Les habitants des communes de Kimbanseke et de Masina, riverains de la rivière Mokali dans le district de la Tshangu, dans l’Est de Kinshasa, sont souvent victimes des inondations à chaque fois qu’il pleut. A chaque pluie, la rivière déborde et envahit des quartiers entiers causant des pertes en vies humaines et des dégâts matériels très importants. On attribue cette situation désastreuse aux constructions anarchiques qui ont envahi le lit de cette rivière avec la complicité des chefs de quartiers et des services des affaires foncières. Pour palier cette situation, l’Office des voiries et drainage -OVD- a déployé ses engins pour curer la rivière Mokali. Mais la population estime que cette opération ne se fait pas bien car, les constructions anarchiques constituent un obstacle et que les deux rives de cette rivière ne sont pas bétonnées pour contenir des eaux comme c’est le cas pour les rivières Kalamu et Makelele dont les lits sont protégés. Les habitants de ces communes s’expliquent.
La ville de Kinshasa connait un agrandissement hors normes. Les constructions anarchiques pullulent. L’environnement est pollué. Conséquence immédiate: plusieurs communes et quartiers sont inaccessibles et connaissent des inondations à chaque pluie. Quand il pleut, on enregistre des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables. C’est le cas des communes de Kimbanseke et de Masina.
Les habitants des quartiers riverains de la rivière Mokali qui traverse le boulevard Lumumba à la hauteur de Pascal et Quartier III en font les frais. Les concernés ont saisi les autorités compétentes. C’est ainsi que dans le cadre du programme des infrastructures du Chef de l’Etat, les engins de l’Office des voiries et drainage -OVD- de la ville de Kinshasa ont été déployés pour curer la rivière Mokali. Hélas! La population estime qu’à cause des constructions anarchiques le long de deux rives de ladite rivière, l’OVD s’est buté à la résistance des propriétaires et ne sait pas quoi faire.
Il risque de faire un travail bâclé qui ne résoudrait pas le problème des inondations car, ses agents de sont rendus sur place pour curer la rivière sans être accompagnés ni par les services de l’Urbanisme et Habitat, des Affaires foncières et de la Police de démolition pour constater qui a construit sur le lit de la rivière afin de remettre de l’ordre.
La rivière inonde les quartiers quand il pleut
«Nous sommes en grande difficulté surtout pendant la saison de pluie», témoigne André Muteba, habitant de Quartier 17 mai dans la commune de Kimbanseke. Selon lui, depuis que les Chinois ont construit le nouveau pont sur la rivière Mokali, précisément sur le boulevard Lumumba à Tshangu, les débris de l’ancien pont ont été jeté dans l’eau et n’ont pas été évacués pour rendre le lit perméable. «Quand il pleut, la rivière se remplit. Les eaux sont bloquées au niveau du pont et notre quartier est inondé à partir des avenues Lubwa, Basoko, Nzazi, Kingombe, Lomela, Bola, Mafuta, Makengo 1 et 2», se plaint-il, relevant que «si vous n’êtes pas sur place quand il pleut, vous allez tout perdre à cause des inondations et même être victime surtout là quand vous dormez».
Pour résoudre ce problème, les concernés ont saisi les autorités compétentes sollicitant le curage de la rivière Mokali et surtout le débouchage du pont Mokali en évacuant les débris de l’ancien pont qui a été détruit lors de la construction du nouveau pont. «Nous avons constaté les autorités dans le cadre du programme de construction des infrastructures du Chef de l’Etat. L’OVD a déployé un engin pour curer la rivière», indique André Muteba, disant que «la manière dont ce curage se fait, ne pourra pas résoudre définitivement le problème car, l’engin qui travaille n’est pas approprié du fait qu’il ne peut pas plongé dans l’eau».
Selon lui, ce problème pourrait être réglé si le curage se faisait sur une distance de 2 km de chaque côté du pont notamment Kimbanseke en amont et Masina en aval. Toutefois, il évoque aussi les constructions anarchiques qui ont rétréci le lit de la rivière Mokali. Saisissant l’occasion, André Muteba remercie les autorités compétentes pour avoir pris l’initiative de curer la rivière Mokali. «Mais il faut faire le suivi afin que le travail soit bien fait», propose-t-il, sollicitant l’implication des habitants victimes des inondations. «Nous avons constaté que l’OVD n’a pas sensibilisé la population concernée. Nous demandons à l’Etat d’impliquer également tous les services de l’Urbanisme et Habitat pour voir quel habitant a dépassé les limites de sa parcelle en occupant le lit de la rivière et faire appliquer la loi», souligne-t-il.
