Culture

Picha-10
La 4ème édition de la Biennale de Lubumbashi -Rencontres Picha- a ouvert ses portes dans cette partie de la RD-Congo depuis le 9 octobre dernier. Avec pour thème: «Réalité filante», ce grand événement se poursuit jusqu’au 8 novembre 2015. Le Musée national de Lubumbashi, l’Académie des Beaux-arts de Lubumbashi et l’Institut français de Lubumbashi, Halle de l’Etoile sont là les principaux lieux qui accueillent des expositions. Comme à l’accoutumée, les espaces publics sont également envahis par des œuvres, sous la direction artistique du RD-Congolais Toma Muteba Luntumbue, historien en art, artiste plasticien, commissaire d’exposition indépendant.
Pourquoi Réalités filantes? C’est la question qui est posée ici et là. C’est simplement parce que l’intitulé de ce thème a semblé approprié pour le directeur artistique de la Biennale en raison du contexte dans lequel il a été amené à travailler à Lubumbashi, une ville dans laquelle il ne vit pas et proposant une réalité avec laquelle Toma Muteba devait composer pour écrire un projet cohérent mais aussi informer d’un certain nombre d’éléments historiques récents ainsi que des différentes dynamiques sociales et politiques de Lubumbashi.
«Je suis alors tombé sur un court texte d’Edouard Glissant qui parlait du pouvoir de la création artistique, de l’art comme moyen de défier la course effrénée du temps contemporain, qui est le temps de l’urgence et du libéralisme mondial. Glissant émettait l’hypothèse que l’art et l’artiste étaient peut-être les plus à mêmes de questionner ce temps de l’urgence et appréhender le caractère insaisissable du réel», explique-t-il.
A en croire le directeur artistique de cette 4ème édition, il était difficile de faire abstraction de ce qui se joue au quotidien dans cette zone minière convoitée. Pour lui, la région connaît actuellement de nouveaux bouleversements politiques importants et il est intéressant que cette Biennale ait précisément lieu durant ce laps de temps. Car, dit-il, la Biennale permet un temps de pause durant cette période, une distance critique. En effet, Réalité filante ouvre la discussion sur cette notion de tyrannie de l’urgence et chaque artiste est invité à y répondre avec une œuvre, pour ouvrir une brèche et émettre des hypothèses, établir un échange, un dialogue. Certains l’ont fait avec une œuvre contextuelle, d’autres avec une œuvre déjà existante qui trouve sens dans le cadre de l’exposition.
«Un artiste comme Maarten Vanden Eynde qui présente deux projets à l’occasion de cette Biennale, traite de la problématique du trafic des minerais, de l’ordre économique injuste imposé à cette région du Katanga du fait des besoins de pays extrêmement lointains et ce depuis pratiquement un siècle», souligne Toma Muteba Luntumbue.
Parmi d’autres artistes qui prennent part à cette 4ème édition, l’on a Gulda El Magambo, Georges Senga, Christine Meisner, Mega Mingiedi, Richard Kahumba, Pathy Tshidele, Catherine Poncin, Vitshois Mwilambwe, Michèle Magema, Adrien Massika, Eddy Massumbuku,  Costa Vece, Henrique Oliveira, etc. Expliquant, pour sa part, les raisons de la création de la Biennale de Lubumbashi qui met en lumière cette ville, Sammy Baloji, photographe et initiateur de cette grand-messe, s’exprime en ces termes:
«La plupart des membres de Picha viennent tous du même collectif, le Vicanos. Nous nous sommes rencontrés à l’école. A l’époque, nous avons rencontré des difficultés à diffuser nos travaux. En raison de la crise des années 90, tous les centres culturels avaient fermé, tout avait été pillé. Il y avait donc une véritable carence en espaces culturels alors que Lubumbashi était réputée dans le domaine artistique, notamment à cause des cercles culturels et théâtres qu’il y avait. En participant à la Biennale de Bamako, j’ai constaté l’engouement qu’il y avait autour de la photographie en Afrique. L’idée m’est alors venue de proposer une biennale à Lubumbashi, afin d’y revitaliser le secteur artistique». Une idée tout à fait salvatrice. Chaque édition, la Biennale contribue à l’économie et au tourisme de la ville de Lubumbashi. Elle reçoit les collectionneurs, curators…bref, les professionnels des arts visuels venant de différents coins de la planète.
 

Patrick NZAZI

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