Madame la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, après avoir clôturé vendredi 19 avril 2024, ses consultations des partis et regroupements politiques, le samedi 20 avril 2024, elle poursuit ses consultations, cette fois-ci, avec les mouvements associatifs de la Société civile et de représentativité féminine préalablement à la formation de son gouvernement.
Que peut-on en retenir?
1. Méthode et sens du travail méticuleux: en effet, dans un marathon de 7 jours sans répis, Madame la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a consulté méthodiquement, non seulement les partis et regroupements politiques, mais a également élargi ses consultations aux associations de la Société civile et de représentativité féminine, ainsi qu’à des couches vulnérables dans la société RD-congolaise, surprenant, ipso facto, quelque peu agréablement l’opinion publique tant nationale qu’internationale;
2. Affirmation d’indépendance et de leadership politique personnel responsable et éclairé: première femme à être nommée Première ministre de la RD-Congo, de surcroit à la veille des élections pluralistes, ayant abouti à une majorité de coalition, l’obligeant, de fil en aiguille, à former un gouvernement de coalition, des craintes avaient vite pris de la voix dans l’opinion nationale, notamment de voir les chefs des partis et regroupements politiques de la coalition de l’Union sacrée -qui ne sont pas de moindre- prendre de l’ascendance sur la Première ministre pour lui dicter leurs volontés et prétentions politiques égoïstes. Que non.
Très vite et sans ambages, avec mesure, elle a donné sa vision du profil personnel et moral de personnes devant faire partie de son gouvernement: «pas de chefs des partis». L’opinion publique lui en a donné acte, comprenant sa préoccupation, mieux, sa crainte de voir son gouvernement devenir une arène d’affirmation et d’affrontements des égos en termes de poids politiques, d’expérience et de cursus politiques responsables ou élogieux, au lieu de se pencher sans différé sur le relèvement de nombreux défis qui attendent les actions du gouvernement de la première femme Première ministre de la RD-Congo en vue d’améliorer le quotidien de la population.
Là, il faut également jeter des fleurs au Président de la République, Chef de l’État -champion de la masculinité positive- qui, bien qu’ayant nommé préalablement un informateur, en la personne de l’honorable et Secrétaire général du parti au pouvoir -UDPS-, Augustin Kabuya, n’a pas voulu imposer à la Première ministre une démarche et des noms choisis à priori. Il lui a plutôt laissé les coudées franches pour définir discrétionnairement le profil personnel et moral des personnes que les entités consultées doivent lui proposer pour faire partie de son gouvernement, comme l’a si bien résumé l’ancien ministre de l’Industrie, Julien Paluku: «Des hommes et des femmes aux idées novatrices, faisant preuve de compétence, d’expertise et de probité». Aucun doute, les fleurs actuellement aperçues aux branches de l’arbre tiendront la promesse des fruits attendus par le peuple.
3. Souci d’une participation empreinte de plus de représentativité à son gouvernement: l’opinion publique s’attendait à voir la Première ministre limiter ses consultations aux partis et regroupements politiques. Mais elle les a également étendus aux mouvements et associations de la Société civile, dans une vision axée sur le souci de la représentativité et de la femme en particulier, en droite ligne avec la vision et la politique du Chef de l’Etat, lui-même, qui a mieux fait que ses devanciers à ce poste, en nommant pour la première fois une femme Première ministre de la RD-Congo.
4. Option d’une place de choix à réserver à la femme: parmi les associations de la Société civile consultées, les femmes figurent en bonne place. En effet, la Première ministre a élargi ses consultations pré-gouvernementales aux associations des femmes juristes au Congo, au Réseau des femmes leaders d’Afrique, aux femmes professeurs de la RD-Congo, à la Dynamique nationale des femmes candidates, à la Synergie des femmes pour la paix et la sécurité, à l’Union des femmes des médias, ainsi qu’au Cadre permanent de concertation de la femme congolaise. Cette place particulière réservée à la femme RD-congolaise par la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, loin d’être un réflexe sexiste et bassement revanchard sur l’histoire politique de la RD-Congo dominée par le règne des Premiers ministres hommes, répond plutôt à la fois au souci de la mise en pratique de la politique du Chef de l’État sur la participation de la femme à la gestion de la chose publique, mais également à la vision éclairée de Madame la Première ministre qui tient à élargir l’application en RD-Congo de l’article 14 de la Constitution qui dispose: les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assure la promotion et la promotion de ses droits. Ils prennent dans les domaines, notamment civile, politique, économique, sociale et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Au demeurant, cette option rencontre les engagements internationaux auxquels a souscrit la RD-Congo dans le cadre du système des Nations unies, notamment le Pacte international relatif aux Droits civils et politiques des États membres.
5. Option majeure et primordiale, la réduction du train de vie des institutions: cette option dont la population ainsi que les acteurs politiques et des mouvements associatifs ont pris acte relève, sans contredit du réalisme politique, du bon sens politique et de la responsabilité de femme d’Etat dans le chef de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka.
Pourquoi s’encombrer d’un gouvernement pléthorique, éléphantesque et budgétivore lorsque les dépenses de guerre que subit la RD-Congo dans sa partie Est siphonnent pitoyablement les deniers du Trésor public?. Les chefs de regroupements et partis politiques se sont tenus pour dire et affirmer par la Première ministre. Ce leitmotiv doit être mis en pratique, si besoin en était, même à coup de collectif budgétaire et de réduction drastique de frais de fonctionnement à allouer aux institutions d’appui à la démocratie, peu ou pas du tout efficientes à l’amélioration de la gouvernance et du bien-être de la population.
Que dire en guise de conclusion?
Le cri de la Première ministre à l’endroit des entités consultées, après les critères énoncés peut-être celui-ci: «Ne me faites pas tarder». Le salut urgent du peuple RD-congolais doit régenter patriotiquement toute affaires cessantes l’envoie de vos listes respectives avec plusieurs propositions alternativement soumises à ma discrétion. L’histoire de la RD-Congo et du monde nous observe. Agissons pour le meilleur de nous-mêmes et de notre postérité.
Ardent KABAMBI
Juriste et analyste politique