans la deuxième partie, l’auteur a abordé l’Etat comme une action publique intégratrice, se présentant à la fois comme cadre physique -territoire- et fonctionnel -phénoménal- de la vie publique, et aussi comme acteur exclusif, principal du jeu collectif ; avant de s’intéresser, le long des pages de la troisième partie, à la gouvernance publique et à l’exercice du pouvoir politique. Dans cette partie, il est question d’examiner d’abord les différents véhicules du pouvoir -pensée, parole et actes- dont découlent d’une part les différentes structures -régimes, systèmes politiques et systèmes d’action concrets-, et d’autre part les modalités du pouvoir, à commencer par les modalités d’acquisition -autocratiques et démocratiques-, d’exercice -gouverne, centrée sur les lois naturelles, c’est-à-dire les croyances, us et coutumes : pensées et parole=tradition orale-, le gouvernement axé sur les lois positives -la législation et l’écriture-, dont découle l’institutionnalisation du pouvoir politique… Il y a ensuite les modalités de déchéance du pouvoir politique -dérives, rétrécissement de l’arène politique, chute du régime. Ces modalités sont tributaires du style d’organisation des pouvoirs publics. La quatrième et dernière partie est centrée sur la science politique en tant qu’action publique édificatrice, au motif qu’elle exprime non seulement l’effort humain de comprendre son univers pour le maitriser et le transformer, mais aussi d’éclairer l’opinion sur la vie publique.

A scruter les propos du professeur Baende, son ouvrage puise ses racines suite à cette observation: «faute de penseurs avertis et d’acteurs pertinents, la décision publique et l’analyse politique y relatives sont en RD-Congo souvent confisquées par quelques citoyens, pour la plupart des militants de partis ou regroupements politiques, affirmant fermement, à cor et à cri, qu’ils marquent leur temps. Entretemps, agissant avec émotion et amateurisme, ils portent préjudice à la vie de l’Etat et de ses citoyens. Et nonobstant les faiblesses qu’ils accusent, et souvent dénoncées par de nombreux publics au travers des manifestations de délégitimation, ces acteurs impertinents réussissent à se constituer des adeptes même dans les rangs des scientifiques».

Face à cette observation, l’auteur est d’avis que la science politique arrive pour refaire certaines choses et refonder notre Etat par la pensée. «Nous sommes tous des sujets l’Etat. L’Etat n’a qu’une seule discipline, c’est la science politique. Il n’est pas aisé que pour parler de l’Etat, l’on ait recourt à des gens qui ne sont pas spécialisés dans la vie de l’Etat. Les spécialistes de l’Etat sont des politologues. Il va falloir nécessairement recourir aux politologues lorsqu’il faut parler de l’Etat, du pouvoir, de la fonctionnalité de l’Etat et même des dérives qui arrivent dans la fonctionnalité de l’Etat. Ce n’est pas une affaire des agriculteurs ou des maçons. Nous devons refonder notre Etat par la pensée. Le poisson pourrit par la tête. Donc la tête de l’Etat, c’est le penseur politique», a-t-il soutenu en guise de conclusion.

Laurent OMBA

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