En RD-Congo, l’année 2023 a été marquée par une augmentation des cas de violations et atteintes aux droits de l’homme, rapporte le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme -BCNUDH. Dans son dernier rapport, il évoque plus de 900 cas de violations répertoriés en 2023, caractérisés par des exécutions arbitraires, viols, arrestations et détentions arbitraires, tortures, traitement cruels, inhumains et dégradants ainsi que les pillages, commis par des agents de l’Etat et les groupes armés. Ce, en dépit de l’appel du gouvernement à la politique de «tolérance zéro» envers les auteurs de violations des droits de l’homme notamment au sein des Forces de sécurité du pays.
Pour le BCNUDH, cette augmentation de violations et atteintes aux droits humains s’explique, d’une part, par la documentation d’un plus grand nombre de cas de violence sexuelle liée au conflit, dans le cadre de l’initiative de mise à l’échelle de la réponse humanitaire aux violences sexuelles mais aussi à travers plusieurs missions d’enquête dédiées à cette problématique, y compris dans des zones difficiles d’accès dans les provinces du Maniema et du Tanganyika. «Ainsi, au cours des mois de juillet et aout 2023, le BCNUDH a enregistré et documenté des violences sexuelles liées au conflit contre 120 victimes adultes à raison de 49 victimes en juillet et 71 victimes en août, dont la majorité était attribuée à des membres de groupes armés», note-t-il.
Et, d’autre part, le BCNUDH rapporte que le mois d’août 2023 a aussi été marqué par une augmentation du nombre de violations attribuées aux agents de l’Etat dans les provinces du Nord-Kivu, du Haut-Katanga et de Kinshasa, notamment un plus grand nombre de détentions arbitraires des personnes arrêtées et détenues par les forces de l’ordre dans les cachots sous leur contrôle pour diverses raisons, en particulier pour des raisons ne relevant pas du droit pénal et pour des délais dépassant les 48 heures légales.
Aussi, plusieurs acteurs politiques et de la Société civile ont été menacés ou arrêtés. C’est le cas en Ituri avec l’arrestation de Victor Ngona, porte-parole de cinq communautés -G5- victimes des atrocités des groupes armés; et des arrestations de plusieurs jeunes à Bunia. L’on peut également ajouter à cette liste les arrestations à Kinshasa de Salomon Kalonda, Conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi, Lens Omeonga, collaborateur de l’opposant Delly Sessanga, du journaliste Stanis Bujakera, ainsi que des menaces de mort et tentatives d’assassinat sur Willy Sasa, Secrétaire national en charge des relations extérieures et Diaspora du parti «Engagement pour le Congo» -ECO-, à la suite de sa démission de son poste à cause de l’adhésion de son parti à une plateforme politique qui s’est rangée derrière l’actuel Chef de l’Etat Félix Tshisekedi en prélude des élections de décembre 2023.
Une situation ayant contraint Willy Sasa et sa famille à une vie clandestine. Avec le départ de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo -MONUSCO- tant réclamé par le gouvernement de la RD-Congo, le BCNUDH dit craindre une escalade des violations des droits de l’homme en RD-Congo. Dans son approche globale, le BCNUDH voudrait préparer le terrain, en encourageant les citoyens RD-congolais à dénoncer les violations des droits de l’homme aux autorités et en améliorant la capacité du gouvernement à répondre aux plaintes des citoyens.