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Sanctions contre le Rwanda: Kinshasa s’active

Pour la cheffe de la diplomatie RD-congolaise, le temps des «condamnations verbales» est révolu. Devant les représentations diplomatiques, elle a exigé des «sanctions ciblées contre les responsables des violations graves» à l’Est du pays, après avoir interpellé la «conscience du monde» face aux exactions y perpétrées à l’Est

Pour sa politique étrangère, la République Démocratique du Congo, désormais dirigée par un nouveau gouvernement chapeauté par la Première ministre Judith Suminwa sous la houlette du Président Félix Tshisekedi, a affiché de nouvelles ambitions. Particulièrement, dans l’approche diplomatique de la guerre d’agression dont le pays dit être victime, dans sa partie Est, de la part de son voisin, le Rwanda.

Ces ambitions, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’Etat aux Affaires étrangères, accompagnée de son adjointe, Gracia Yamba Kazadi, les a déclinées, jeudi 27 juin 2024, à la faveur de sa première rencontre avec le corps diplomatique accrédité à Kinshasa. Après avoir poussé la Communauté internationale à reconnaitre le Rwanda comme «auteur de l’agression de la RD-Congo via les rebelles du M23», Kinshasa est loin de se satisfaire des «simples condamnations verbales». Il en «veut plus» maintenant.

De membres du Conseil de sécurité de l’ONU, Kinshasa n’attend désormais plus que des «sanctions ciblées» contre le Rwanda, accusé de «bafouer quotidiennement des conventions internationales» par ses activités militaires sur le territoire RD-congolais.

Le moment, à scruter les propos de Thérèse Kayikwamba, est tout trouvé. Il tombe la veille des discussions pour l’évaluation du mandat de la MONUSCO, qui expire en décembre prochain, en vue d’une probable prolongation, et en plein cœur du processus de retrait progressif des forces onusiennes du sol RD-congolais.

Une nouvelle campagne après «Rwanda is killing»

A en croire la min’Etat aux Affaires étrangères, ces sanctions passent pour la condition sine qua non afin de parvenir à «restaurer la paix et l’intégrité» de la RD-Congo. Kinshasa, dont le Président et la Première ministre ne cessent de redire leur détermination à pacifier la région du Kivu, reste «convaincu» et se «mobilise» pour mener des «actions fortes» et obtenir la condamnation du Rwanda et autres auteurs impliqués dans la déstabilisation du pays.

Au concept «Rwanda is killing» va se succéder «la campagne du Rwanda impunie», dévoilée par la ministre d’Etat Kayikwamba. Cette campagne est «la priorité pour notre gouvernement», a-t-elle fait savoir, non sans dénoncer «les actions du gouvernement rwandais qui ont contribué à la précarité sécuritaire à l’Est de la RD-Congo».

«La précarité sécuritaire à l’Est du Congo reste le défi majeur pour la stabilité dans la région et une interpellation pour la conscience du monde au regard des pertes en vies humaines. Plus tôt cette année, notre Président a souligné les circonstances graves dans cette région portant atteinte à la souveraineté nationale
et la sécurité», a relevé la cheffe de la diplomatie RD-congolaise, évoquant dans la foulée le récent rapport du groupe d’experts des Nations-Unies qui «réaffirme l’implication du Rwanda à travers son agression contre la RD-Congo, où le Rwanda est responsable des violations graves et massives du droit international général, du droit international humanitaire, des droits humains».

Retrait responsable et ordonné de la MONUSCO

Dans un autre chapitre, la ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner s’est réjouie, devant le corps diplomatique, du «retrait responsable et ordonné» de la MONUSCO. La mission onusienne, sous le regard de la Première ministre Judith Suminwa, a procédé, le mardi dernier, à la fermeture de son bureau de Bukavu. Ce qui a marqué la fin de la première phase du départ des forces onusiennes du sol RD-congolais. Ce départ, a soutenu la min’Etat Kayikwamba, «témoigne à suffisance de l’engagement du gouvernement RD-congolais à s’assumer pleinement» dans la protection des citoyens et leurs biens.

«Le processus de désengagement de la MONUSCO représente une étape significative vers l’affirmation de notre capacité et volonté souveraine à garantir la sécurité et la paix», a-t-elle souligné, peu avant d’aborder, avec «fierté», le rôle de médiateur, incarné avec «succès» par le Président Félix Tshisekedi, dans la résolution de la crise politique au Tchad.

Elle a «salué l’aboutissement heureux du processus de transition et la tenue de l’élection présidentielle grâce aux efforts de la facilitation menée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo».

La mission de Kayikwamba aux commandes de la diplomatie

Avec le corps diplomatique accrédité à Kinshasa et les représentants des organisations internationales, la min’Etat Kayikwamba a partagé la mission lui assignée par la Première ministre Judith Suminwa. Cette mission, a-t-elle révélé, se décline en quatre axes à savoir: réhabiliter et rationaliser ses missions diplomatiques, renforcer les compétences à travers des formations et des recyclages continus du personnel diplomatique, promouvoir le placement des cadres RD-congolais au sein de la fonction publique internationale et redynamiser l’Académie diplomatique.

En la déclinant à l’attention du corps diplomatique, Kayikwamba entend rassurer de la disposition du gouvernement RD-congolais à «approfondir et à diversifier des partenariats fructueux avec les États et Organisations» ainsi qu’à «poursuivre -ses- efforts de coopération -qui- vise à garantir la croissance économique et le développement durable pour le peuple RD-congolais».

Pour y parvenir, la RD-Congo, a rassuré Rachid Agassim, Ambassadeur du Maroc à Kinshasa et doyen du corps diplomatique, peut compter sur tous les membres dudit corps diplomatique. «La communauté diplomatique accréditée en RD-Congo est toujours prête et disposée à œuvrer de concert avec les instances compétentes de votre pays et à leur tête le ministère des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, qui est notre interlocuteur principal. Et ce, pour le renforcement des relations bilatérales à tous les niveaux: politique, économique et culturel», a déclaré le diplomate marocain.

Avec Kinshasa, a-t-il soutenu, ces différentes missions diplomatiques veulent nouer des «relations basées sur le respect mutuel et la confiance» et qui, en plus, sont «tournées vers l’avenir et adaptées aux exigences du 21ème siècle».

Elles sont toutes aussi motivées à accompagner la RD-Congo pour que «la sécurité, la paix et la stabilisation» deviennent un vécu, car, de leur avis, «la paix est la seule voie qui permettra la quiétude et l’épanouissement de nos relations».

Ainsi, les missions diplomatiques à Kinshasa, par la bouche de Rachid Agassim, Ambassadeur du Maroc, sont «préoccupées» par la situation sécuritaire dans l’Est. Elles ont donc émis le «vœu de voir le processus de paix toujours en cours et en place ainsi que toute initiative sincère pour la paix aboutir pour le bien fait de tous les pays de la région».

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