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Tribune – Des dénonciateurs aux corrupteurs: après le mensonge, la vérité tombe de la soutane!

Le ver est dans le fruit au sein des Confession religieuses. Dans la nuit du dimanche 29 au lundi 31 août 2020, une information des plus choquantes a fait le buzz sur la toile: «Avec l’accompagnement de leur partenaire financier, l’Union européenne, la CENCO et l’ECC proposent une enveloppe d’au moins USD 100.000 par Confession religieuse pour arriver à faire accepter de chacune de celle-ci un certain droit de veto, en tant qu’églises les plus populaires de la RD-Congo, à la désignation et à l’entérinement par l’Assemblée nationale de Ronsard Malonda, délégué des Confession religieuses à la CENI». Et grâce à ce pactole, s’assurer le vote espéré d’un autre candidat rencontrant l’assentiment des décideurs européens pour présider la CENI. «Fake news!», crient instinctivement certains dans l’opinion. «Les prêtres ne peuvent pas corrompre», argue un journaliste dans un forum sur WhatsApp. «En Allemagne et dans d’autres pays d’Europe, on disait, à tort, des prêtres qu’ils sont aussi incapables de pédophilie», rétorque, sarcastique, un autre.

Difficile de concevoir que des gardiens de la morale, à la voix aussi douce que le miel, ceux-là même qui ont dénoncé, ou pour être juste, accusé les six autres Confessions religieuses soutenant Malonda de corrompues, versent dans des antivaleurs! L’habit ne ferait peut-être pas le moine? Loin du carcan de la mortalité, ces saintes âmes ne craignent peut-être plus l’immortalité. Emancipés de l’idée du bien et du mal, seraient-ils devenus amoraux! Et par conséquent, seule la fin justifierait le moyen?

L’analyse des faits

La rumeur est parfois, sinon souvent, source d’information. Pour en avoir le cœur net, nos limiers ont fouiné dans les milieux des Confessions religieuses et de la Société civile. L’info s’avère vraie et vérifiable à certains égards. Des faits la corroborent. Des sources sûres, l’on sait que la Belgique, fer de lance de l’UE en RD-Congo, se souciait depuis plus d’un an de placer un homme de confiance à la tête de la CENI. Elle avait d’abord jeté son dévolu sur l’éminent historien Isidore Ndaywell du Comité laïc de coordination -CLC.

Malheureusement, le scientifique n’est pas moins politique. Il est membre du parti ARC. Ce qui a bloqué la démarche auprès des catholiques. A défaut, la Belgique a proposé à son partenaire de l’église romaine au Congo le nom d’un autre scientifique, Bob Kabamba. La aussi, il y a eu un hic. Officiellement, ce professeur de l’Université de Liège est déjà devenu Belge, et donc, il n’est plus RD-Congolais au regard de la Constitution qui consacre l’unicité et l’indivisibilité de la nationalité RD-congolaise. Là non plus, les cathos ne savent satisfaire l’ancien colon belge. Mais le besoin persiste. Le choix de Maître Ronsard Malonda comme délégué des Confessions religieuses, le 9 juin, vient perturber les cartes.

Le couple CENCO-ECC n’entend pas lâcher l’affaire. Commence alors la campagne de sape. Inconnu, Malonda devient très vite l’ennemi public. Le pauvre ancien du petit séminaire catholique de Mbata Kiela voit ses pères spirituels le salir à souhait et salir les autres religieux. Ces derniers sont accusés de corruption. La calomnie passe dans l’opinion pendant un temps. Mais la vérité, bien qu’à pas feutrés, fait son chemin. Les événements l’y aident. Faute d’avoir obtenu la présidence de la CENI, le tandem CENCO-ECC se fait chantre de la réforme électorale. Il s’oppose désormais à la restructuration de la CENI, démarche à laquelle il a activement participé, bien que couronnée d’échec.

Le 24 août dernier, le forum pour le Consensus sur les réformes électorales annoncé par l’ECC ouvre ses portes au Centre interdiocésain. L’événement lève le voile sur l’identité des vrais organisateurs: l’Université de Liège, représenté par le même Bob Kabamba, donc la Belgique sur proposition des Églises catholique et protestante au Congo. Un événement? Un non-événement plutôt. Le jour suivant l’ouverture, le constat fait par un participant MLC consacre le flop.

Dans la salle des travaux, les prélats catho, les protestants, les acteurs politiques de Lamuka,… que des personnes du même bord. La Société civile y est à titre figuratif. Pas de FCC ni de CACH. Les travaux prennent ainsi fin. Belgique, CENCO et ECC, engrangent des échecs. Pour sauver les meubles, le même projet de forum change de cible. La Société civile y est maintenant prise pour faire-valoir. A lire dans les médias, certains acteurs influents de la Société civile s’en méfient et se tiennent à distance. Le duo CENCO-ECC trouve son appui auprès de bishop Djamba de la Symocel, prétendant également à être désigné délégué des religieux à la CENI.

Selon des sources, son adhésion à ce projet a été obtenue en échange d’une promesse de soutien de sa candidature par les deux églises. Cependant, deux ne valent pas six. Pas besoin d’être Pythagore pour le savoir. «Dans un vote, avec la configuration actuelle au sein des Confessions religieuses, il est impossible pour l’église catholique et celle du Christ au Congo de faire passer leur candidat à la tête de la CENI même avec la reprise souhaitée du processus de désignation de leur délégué», fait-on remarquer. 

