La dépouille d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé depuis deux ans en Belgique, a été rapatriée jeudi 30 mai à Kinshasa. Trois jours de funérailles et ultimes hommages populaires sont prévus pour célébrer le retour posthume de l’une des figures historiques de la RD-Congo.
Le corps d’Étienne Tshisekedi, figure emblématique de l’histoire politique de la RD-Congo et père de l’actuel Président Félix Tshisekedi, est arrivé jeudi 30 mai, à Kinshasa. Deux ans après sa mort, l’ex-opposant et Premier ministre sera enterré samedi. Trois jours de funérailles et derniers hommages populaires sont prévus jusqu’à l’enterrement.
Durant ce deuil national, ses restes seront présentés au public. Une messe ainsi qu’un recueillement populaire seront organisés ce vendredi 31 mai, au stade des Martyrs. L’inhumation aura lieu samedi, dans la concession familiale de la Nsele, ex-haut lieu du mobutisme, à l’Est de Kinshasa, entre le fleuve Congo et les plateaux Bateke.
Des «perturbations» à prévoir
Les ambassades belge et française ont prévenu leurs ressortissants que des «perturbations pourraient avoir lieu en soirée et pendant une partie de la nuit» à Kinshasa. L’ex-opposant et ex-Premier ministre Étienne Tshisekedi est décédé à l’âge de 84 ans le 1er février 2017, à Bruxelles, où il allait se faire soigner. Son corps reposait depuis dans un funérarium de la capitale belge, faute d’accord entre sa famille et l’ancien régime du Président Joseph Kabila sur le rapatriement et l’organisation des obsèques.La situation s’est éclaircie avec l’investiture, le 24 janvier, de son fils Félix, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre.
Code Swift
Mercredi après-midi, les autorités ont offert une journée «chômée et payée» aux habitants de Kinshasa pour le coup d’envoi de ces funérailles longtemps différées. Selon l’AFP et France 24, tout est tombé à l’eau mercredi soir sur la base aérienne de Melsbroek peu avant l’heure du départ prévue et avant un hommage en présence du ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, lui aussi annulé. Le vol de mercredi soir «a dû être reporté à la dernière minute pour des raisons logistiques», a indiqué un court communiqué des autorités de la RD-Congo. Tout a failli être gâché. On a appris qu’il y a eu plusieurs personnes que prévues pour prendre place à bord de l’avion affrété initialement.
On a également évoqué le désordre dans l’affrètement de l’avion. Les sources proches du dossier ont parlé d’un retard dans la transmission du Code Swift et la disponibilisation d’un avion négocié en Asie. «On a finalement levé l’option de se rabattre sur un appareil disponible dans un pays africain», a confié un membre du sérail, laissant entendre que des responsables de cette situation ne manqueraient pas d’être châtiés.
Né en 1932, Étienne Tshisekedi a été un proche du dictateur Mobutu Sese Seko avant de passer à l’opposition. Le natif du Kasaï était même ministre de l’Intérieur quand Mobutu a envoyé à la potence quatre responsables politiques en les accusant de préparer un complot le 1er juin 1966. Ces «Martyrs» de la Pentecôte donnent leur nom au stade de Kinshasa où un dernier hommage populaire doit être rendu au défunt.
Avec un groupe des dignitaires mobutistes révoltés, Tshisekedi est passé dans l’opposition en fondant dans la clandestinité l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- en 1982. Le «Sphynx» de Limete, du nom de sa commune de résidence à Kinshasa, a été brièvement Premier ministre dans les années 90, à quatre reprises, avant de repasser dans l’opposition au régime des Kabila père et fils à partir de 1997. Candidat à l’élection présidentielle de 2011, il avait refusé de reconnaître la réélection de Joseph Kabila en se proclamant président élu.
YA KAKESA
