Culture

Expo «The Rumble in the Jungle»: lien et perspectives des arts et la boxe autour du combat entre Ali et Foreman

Le plus grand combat de l’histoire de boxe, dit «combat du siècle» opposant deux grandes figures de cet art martial, Mohamed Ali et George Foreman, en 1974 à Kinshasa, fait l’objet d’une exposition au Boxing Beats d’Aubervilliers, dans la banlieue parisienne. Sur initiative de B’ZZ, une vingtaine d’artistes entre autres, Julien Allegre, Renaud Barret, Barly Baruti, Bodo Fils, Guy de Bosher et Francis Matton -photographes officiels de l’événement-, Cheri Cherin, Moke Fils, Dolet Malalu, Mohamed Said Chair, Sébastien Bouchard décrivent, sous divers médiums, différentes scènes caractérisant ce battle.

Peintures, sculptures, photographies, images inédites de l’époque…performances live, musique autour de ce combat historique font revivre au public les bons moments ayant caractérisé cette rencontre sportive à la fois culturelle, offerte à la population zaïroise de l’époque, par l’ex-président Mobutu Sese Seko. Une sorte de marketing politique consistant à vendre positivement l’image de son pays. L’exposition événement «The Rumble in the Jungle» qui se tient jusqu’au 30 novembre prochain, transporte, à sa manière, avec une centaine d’œuvres, le public vers Kinshasa et lui fait revivre, en même temps, les merveilles du passé des années 1974 avec tout son décor. Après une quarantaine d’années de son engagement vis-à-vis des artistes africains, Bruno Scaramuzzino, patron de B’ZZ, a pu mesurer combien le combat entre Mohamed Ali et George Foreman a laissé des traces dans l’imaginaire surtout des artistes et écrivains. D’où sa démarche, à travers B’ZZ, de présenter une exposition dans un univers qui rajoute à l’histoire une touche particulière, en lieu et place de l’organiser dans une galerie parisienne habituelle, mais plutôt descendre dans une salle de boxe. Ce qui justifie le choix du Boxing Beats d’Aubervilliers d’où sont sortis d’ailleurs beaucoup de champions de France, d’Europe, du monde, olympique de ladite discipline.  «C’est toujours bien quand on voit la bande dessinée quitter ses cases pour entrer dans le ring», fait savoir Barly Baruti qui salue, tout de même, le travail réalisé par les artistes exposés en mettant un accent sur l’héritage, faisant allusion notamment aux fils Moke et Bodo -ayant hérité l’art auprès de leurs pères, des figures emblématiques de la peinture populaire en RD-Congo. «Je trouve cela très émouvant de voir ces deux artistes perpétrer le travail de leurs pères avec un autre talent. Je peux dire qu’un jour je pourrais partir tranquille parce que la relève est assurée», estime le bédéiste congolais.

Des créations originales en parallèle!

En organisant cette exposition, l’idée pour son initiateur est de mettre en lien et en perspectives les arts et la boxe autour du combat mythique, vu au travers des œuvres des nombreux artistes contemporains africains et internationaux. Le Boxing Beats d’Aubervilliers se transforme alors en une galerie ou tout autre lieu de diffusion de l’art. Car, à travers cette exposition, on y trouve des photos inédites de l’époque prises par des photographes officiels du combat entre Ali et Foreman, ainsi que des créations originales produites spécifiquement pour l’événement. Pour aboutir à ce résultat, Bruno Scaramuzzino, aussi dans sa casquette d’agent d’artistes, a passé le sujet aux artistes sélectionnés pour ce projet qui se sont ensuite emparés de la thématique. Le résultat est satisfaisant, constate-t-on en parcourant la salle et en découvrant les toiles, les sculptures et les clichés. Les titres de certaines œuvres renseignent mieux. C’est le cas notamment de «Saint Ali» du peintre Plaz qui fait honneur à Mohamed Ali après sa victoire sur Foreman. Ce n’est pas tout, il y’a par exemple la série de dessins -Ring, Shaker, Gants de boxe, Salle de sport- de Mohamed Said Chair. Ou encore des planches originales du bédéiste Barly Baruti réalisées pour la bande dessinée «KO debout à Kinshasa»…ainsi que des peintures -acrylique sur toile- de JC Lofenia décrivant l’ambiance festive autour de ce combat.  Au-delà des œuvres qui sont exposées, le public présent aux soirées de la preview et du vernissage était également servi de la littérature avec l’auteur Blaise Ndala à travers la lecture d’extraits de son roman, «J’irai danser sur la tombe de Senghor», et du live avec le comédien Athaya Mokonzi qui a porté sur le ring, des extraits du texte «M’appelle Mohamed Ali» de Dieudonné Niangouna, sur une mise en scène de Ornella Mamba. Exposition à découvrir jusqu’au 30 novembre au Boxing Beats d’Aubervilliers. 

Patrick NZAZI

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