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Serge Kadima voit à travers la destitution du ministre de l’Économie le retrait pur et simple de confiance au Gouvernement

Serge Kadima Luabeya, cadre du PPRD, a sa lecture de la récente destitution du ministre de l’Économie, Jean-Marie Kalumba. Il a la conviction qu’il s’agit d’un retrait de confiance au gouvernement du premier ministre Sama Lukonde. Il l’a affirmé dans une tribune publiée lundi. Lisez!

Le microcosme politique congolais a été quelque peu émoussé par la destitution du ministre de l’Économie nationale à l’Assemblée nationale, à travers le vote à la majorité absolue de la motion de défiance lui adressée.

Il me tient à cœur de formuler les remarques ci-après pour éclairer la lanterne de nos concitoyens sur les dysfonctionnements politiques récurrents de la gouvernance actuelle:

  1. Quoique formellement revêtue d’un caractère prétendument démocratique, la décapitation du ministre Jean-Marie Kalumba résonne plutôt comme le signal fort d’un malaise profond -sans éluder le cas de la démission de Kabund- non maitrisé au sein de la majorité de fait dénommée Union Sacrée qui met en péril le Gouvernement Sama Lukonde.
  2. En effet, le cœur de la motion votée par plus de 270 députés nationaux réside dans ce que l’opinion a appelé le dossier «Mpiodi», cette curieuse initiative consistant à importer du poisson chinchard de la Namibie. Il ressort que l’initiative a été bel et bien portée par l’ensemble du gouvernement Sama et elle a même fait l’objet de promesses ferme du Président de la République! Dès lors, dans le succès comme dans l’échec, le dossier “Mpiodi” est frappé du principe de solidarité gouvernementale. 

D’autant qu’il s’agit d’une action validée en Conseil des ministres et qui a fait l’objet de plusieurs réunions en commission ECOFIN du Gouvernement et même au comité de conjoncture dirigé par le premier ministre lui-même. Les missions conduites en Namibie et ailleurs ont certes été présidées par le ministre de l’Économie nationale, mais elles ont connu le concours actif de la Présidence de la République, de la Primature, signe d’une appropriation par l’Exécutif de cette démarche aujourd’hui sanctionnée par les députés nationaux. Il ne fait aucun doute que dans ces conditions, le P
Premier ministre a largement engagé sa prérogative de coordination de l’action gouvernementale et est donc exposé.

  1. Politiquement, il serait aujourd’hui impossible de nier l’échec des Warriors et de la vision de l’Union sacrée quand c’est leur majorité qui démontre elle-même les évidences de cet échec et parvient à sanctionner par un vote de défiance la seule initiative qui était présentée comme salvatrice pour le social des Congolais.

Politiquement, il revient au Premier ministre de prendre la réelle mesure de la déchéance du ministre Kalumba en ce sens que c’est son action ou plutôt son inaction à la tête du Gouvernement qui est remise en question.

  1. En effet, comment comprendre que la majorité disposant de plusieurs outils pour contraindre un de ses ministres à la démission lorsqu’elle l’estime nécessaire ait levé de passer par une sanction parlementaire? Il est de plus évident que cette inélégance politique assumée consiste de facto en un retrait pur et simple de la confiance à l’ensemble du Gouvernement Sama, émanation de cette majorité de fait. L’unicité de l’action gouvernementale est un principe-clé en politique.
  2. Aussi, la pénurie de carburant qui frappe le pays et qui a fait l’objet de l’un des griefs retenus contre le ministre de l’Économie est une autre illustration de l’échec de l’Exécutif dans son ensemble. En effet, la politique des prix à la pompe est placée sous l’encadrement direct du Premier ministre avec une implication ouverte de la Présidence de la République. C’est le Premier ministre qui valide ou non les modifications des prix.

Dans sa défense au parlement, le ministre de l’Économie a lui-même révélé à l’opinion que les prix à la pompe sont largement inférieurs à leur niveau réel et que le litre aujourd’hui vendu à 2095 franc congolais revient en réalité à 3500 francs congolais. Raisonnablement, on peut affirmer qu’en vertu de l’étroitesse du budget de l’État malgré les performances fantômes vantées, il sera impossible au Gouvernement de subventionner près de 1500 francs par litre à la pompe. Par conséquent, on devrait s’attendre soit à une hausse vertigineuse des prix à la pompe, soit à une aggravation des pénuries parce que les sociétés pétrolières ne peuvent pas renouveler leurs stocks en vendant leurs produits à perte. C’est toute de l’économie nationale qui est déjà impactée d’une marinière ou d’une autre.

En somme, la plus grande déception de la population réside dans le fait que ce qui se passe dans le secteur de l’économie est presque la même situation dans tous les secteurs de la vie nationale.

Serge KADIMA LUABEYA

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