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Tshisekedi vs CENCO: l’escalade verbale!

La partie de clash entre l’Eglise catholique et le pouvoir, semble s’envenimer après la sévère réplique, dimanche 25 juin dernier, du Président Félix Tshisekedi à la déclaration des évêques, rendue deux jours plus tôt, à l’issue de la 60ème Assemblée plénière de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO. La voix de Tshisekedi a résonné au point de faire sortir Mgr. Donatien Nshole, porte-parole de la CENCO, de ses gonds pour déplorer la mauvaise interprétation de ladite déclaration «par des gens qui n’aiment pas l’église». Ces gens, à scruter les propos de Nshole, ont induit en erreur le Chef de l’Etat qui, sous le coup de «l’émotion» et «avec rage», a dénoncé «une dérive qui s’est dessinée au sein de l’Eglise catholique».

Faux, lui a rétorqué Mgr. Donatien Nshole, soutenant qu’au sein de l’église, «il n’y a pas de dérive». «L’église a toujours été du côté des faibles. Il y a eu un moment pendant que la situation était chaude, c’est presque tous les deux jours que j’étais à Limete tard le soir voir le vieux Étienne Tshisekedi pour échanger. Tantôt j’étais seul, tantôt j’étais accompagné d’un évêque. En ce moment, il était en position de faiblesse par rapport à un pouvoir qui voulait tout imposer. L’église reste dans cette dynamique. Ce qui a changé est que, ceux qui étaient dans l’Opposition, sont maintenant au pouvoir. L’Eglise défend des valeurs pour promouvoir et consolider la démocratie», a rappelé le porte-parole de la CENCO, tout en martelant sur la «paix» comme «enjeu majeur du dernier message des évêques».

Ce message, a-t-il affirmé, a été signé par tous les évêques sans exception, contrairement à une certaine rumeur qui fait état d’une fissure entre les évêques de la CENCO. «La dynamique a été presque unanime, avec évidemment des amendements. La CENCO ne peut pas diviser», a déclaré Nshole, peu après avoir rappelé les deux principaux thèmes de ce message des évêques.

«La première partie était focalisée sur la situation sécuritaire pour laquelle les évêques ont reconnu les efforts que le gouvernement fait pour ramener la paix dans ce pays. Je crois que le Chef de l’État n’a pas lu notre dernier message. Il s’est contenté de ce qu’on lui a rapporté certainement par des gens qui n’aiment pas l’église. Ils ne lui ont rapporté que les points qui fâchent», a relevé Mgr. Nshole. Puis: «Deuxième chose sur laquelle s’est focalisé le message, c’est le processus électoral. La dynamique du texte c’est pour avoir les élections crédibles et apaisées. Ce que recommande le Chef de l’Etat, c’est ce qui a motivé la lettre des évêques pour arriver à la paix».

Cette paix, à en croire Mgr. Donatien Nshole, est tributaire des élections crédibles et transparentes, gage de la «stabilité et du bien-être de la population» pour éviter les crises de légitimité du pouvoir ayant caractérisé les institutions RD-congolaises depuis l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale il y a 63 ans.

A six mois de la tenue de ces élections, les signaux sont loin d’être positifs, selon l’esprit du message des prélats catholiques qui ont appelé à «la vigilance sur le processus électoral». C’est condition pour ne plus «être désabusés» comme en 2018. Le combat de la CENCO est d’offrir au pays des «institutions à mandat électif dirigées par des personnes réellement élus». Une pique, estime-t-on, contre le Président Félix Tshisekedi, accusé notamment par Martin Fayulu d’avoir volé «sa victoire» à l’issue de la présidentielle de décembre 2018.

Une «vérité» confirmée, dans des termes à peine voilés, lundi par Eve Bazaiba, ministre d’Etat à l’Environnement, lors de son intervention sur les ondes de «Top Congo». «Longue histoire. Nous étions choqués après les élections. On s’est battu. On a été convaincu d’avoir obtenu la victoire. Ça s’est décidé autrement. Le président Tshisekedi a été déclaré gagnant». De quoi donner du tonus à l’appel à la vigilance des évêques qui conseillent la population à «ne pas quitter les bureaux de vote tant qu’on n’aura pas affiché les résultats».

«Avec l’affichage des résultats au niveau des bureaux de vote, nous aurons déjà une idée claire des gagnants. La CENI n’aura d’autres choix que de les confirmer. Au cas contraire, ce serait une haute trahison et n’attendons pas une autre instance pour nous remettre dans nos droits», ont expliqué Mgr. Utembi et ses paires dans leur déclaration du vendredi dernier, non sans rappeler à cette même population qu’elle détient, fort de l’article 64 de la Constitution, le «pouvoir d’imposer pacifiquement la vérité des urnes».

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