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La guerre des ordures à Kinshasa: les courriers qui accusent Matata

la 2ème face du Premier ministre Matata Ponyo dévoilée au grand jour
Premier ministre Matata Ponyo
C’est à tort que le gouverneur de la ville de Kinshasa est pointé dans le dossier des ordures qui font puer la capitale. La vérité est que le Premier ministre a refusé d’honorer les engagements du gouvernement de cofinancer la période transitoire de 12 mois dans le cadre de la mise en œuvre de la première phase pour la pérennisation des acquis du PARAU.
Ni la proposition du gouverneur André Kimbuta de prélever les fonds pourtant convenus de commun accord sur les crédits d’investissement inscrits dans le budget de l’Etat pour le compte de la ville de Kinshasa ni l’appel au respect des engagements de l’ambassadeur de l’Union Européenne Jean-Michel Dumond n’ont pu ramener Matata Ponyo à la raison
L’opinion assiste médusée à une guéguerre entre la Primature et la ville de Kinshasa autour de la gestion des ordures dans la capitale. Lors d’un message le 17 novembre relayé par les radios kinoises, le gouverneur de la ville de Kinshasa appelle le Premier ministre à libérer les fonds pour lui permettre de faire face à la situation d’insalubrité dans la capitale. Dans un communiqué remis                      à quelques journaux le 19 novembre, la Primature affirme,  pour sa part, que «la situation s’insalubrité constatée ces derniers jours à Kinshasa est imputable à la ville».
La Primature soutient aussi que l’Hôtel de ville de Kinshasa a rassuré le gouvernement de la République, dans une correspondance adressée au ministre des Finances le 22 juin 2015, de «sa pleine capacité à s’approprier et à pérenniser le Projet d’appui à la réhabilitation et l’amélioration de l’assainissement urbain à Kinshasa -PARAU-, «une fois que l’Union Européenne se serait retirée». La Primature a tout faux. Son communiqué est truffé de contrevérités frisant la manip. Une enquête d’AfricaNews est en mesure de le prouver.
Pour dire vrai, entre Matata Ponyo et André Kimbuta, la pomme de discorde est le refus du Premier ministre de respecter et d’appliquer l’Accord entre le gouvernement de la République via le ministère des Finances et la ville de Kinshasa au titre de cofinancement d’un montant de USD 800.000 par mois pendant la période transitoire de 12 mois, dans le cadre de la mise en œuvre de la première phase retenue à partir du 21 août 2015 pour la pérennisation des acquis du PARAU, un projet précédemment alimenté conformément à une convention de financement obtenue auprès du Fonds européen de développement -FED.
L’existence de l’accord entre le gouvernement de la République et la ville de Kinshasa est confirmée par le courrier du 10 août 2015 du ministre des Finances Henry Yav Mulang au Premier ministre Matata Ponyo. On y lit: «Monsieur le Premier ministre, j’ai bien reçu votre correspondance par laquelle, vous m’avez instruit de me concerter avec Monsieur le Gouverneur de la ville de Kinshasa afin de vous communiquer la méthodologie, la stratégie et l’approche à adopter afin d’assurer la durabilité du PARAU, spécifiquement en termes de la pérennisation de ses acquis après la date de clôture qui interviendra le 20 août 2015. En vue d’y réserver une suite soutenue, nous avons mis en place une commission mixte composée des experts de la Primature, du ministère des Finances, du ministère des Infrastructures et Travaux publics, du ministère de l’Environnement et Développement durable, du Gouvernement provincial de la ville de Kinshasa, du PARAU, de la COFED, de la RATPK -Régie d’assainissement et des travaux publics de Kinshasa-, du BCECO et des partenaires du PARAU».
Après plusieurs travaux avec les ministres provinciaux en charge de l’Environnement et des Travaux publics, puis avec le gouverneur de la ville de Kinshasa, le ministre des Finances Yav Mulang affirme que les conclusions issues de ces discussions révèlent que le Trésor public qui a déjà en charge de décaisser chaque mois le montant d’un milliard de francs congolais, au titre de financement des travaux d’assainissement et d’embellissement de la ville de Kinshasa, ne saura pas assurer un autre décaissement à hauteur de l’équivalent d’un million d’euros par mois comme c’est le cas avec le FED.
 