Construire des murs d’endiguement les deux rives de Mokali
Mme Émilie, habitant du Quartier 17 mai, à 20 m du pont de la rivière Mokali confirme les propos d’André Muteba. «Nous sommes souvent victimes des inondations quand la rivière Mokali déborde. Et c’est tout le quartier qui se trouve sous les eaux», fait-elle savoir, regrettant que souvent les enfants sont emportés par les eaux, y compris des maisons entières.
«Nous avons entrepris des démarches auprès des autorités afin qu’on puisse construire des murs d’endiguement les deux rives de la rivière Mokali comme on l’a fait pour les rivières Kalamu et Makelele. Toutes les autorités du pays en commençant par le Président de la République et le Premier ministre traversent la rivière Mokali pour aller à l’Aéroport international de N’Djili. Ils voient tout», dit-elle. Et d’ajouter: «à part du pont jeté sur le boulevard Lumumba, du côté de Kimbanseke en amont et de Masina en aval, on peut construire de murs d’endiguement pour canaliser les eaux sur une longueur de 1000 m. Malheureusement, nous constatons que l’OVD vient juste faire le curage. Après 3 ou 4 mois, le sable et les immondices remplissent le lit et on subit les mêmes inondations».
Chefs quartiers et vendeurs aux bancs des accusés
Sur place, dans la commune de Masina, en aval, nous avons surpris l’engin de l’OVD en plein curage le mardi 30 janvier. Un travail qui n’enchante pas les riverains. «Notre préoccupation majeure est que nous sommes souvent inondées. Le curage de la rivière Mokali que l’OVD fait aujourd’hui est une distraction», fait savoir Jean Claude Kalombo Ngandu, rencontré sur place. Selon lui, le curage devrait se faire de l’amont vers l’aval.
«Mais ce que l’OVD fait avec son engin, au lieu de commencer le curage sur le pont Mokali, cet engin travail en aval du pont et il est passé par une concession privée qui encombre le lit», déplore-t-il. En plus de cela, cet habitant pointe du doigt accusateur les vendeurs des différents marchés qui jettent leurs immondices dans la rivière Mokali ainsi que les chefs de quartiers qui octroient de fiches parcellaires aux occupants illégaux les deux rives de cette rivière.
«Autre élément majeur, les immondices des marchés de Pascal sont journalièrement déversés dans la rivière Mokali par les vendeurs. Il faut commencer par stopper cette hémorragie de jeter les immondices dans la rivière. De deux, des gens qui ont acheté des parcelles le long de la rivière, ont récupéré quelques mètres jusqu’à occuper le lit. Ils se permettent de mettre des sacs et planter des bambous de Chine le long de la rivière pour protéger leurs parcelles oubliant qu’ils rétrécissent son lit et coincent les eaux. Une situation qui provoquent le retour des eaux causant des inondations intempestives», fustige-t-il, accusant aussi les chefs de quartier d’être complices.
«Les chefs de quartier sont aussi à la base de nos difficultés aujourd’hui. Tous les longs de rivière sont occupés illégalement sous leurs yeux et ils ne disent rien», dénonce-t-il. JC Kalombo demande à ce que les routes soient construites le long des deux rives de la rivière pour séparer les habitant du lit et diminuer ainsi les cas des inondations.
A l’en croire, les services compétents devraient mener une enquête pour voir ceux qui n’ont pas respecté les normes urbanistiques de construction et démolir toutes les constructions anarchiques érigées le long des rivières car, le sol et le sous-sol appartiennent à État. «Nous avons enregistré plusieurs pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants à cause des inondations. Aujourd’hui, même certains de nos habitants blessés sont hospitalisés. Tout cela à cause de constructions anarchiques et la complicité des chefs de quartiers», fustige encore JC Kalombo.
L’ingénieur de l’OVD que nous avons trouvé sur place n’a pas eu le temps de répondre à nos questions car, pendant notre passage, il était appelé urgemment par sa hiérarchie. Le constat amer est que plusieurs inondations enregistrées à Kinshasa sont dues au comportement pervers de certains habitants qui ne respectent pas les normes de construction.