Culture

Fabregas rêve d’une révolution

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Fabrice Mbuyulu Bela, mieux connu sous le nom de Fabregas, est révolté par ce qui se passe dans son monde. Le monde musical. Des querelles, des rancunes, le manque de respect, des polémiques inutiles et tant d’autres maux le fatiguent. Cet artiste musicien RD-congolais en a en aversion. Il ambitionne de faire les choses autrement. Copier le positif et éviter de reproduire les erreurs commises par ses aînés, c’est son credo. Dans une interview exclusive accordée à «AfricaNews», ce jeune artiste -28 ans- a précisé que c’est important pour entretenir sa carrière et maintenir son succès. Le Maestro rêve d’une révolution. Au cours de cet échange à bâton rompu, il a parlé de son parcours, de son album en gestation intitulé «Ma vraie face», de sa collaboration avec Koffi Olomide, de son orchestre, Light music qui change de dénomination pour devenir Ligue des stars… et de son label Wanted prod qui sera lancé dans pas longtemps.  
Fabregas est en studio. Il prépare son prochain album intitulé Ma vraie face et dont le nombre de chansons n’est pas encore connu. «Pour le moment, je prépare Ma vraie face. C’est un album avec plusieurs titres. Je pense que les gens vont me découvrir davantage. Je vais donner tout ce qu’il y a dans mon tiroir, le meilleur de moi-même», indique-t-il. Cet album contiendra des chansons écrites par Fabregas avec le concours de ses paroliers. Egalement, Maestro donne l’occasion à certains de ses musiciens, dont le chef de son orchestre, de signer des titres. En attendant, les mélomanes sont invités à savourer encore plus Anapipo, sa toute dernière œuvre, avec la danse fétiche Ya Mado ou encore Chaud partout, un autre titre extrait de cet opus.
Parlant de l’embargo imposé par les combattants contre les musiciens, interdits de livrer des concerts en Europe, Fabregas estime que de grandes salles, genre Bercy, Zénith, Olympia et autres, ne lui manquent pas parce qu’il n’y a jamais fait de concerts. Ça lui manquerait s’il y avait déjà joué. «Ces salles manquent plus à mes ainés qui ont déjà joué là-bas. Depuis la création de mon groupe, je n’ai jamais joué en Europe. Aujourd’hui, si on m’interdisait de jouer à Kinshasa ou dans d’autres pays africains, comme Gabon, République du Congo, Cameroun et Côte d’Ivoire, j’aurai très mal parce que ce sont des endroits où j’ai déjà presté», assure-t-il.
Ambitieux, Fabregas  pense qu’il peut donner une couleur à la musique RD-congolaise sans featuring. «Plusieurs de nos collègues RD-congolais ont disparu de la scène musicale à cause de featuring. Je fais mon album, c’est tout. Le featuring n’est pas trop mon créneau. Malgré ma position, il y a beaucoup d’artistes qui viennent me solliciter pour des collaborations. J’ai ma vision des choses. Je sais à qui je vais faire appel et quand je le ferais», signale-t-il. Dernièrement, Jeune Afrique a publié un article titré Dashiki: de Kinshasa à New-York, de Fabregas à Beyonce.
Dans cet encadré, Maestro est considéré comme l’artiste musicien qui a réussi à exporter Ya Mado -nom donné à l’habit porté au générique d’Anapipo- de Kinshasa jusqu’à New-York parce que même cette star américaine l’a porté. Fabregas est émerveillé: «souvent, nous avons l’habitude de copier la mode américaine. Mais un chanteur RD-congolais a réussi à inverser la tendance. Ça me fait énormément plaisir. Je pense que ça va décomplexer nos frères RD-congolais. C’est la preuve que je suis-là pour défendre le drapeau RD-congolais jusqu’au dernier jour de ma vie», déclare-t-il.
De NduleAward en RD-Congo à Awama Award aux Etats-Unis en passant par Muana Mboka, Bravo X, Afrima Award, Fabregas enchaine des trophées, mérites et récompenses, malgré sa jeune carrière. «To bengak’ango matuka» comprenez: «nous les surnommons des braseros», nuance-t-il. Et d’ironiser: «me demander si j’ai des trophées, c’est comme si on demandait au pape s’il est catholique». Puis de renchérir: «je suis juste au début de ma carrière. Ça  évolue pas mal, et il y a des gens qui ne cessent de me faire confiance, qui me donnent davantage l’envie de bosser».
Pour arriver à créer son propre ensemble musical, Fabregas est passé par Laviniora Esthétique de Dakumuda New Man, F-Victeam de Fally Ipupa avant d’atterrir chez Wenge Musica Maison Mère de Werrason qui a permis à son talent d’éclore. Sans polémique ni rancune, Fabro avoue que si c’était à refaire, il ne passerait pas par F-victeam. Parce que, selon lui, F-victeam n’était qu’un groupe d’accompagnement et non un orchestre.
L’apport de Koffi
Fabregas présente sous un meilleur jour sa collaboration avec Koffi. Pour lui, le 13ème apôtre est parmi les artistes qui ont accepté son règne dans la sphère musicale RD-congolaise. «J’ai beaucoup d’estime pour Koffi Olomide. C’est un grand de la musique RD-congolaise. La grandeur d’un homme pour moi, c’est le fait de supporter les autres. C’est un très bon monsieur. Nous lui devons énormément du respect. C’est une richesse pour le pays», vante-t-il sans ignorer Papa Wemba, JB, Werra, Fally et Reddy Amissi.
Et d’exhorter: «c’est important de changer votre façon de voir Koffi. Dans ce pays, personne n’ignore qu’on nous avait fait croire que quand Koffi s’associait avec un jeune artiste, il perdait son succès et faisait flop. Actuellement, il s’est associé avec moi et le résultat est toujours positif. Donc, rectifier le regard que vous portez sur Koffi». A en croire ses propos, le Rambo lui apporte beaucoup de bonnes choses. Il lui a même écrit une chanson intitulée Nouveau marié, il lui a fait grandir, il lui a appris comment un musicien peut se tenir et comment éviter de tenir certains propos à la télé comme le fait d’autres musiciens qui l’attristent.
Selon lui, c’est toujours Koffi Olomidé qui lui a appris à diversifier des sources de revenus et à investir dans les immobiliers. Le quadra a rassuré: «c’est de cette façon que tu seras appelé Mopao».  Mais son succès, il le doit à Dieu sans lequel il n’aurait même pas fait le quart de ses réalisations. Son actuel slogan est évocateur: «Biso soki Nzambe te nde mobulu. Rendez-vous na baffle». Comprenez: «Sans Dieu, nous ne sommes rien. Rendez-vous aux baffles». Ses modèles, Fabregas ne les cherche pas très loin. Il les puise parmi les artistes de son pays qu’il a eu à regarder à la télévision et qui ont façonné sa façon de faire les choses. Il a notamment cité Reddy Amissi, Jean Goubald, Koffi Olomide, Werrason, Fally Ipupa et Héritier Watanabe.
René KANZUKU
Barick BUEMA

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