Refus du PM d’appliquer l’accord Gouvernement-Ville de Kinshasa
Le ministre des Finances Yav Mulang complète son rapport au Premier ministre en ces termes: «Au terme de l’harmonisation des propositions avancées par les experts, les parties ont convenu de cofinancer la première phase de mise en œuvre de la pérennisation du PARAU allant du 21 août 2015 au 21 août 2016 constituant la période transitoire, pour un montant de 800.000 USD par mois à hauteur de 80% par le ministère des Finances et de 20% par la ville de Kinshasa. Par contre, la seconde phase, qui débutera le 22 août 2016, sera totalement à charge de la ville de Kinshasa».
Puis: «En vue d’atténuer les risques fiduciaires, techniques et d’exploitation afin de remédier au préalable soulevé par la RATPK, les parties ont convenu que pendant la période transitoire de 12 mois, elle bénéficiera de l’accompagnement fiduciaire du BCECO et opérationnel de l’ancienne Unité d’exécution du PARAU».
Coup de théâtre. Voici que le Premier ministre rejette tout ou presque dans une lettre transmise le 12 août 2015 au ministre des Finances Yav Mulang. On y lit notamment: «Par votre lettre référencée CAB/MIN/FINANCES/PP/CMM/2015, vous me faites part de l’accord mieux spécifié en concerne, et je vous en remercie. En réponse, au regard de l’état actuel de la trésorerie et des perspectives électorales, le Gouvernement de la République n’est pas en mesure de prendre en charge la quotité mensuelle lui proposée, dans le cadre de cofinancement de la première phase de mise en œuvre de la pérennisation du PARAU.
Ainsi, afin de permettre à l’exécutif de la ville de se préparer en conséquence, j’autorise la prise en charge d’un mois, par le Trésor public, à dater de ce 21 août 2015. A cet égard, de concert avec le ministre d’Etat, ministre du Budget, qui me lit en copie, je vous demande, suivant les dispositifs arrêtés de commun accord avec la ville, de procéder à la liquidation et au paiement d’un montant de 640.000, 00 USD». Sans blague. La décision est précise sans en référer au Conseil des ministres. Le Premier ministre se rend-il compte que son refus de faire appliquer l’accord met en péril le bien-être et la santé de la population kinoise?
Si Matata ne s’aperçoit pas du danger, André Kimbuta si. Le gouverneur de la ville de Kinshasa tente de ramener le Premier ministre à la raison afin de sauver l’accord et la ville menacés alors que, dans l’entretemps, les USD 640.000 autorisés par le chef du gouvernement sont décaissés en retard et des tonnes de déchets s’accumulent dans les stations empestant l’atmosphère. Kinshasa pue. Sa population est excédée. Dans un courrier daté le 25 août 2015, il saisit le Premier ministre. La lettre de Kimbuta rappelle à Matata Ponyo que l’accord de cofinancement négocié entre le gouvernement de la République et la ville de Kinshasa pour pérenniser les travaux d’assainissement dans les communes de la capitale précédemment financés par l’Union européenne a tenu compte des contraintes financières respectives de l’Exécutif de la République et du gouvernement provincial. Inutile de dire que le budget de la ville repose à 70% sur les fonds de rétrocession alloués par le gouvernement central.
 
Proposition de Kimbuta d’activer les crédits d’investissement: Matata botte en touche 
Kimbuta fait une proposition concrète à Matata: «Face à la difficulté exprimée, dans votre précitée, pour le Trésor public, qui décaisse déjà par mois un milliard de francs congolais pour les travaux d’assainissement et d’embellissement de quelques artères de la Capitale, de prendre en charge la quotité mensuelle convenue avec le ministère des Finances; étant donné que l’engagement du financement a été communiqué au partenaire de la Délégation de l’Union européenne, d’une part, et compte tenu, d’autre part, des contraintes du trésor urbain à prendre en charge  sur fonds propres, la pérennisation du projet, la ville propose le financement du projet par un prélèvement sur ses crédits d’investissement inscrits dans le budget de l’Etat.
Ceci permettra non seulement une reprise et une poursuite sans faille de ce projet, mais aussi la sauvegarde des travaux d’embellissement amorcés par votre autorité». Kimbuta n’importune pas le Premier ministre: Kinshasa, Kongo Central, ex-Province Orientale, ex-Kasaï Occidental, Nord-Kivu et Sud-Kivu n’ont pas bénéficié d’un seul franc dans le cadre des crédits d’investissement inscrits au budget 2015. Mais Matata botte en touche. Dans sa réponse laconique le 2 septembre, il réitère ses instructions contenues dans sa lettre du 12 août 2015 adressée au ministre des Finances.
L’ambassadeur de l’Union européenne Jean-Michel Dumas suit la scène et l’échange épistolaire avec désolation. Dans une lettre début novembre, il a beau se résoudre se plaindre de la lenteur observée dans le décaissement de l’unique tranche accordée par le Premier ministre et rappeler à ce dernier les engagements du gouvernement et les termes de l’accord confirmé par le courrier du ministre des Finances daté le 10 août 2015, Matata reste insensible.
Et quand la crise des immondices éclate, la Primature lève l’option de verser dans la manip, imputant au gouvernement provincial la situation d’insalubrité constatée ces derniers dans la capitale. Mais la Primature ne dit pas en quoi l’assainissement sélectif de 5 communes de la ville de Kinshasa et du boulevard Lumumba, auxquels elle accorde USD 1,4 millions par mois depuis juillet 2012 est plus stratégique que le choix d’accepter de débloquer USD 640.000 chaque mois pour contribuer à l’évacuation et l’enfouissement des immondices de toutes les 24 communes de la capitale.
Voici que des sources bien introduites fustigent la gouvernance du PM affirmant que les USD 1,4 millions évoqués dans le communiqué de presse de la Primature sont mis à la disposition du BCECO pour payer des agents commis au nettoyage de ces 5 communes et du boulevard Lumumba recrutés par des ONG qui seraient gérées par des proches parents du boss. D’aucuns veulent savoir ce que le défunt BCECO vient faire dans l’assainissement de la ville de Kinshasa et si on aide vraiment le Président de des institutions, miroir de la République, ne peut pas présenter une image si hideuse à cause des humeurs pendant que toutes les autorités du pays s’extasient quand elles voyagent à l’étranger.     
AKM
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