Le 30ème Sommet de l’Union africaine -UA- s’est ouvert, le dimanche 28 janvier, à Addis-Abeba. Le Président guinéen Alpha Condé passe le témoin de la présidence à son homologue rwandais Paul Kagame. En dehors du thème générique de la lutte contre la corruption et des dossiers politiques, les dirigeants africains vont aussi se pencher, dimanche et lundi, sur le projet de réforme l’organisation panafricaine.
La cérémonie d’ouverture du sommet a d’abord été retardée par un débat à huis clos de plusieurs heures sur la réforme de l’Union africaine. Comment financer l’organisation afin qu’elle ne dépende plus de ses partenaires extérieurs, comme l’Europe, l’Amérique ou encore le Japon? Le pilote de la réforme, le Rwandais Paul Kagame, souhaite que les 55 Etats africains appliquent une taxe de 0,2% sur tous les produits éligibles qu’ils importent. Cependant, plusieurs pays dont l’économie est très tournée vers l’extérieur, sont hésitants. C’est le cas de l’Egypte et du Nigeria. Pour ces pays, des mesures spécifiques sont envisagées. Autre question, l’Union africaine va-t-elle continuer à se réunir deux fois par an ou va-t-elle revenir au rythme d’un sommet par an, comme au temps de l’OUA? Là aussi, tout le monde n’est pas d’accord.
«Notre cohésion procède de la franchise de nos discussions», a joliment dit le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Le diplomate tchadien a par ailleurs annoncé que le prochain sommet se tiendrait dans six mois à Nouakchott, en Mauritanie. Reste à savoir si ce sera un sommet qui réunira les cinquante-cinq Etats ou simplement les cinq Etats représentant chacune des cinq sous-régions du continent.
Un certain nombre de chefs d’Etat sont venus. Pour l’Afrique du Nord, l’Egyptien al-Sissi, que l’on dit intéressé par le poste de Président de l’Union africaine l’an prochain en 2019, a fait le déplacement. Pour l’Afrique de l’Est, il y a pratiquement tout le monde et pour l’Afrique australe, les deux poids lourds sont là, à savoir: le Sud-Africain Jacob Zuma et l’Angolais João Lourenço pour qui c’est le premier sommet, sans oublier, évidemment, un autre nouveau venu, Mnangawa, le nouveau Président du Zimbabwe qui est très filmé par toutes les caméras, en salle. Pour l’Afrique de l’Ouest, il y a aussi beaucoup de monde, notamment le Nigérian Muhammadou Buhari, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Macky Sall et bien entendu le Guinéen Alpha Condé qui a présidé l’Union africaine toute l’année 2017. Le Burkinabè, Roch Martin Christian Kaboré a annulé sa visite, à la dernière minute, afin de rester auprès des familles des victimes de la terrible explosion qui a endeuillé de nombreux Burkinabè. C’était sur la route malienne Gao-Mopti. Enfin, pour l’Afrique centrale, beaucoup de présidents sont là, notamment le Tchadien Idriss Deby et le Congolais Denis Sassou-Nguesso qui a présidé, dimanche après-midi, le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, en présence de l’envoyé spécial de l’ONU, Ghassan Salamé. En revanche, Joseph Kabila n’a pas fait le déplacement.
«Des sanctions contre ceux qui font obstacle à la paix»
Lors de son discours à l’ouverture du sommet, le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a estimé que «le moment est venu» d’imposer des sanctions contre ceux qui entravent les efforts de paix, sans pour autant donner d’exemples de possibles sanctions. «En Somalie, les efforts doivent se poursuivre pour permettre l’aboutissement de la transition en cours entre l’Amisom et les forces somaliennes. Au Soudan du Sud, comment ne pas redire notre incompréhension face à la violence insensée que les belligérants infligent, avec une cruauté indescriptible, à une population qui n’a que trop souffert? Le moment est venu d’imposer des sanctions à ceux qui font obstacle à la paix. Au Burundi, les partis doivent privilégier le dialogue, seule voie de sortie de crise. En République démocratique du Congo, les tensions et violences de ces derniers jours ont, une fois encore, illustré l’urgence de la mise en œuvre de bonne foi de l’Accord de la Saint-Sylvestre, en vue de la tenue des élections en décembre 2018. En Centrafrique, tout doit être fait pour assurer l’aboutissement de l’initiative africaine pour la paix et la réconciliation, lancée sous les hospices de l’Union africaine. Au Mali, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation doit être accélérée, parallèlement à la mobilisation d’un appui plus important pour la force conjointe du G5 Sahel. Les efforts doivent être redoublés en Libye pour mettre un terme au calvaire des populations. L’Afrique doit prendre toute sa place dans la recherche d’une solution, de concert avec les Nations unies et les autres partenaires concernés», a-t-il déclaré.
Avec RFI