«S’il faut diversifier et industrialiser les économies africaines, il importe de savoir ce que les PME produisent et leur apporter les crédits nécessaires», a proposé le ministre des Finances, faisant savoir qu’en ce qui concerne la République démocratique du Congo, la BCC a ouvert une ligne de crédit pour apporter un soutien aux PME et convaincu que la diversification et l’industrialisation des activités économiques, la désaccoutumance aux matières premières ainsi que la mobilisation efficiente des ressources financières s’imposent
La crise sanitaire liée au Coronavirus a paralysé l’économie mondiale en général et africaine en particulier. Alors que les partenaires traditionnels semblent avoir levé l’option de jouer en solo, pour leurs propres comptes, les gouvernements africains et leurs animateurs sont tenus de se défier, de proposer des plans de résilience. Le ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Sele Yalaghuli s’est prêté à cet exercice en évoquant des pistes de solution au cours de l’émission «Le Débat africain» diffusée dimanche sur RFI. L’argentier national est d’avis que, contrairement à la crise des subprimes des années 2007 et la crise financière de 2008 qui ont laissé le continent noir du simple fait de son faible niveau d’intégration financière, «la crise du Covid-19 ne va pas épargner l’Afrique et c’est le moment pour le continent d’aller vers un plan de relance de l’économie basé sur des nouveaux paradigmes de développement pour se délester de la dépendance extrême à l’économie internationale afin de s’ériger en des économies autonomes intraverties».
Sele Yalaghuli a précisé que ces nouveaux paradigmes de développement supposent de nouvelles approches basées, entre autres, sur une évaluation ex-post de l’Initiative PPTE dont le mécanisme d’effacement de la dette extérieure n’a pas permis à l’Afrique d’avancer. Pour bouger les lignes, le ministre des Finances a suggéré le pragmatisme, notamment par la diversification et l’industrialisation des activités économiques, la désaccoutumance aux matières premières… la mobilisation efficiente des ressources financières. «Il importe de savoir ce que les PME produisent et leur apporter les crédits nécessaires», a-t-il estimé, indiquant que sous l’impulsion du Président Félix Tshisekedi, l’Union africaine a tenu une série de réunions pour permettre à l’Afrique de faire face au choc dû au Covid-19.
Le ministre a fait savoir qu’en ce qui concerne la République démocratique du Congo, la Banque centrale a ouvert une ligne de crédit pour apporter du soutien aux PME de manière à garantir la résilience dans le domaine microéconomique. Dans une tribune publiée fin avril par le site en ligne Zoom Eco, le lobbyiste-stratégiste Patrick Onoya a évalué à 500 millions de dollars le Plan de soutien à la relance de 100.000 PME et TPE après Covid-19. Cet argent, a-t-il soutenu, peut être mobilisé par le gouvernement en termes de «garanties d’Etat», l’objectif étant de contribuer à la redynamisation de l’économie nationale.
Ces PME se chargeraient, par exemple, de la production de la nourriture pour la population, a précisé Sele, insistant sur l’électrification du continent et la mise en route des solutions au cas par cas plutôt que des discours dithyrambiques et laudatifs. Explications: en tant qu’économiste, Sele Yalaghuli n’a jamais cru qu’il existait un modèle économique applicable à tous les pays de la même manière. «Chaque pays a ses spécificités, ses contingences historiques, institutionnelles et culturelles», a-t-il argumenté, se montrant plutôt favorable à une définition claire des politiques publiques au niveau national, suivies de manière intergénérationnelle. L’idée est «d’éviter les politiques de stop and go» parce qu’il s’impose la continuité dans la suite des politiques.
Le plan de relance de Sele met aussi un point d’honneur sur la mutualisation des efforts évitant que les regroupements économiques sous-régionaux et régionaux africains se substituent en une plate-forme supranationale pour tracter chaque pays. «Il faudrait que chaque pays puisse avoir ses politiques bien qu’appartenant à une communauté. Et l’avantage aujourd’hui c’est qu’au niveau de chaque regroupement sous-régional, il y a les convergences des critères économiques tant au niveau macroéconomique que de l’économie réelle, qui témoignent d’une réelle volonté des pays africains de mutualiser les efforts afin d’évoluer ensemble», a-t-il plaidé.
AKM