Diviser pour avoir la CENI…

Il est donc aisé d’imaginer la nécessité pour la CENCO et l’ECC de ratisser large, par tous les moyens. Dans un pays où la corruption se porte aussi bien, pourquoi ne verseraient-ils pas quelques pots de vin? Les finances du défunt forum dit de haut niveau sont disponibles. Le lanceur de l’alerte sur les réseaux sociaux cite comme premier contacté dans cette affaire bishop Albert Kankienza, responsable de l’église Foi abondante à Limete et ancien représentant légal de l’Eglise du réveil au Congo.

A ce titre, on aurait pu douter de la véracité de l’info puisqu’il n’engage plus l’ERC depuis juillet 2019. Cependant, dès le lendemain de la désignation de Malonda, on le voit dans de nombreuses interventions sur les trois médias catholiques, sur internet et dans d’autres médias critiquer les six Confessions religieuses. On suit depuis quelques jours, son successeur l’évêque général Sony Kafuta Rockman l’accuser de mettre la chienlit à l’église du Réveil et d’avoir orchestré la tentative d’éviction de celui-ci à la tête de l’ERC. Est-ce un hasard?

Le cas des musulmans renforce la thèse. Tenez: le mardi 25 août, au Centre interdiocésain, un certain Imam Kisesa, déjà garni d’un badge d’expert du fameux forum de haut niveau belgo-catholique, vient brandir un jugement du Tribunal de grande instance Gombe, homologuant un protocole d’accord signé entre Cheikh Zaidi Ngongo et Cheikh Ali Mwinyi, ancien Imam représentant légal de la Communauté islamique en RD-Congo. Les deux ont été déjà jugé sans qualité par le Conseil d’Etat, juridiction administrative dont le jugement est sans appel.

Qu’à cela ne tienne, Kisesa, frappé du titre de vice-représentant légal de la COMICO, est venu pendant la pause des travaux présenté ses lettres de noblesse à l’abbé Nshole. Ce dernier a vite fait d’inviter les médias présents à relayer l’info. Il intime l’ordre au chargé de communication de la CENCO de partager illico presto l’info sur les réseaux sociaux. «Pourquoi Nshole s’immisce dans les affaires des musulmans», s’étonne à mi voix une journaliste. «Schhhhht! Relayons… coupage oblige», réagit-on. La réponse à la question de la journaliste aurait pourtant suffi à tout éclairer. «L’Eglise catholique est devenue une régente des Confessions religieuses», lâche un pasteur. Il en veut pour preuve la rencontre en juin dernier, après le choix de Malonda, entre le Cardinal Ambongo et cheikh Tshibondo, qui se proclame, malgré la loi, représentant légal de la COMICO. Coïncidence encore?

Depuis le début, la machination rencontre un silence monacal de Cheikh Abdallah, représentant légal de la COMICO. Inutile de rappeler le coup de théâtre qui a coûté à l’église kimbanguiste le poste de président de la CIME. Le révérend Elebe parti, son remplaçant, révérend Modudu s’affiche encore aux côtés des cinq autres chefs religieux. Bien qu’à Nkamba où il réside, son représentant est régulièrement visible dans les activités de la CIME. Se compromettra-t-il dans ce dossier de corruption qui désacralise l’image des religieux? Egalement cité, le Professeur Fumunzanza, de l’Eglise orthodoxe où une tentative de créer la zizanie s’est déjà, une fois, soldée par un échec, apprend-t-on. Mordra-t-il à l’hameçon? Difficile à croie. Seul l’avenir en détient le secret.

Autre chef cité, Mgr Simon Nzinga de l’Union des églises indépendantes du Congo, confession qui a parrainé la candidature de Ronsard. Difficile d’imaginer dans ces conditions, cet homme de Dieu se trahir lui-même et trahir le groupe. Et côté Armée du Salut d’où, à en croire le lanceur d’alerte, sortirait le candidat qu’appuieraient la CENCO et l’ECC, il faudra attendre de connaître la position du nouveau représentant légal fraîchement arrivé à Kinshasa. Mais il y a à s’interroger: comment le même poste de président de la CENI promis à Djamba serait encore promis à l’armée du salut? Un marché des dupes?

Pour le lanceur d’alerte, le but visé par cette démarche des catholiques et protestants serait «d’isoler l’Imam Moussa, actuel président ai de la CIME et représentant légal adjoint de la COMICO pour sa lucidité et sa rigueur dans la prise des décisions sur cette affaire». Depuis la désignation de Ronsard Malonda, les six Confessions religieuses subissent des pressions pour les obliger à revenir sur leur choix. Procès, tentatives de déstabilisation par l’opposition des membres, et maintenant la corruption. Or, les religieux savent bien que la calomnie, le mensonge et la division étant l’œuvre de ce «dieu» que les pieux nomment diable, sont des antivaleurs condamnables par les écritures saintes et la loi. Rappelons toute de même qu’en date du 5 juin 2020, les six Confessions religieuses avaient transmis le procès-verbal de la désignation de Ronsard Malonda à l’Assemblée nationale, et ce, conformément à la loi organique de la CENI. Et la plénière de l’Assemblée nationale a entériné cette désignation. Le dossier est donc désormais une affaire institutionnelle. 

MATSHI Darnell

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