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PALU : Le coup de force de Dorothée Gizenga

«Je demande à tous les militants du parti de soutenir le processus légitime, qu’ils se rangent derrière moi et toute ma Commission pour que nous allions tout droit vers le Congrès extraordinaire, le seul processus possible», a exhorté la fille du Chef historique et sœur de son jeune frère, successeur aux fonctions de Secrétaire permanent, chef du parti… 

Au PALU, les Gizenga ont tendance à pratiquer le regroupement familial et se pérenniser pour toujours aux commandes. Après le père, Antoine, fondateur et chef historique, aux affaires depuis la création du parti en 1964 jusqu’à sa mort le 24 février 2019, Lugi, son fils, deuxième de la fratrie, s’est à son tour installé dans les fonctions de Secrétaire permanent intérimaire jusqu’à son décès le 1er juin 2020. Le successeur porté en terre jeudi 18 juin, sa sœur Dorothée a fait irruption sur la scène, donnant au monde l’impression que feu Antoine Gizenga a créé le PALU pour faire la politique avec sa femme, ses enfants, neveux et autres proches parents.

«Mais qui est encore Dorothée Gizenga? Elle a occupé quel poste au sein de la direction politique du parti pour prétendre se mêler de son fonctionnement?» Un député PALU lance cette formule sarcastique après avoir appris jeudi par médias interposés la décision de la fille de la figure emblématique du parti d’en régenter la marche jusqu’à la convocation, par elle, du congrès extraordinaire. Loin de toute éthique, quelques heures seulement après l’enterrement de son frère Lugi, Dorothée Gizenga s’est fendue d’une déclaration sur Top Congo Fm, demandant à la base de se ranger derrière elle. 

«Je demande à tous les militants du parti de soutenir le processus légitime, qu’ils se rangent derrière moi et toute ma Commission pour que nous allions tout droit vers le Congrès extraordinaire, le seul processus possible», a exhorté Dorothée Gizenga, relayée par la radio de Christian Lusakueno. Pour cela, elle a proposé «un délai de 30 à 45 jours, pour l’organisation de ces assises».

Puis: «nous ne voulons pas qu’il y ait une désignation -de la nouvelle direction du parti- qui ne vienne pas d’un Congrès. Nous sommes là. Nous sommes vigilants et nous insistons sur la légitimité», a-t-elle posé.

Colère dans les rangs et parmi les cadres. La sortie de Dorothée, autoproclamée Coordonnatrice chargée de l’organisation du Congrès extraordinaire pour les uns, nommée par Lugi pour les autees, est considérée comme un coup de force. Et pour cause: «parce qu’il y a vacance au poste de Secrétaire permanent, chef du parti, c’est le secrétaire permanent préséant qui doit prendre la direction et conduire le parti au congrès extraordinaire et l’adjoint préséant de Lugi c’est Godefroid Mayobo», a expliqué un autre élu gizengiste. Voici que Godefroid Mayobo, pendant longtemps fidèle lieutenant Yansi d’Antoine Gizenga mais banni par les Pende majoritaires dans l’appareil qu’ils considèrent comme un bien privé, a été chassé du siège tel un pestiféré peu après le décès de Lugi, par des militants surexcités. Ces derniers ont provisoirement installé un vieux compagnon de l’ancien Premier ministre, Sylvain Ngabu, le temps de s’assurer la reprise de la Direction.

«Derrière ces militants, on avait toujours soupçonné l’ombre de la famille. J’en suis maintenant convaincu après cette intervention de Dorothée», s’est exclamé un cadre gizengiste originaire du Grand Kasaï. Au micro de Top Congo, Dorothée Gizenga, la cheffe de transition, a été tranchante: «Il y a des groupes qui s’animent à organiser une succession». Et de prévenir que «cette succession doit être légitime. Il n’y a qu’une seule voie pour cette légitimité, c’est le Congrès extraordinaire». Qu’elle a juré de préparer et convoquer via sa fameuse Commission en violation des statuts de la formation politique. De 1964 à juin 2020, il y a eu tour à tour Antoine Gizenga, Lugi Gizenga… et Dorothée Gizenga, visiblement venue pour encadrer et contrôler le processus conduisant à la succession, pendant que la nièce du patriarche, la sénatrice Ida Nzumba et la veuve, l’influente Anne Mbuba, sont en embuscade. Inutile d’attendre encore pendant longtemps pour constater la confiscation des affaires du parti par une seule famille, les Gizenga. 

YA KAKESA

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