Etre femme n’est ni un handicap ni une faiblesse pour Gaëlle Kibungu, journaliste indépendante, qui, après deux ans de congé de maternité, renoue avec le micro. Bien qu’happée par les devoirs maritaux, Kibungu, relance «Victory agency -VA» avec un élan positif et des projets pour marquer les esprits. Formation et travail sont, pour elle, les deux voies royales pouvant amener la femme à la parité. Entretien.
Après deux années de congé de maternité, vous avez repris avec les médias. Quelles sont vos nouvelles ambitions?
Je n’ai pas de nouvelles ambitions. Je suis plutôt dans la continuité de ce que j’ai toujours fais. Je me suis toujours fixée l’objectif de bien informer, car, en tant que journaliste, j’ai le devoir d’informer, de former et de divertir. Il importe de le faire avec une touche particulière. Nous sommes dans une société où il y a beaucoup de travers, le contexte et les enjeux sont très importants. L’on devrait aujourd’hui changer de culture. Depuis plusieurs années, l’on parle d’exorcisme mental, de changement de mentalité, de la nouvelle citoyenneté… Nous, journalistes, nous devons amener le public à regarder dans la bonne direction et à s’imprégner d’une nouvelle moralité pour une RD-Congo meilleure. Nous avons un grand pays, les enjeux sont importants, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice.
Pensez-vous qu’avec «Victory agency» vous pouvez changer les choses?
Bien entendu. Victory agency n’est qu’un maillon dans cette grande chaîne qu’est la presse. Je ne vois pas pourquoi elle va passer comme une météorite sans rien faire. Quand j’initie quelque chose, c’est pour qu’elle ait impact dans la société. Je ne fais pas de chose au hasard, ni pour qu’elle soit oubliée du jour au lendemain sans marquer les esprits. VA est une pièce de puzzle que je suis en train de construire. Je me dis qu’il y a beaucoup de choses à faire dans mon métier.
VA revient-elle avec des nouveaux projets?
Nous avons concocté plein de projets à concrétiser au fil du temps pour marquer les esprits. Ce sera la pierre apportée par Gaëlle Kibungu à l’édification de la RD-Congo. Il ne sera certainement pas facile pour moi qui suis journaliste indépendante, surtout que la presse en RD-Congo n’est pas subventionnée. C’est un monde des fauves. Il faut vraiment se battre pour trouver sa place. En tant qu’indépendante, je dois fournir deux fois plus d’effort. Les devoirs maritaux m’ont happé pendant un moment. Ce n’est pas une excuse pour mes téléspectateurs, mais il était important pour moi de m’arrêter pour m’occuper de ma petite famille. Je sors d’un long congé de maternité -rires. Maintenant que je reviens, je dois mettre les bouchés doubles pour rattraper le temps «perdu».
Comment se présente le nouveau planning de VA?
Au début de VA, j’ai lancé un programme en faveur des enfants orphelins qui sera relancé au courant de l’année. Nous avons un concours oratoire, «Severy the Congolese queen», organisé en marge du mois de la femme. Il se tiendra, Dieu voulant, à la fin du mois de mars. La première édition a eu lieu en 2014 avec la participation des universités et instituts supérieurs de la capitale. L’Université protestante au Congo avait remporté ce prix. La deuxième édition aura lieu cette année. C’est une des priorités pour nous après deux ans en berne. C’est beaucoup trop pour un événement socio-culturel qui avait pourtant bien débuté. Je pense qu’avec le parrainage du ministre de l’EPSP, nous allons y arriver.
Vous êtes femme et le monde entier a fêté la Femme le 8 mars. Que représente cette fête pour vous?
La fête représente beaucoup. Ce n’est pas pour rien que l’on a arrêté cette date pour célébrer la femme. Il faudrait que l’on prenne conscience de ce combat de leadership féminin et de la parité, initié depuis longtemps par nos sœurs d’autres cieux. Il est plus que temps pour la femme de comprendre sa mission, sa valeur. En elle, il y a trop de doutes. Elle se méconnait. Le moment est propice pour la femme d’y penser pour se connaitre, connaitre ses atouts et sa valeur afin d’aller de l’avant. En RD-Congo, c’est tout le mois qui est consacré à la femme. Mais, ce combat doit aller au-delà du mois de mars. Ça doit être une question permanente pour la femme qui doit se fixer des objectifs au quotidien et se battre pour les atteindre. La femme doit travailler tous les jours pour arriver à son émancipation.
Le thème national de la JIF 2017 martèle sur la parité et l’emploi pour les femmes à l’horizon 2030. Comment peuvent-elles y arriver?
La Constitution a déjà consacré la parité. Le fait de la revendiquer ne nous donnera pas cette parité comme un cadeau sur un plateau d’argent. La femme doit montrer de quoi elle est capable par son travail. C’est un combat individuel de tous les jours. On peut multiplier des slogans et des objectifs, tant que la femme ne va pas travailler, ce sera des causes à remettre au point zéro tout le temps. Les femmes sont appelées à mettre la main à la patte pour le développement de la RD-Congo à partir de la formation. Car, pour travailler, il faut avoir une formation. C’est ce qui manque souvent à la femme alors que les moyens d’apprendre sont légion. Ce n’est que par la formation et le travail que l’on peut arriver à la parité.
Propos recueillis par Laurent OMBA
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