Norbert Yambayamba est cadre de l’UDPS/Tshisekedi. Candidat gouverneur de la province du Sankuru, panafricaniste, expert et consultant international en développement, il parle de son programme de développement au cas où il serait élu gouverneur. Se confiant à «AfricaNews» et «RNTC», au cours de l’émission «Franc parler magazine», il dévoile sa première préoccupation qui est de «reconstruire la paix pour ramener la sérénité et le calme». Entretien.
Il y a 13 candidats gouverneurs au Sankuru, quel est votre programme de développement de la province au cas où vous serez élu?
Je ne vais pas inventer la roue. Mais la meilleure façon de construire une dynamique dans une entité, c’est d’abord la connaitre. Cela suppose connaitre sa taille et ses potentialités. Le Sankuru est une grande province, 104.000 Km2, soit 4 fois la République du Rwanda; 4 millions d’habitants, deux fois la population du Gabon, 3 fois la population de la Guinée Equatoriale. C’est un pays dans un pays. Le Sankuru a connu un essor incroyable parce que le colonisateur avait compris ses potentialités. Aujourd’hui, on parle d’une province qui contribue au budget de l’Etat qu’en proportion de 2%. Mais le Sankuru dispose du diamant de joaillerie qui est à l’état artisanal, de l’or, de manganèse, du pétrole dont 5 blocs sont identifiés déjà. Le Sankuru est aussi une province touristique. Quand vous êtes à Lomela, Katako Kombe, il y a une biodiversité incroyable: buffles, éléphants, lions, etc… Il y a également la forêt avec toute sorte du bois: noir, rouge, bleu, Wenge… et la savane où il y a une culture correspondante. Nous avons les rivières Lomela, Lomami, Sankuru, lui-même. La province est tout simplement enclavée et ne dispose pas d’infrastructures de base. Autre chose, le développement du Sankuru devra tenir compte de l’espace kasaïen car, Lusambo est proche de la ville de Mbuji- Mayi à 200 km, Lodja est proche de Kananga, Katako avec Kindu. Il faut concevoir un programme réunissant ces différentes provinces qui partagent un espace géographique commun et qui visiblement demandent une mutualisation pour faciliter les échanges.
Quelle sera votre priorité?
Tout est priorité au Sankuru. Il y a déjà 3,5 ans écoulés. Le gouverneur sera élu pour une année et demie. Si je serais élu, je concevrais le programme en fonction du temps restant. Aujourd’hui, le Sankuru est connu comme un lieu des violences, troubles, des gens se critiquent mutuellement, etc. La première chose c’est de reconstruire la paix pour ramener la sérénité et le calme. A cette fin, je pourrais organiser une grande conférence provinciale de cinq jours sur la paix et le développement du Sankuru à laquelle se réuniront tous les députés provinciaux et nationaux, les sénateurs, la diaspora, les chefs coutumiers, les confessions religieuses, les ONGs et les opérateurs économiques, les chercheurs. Les termes de référence sont déjà disponibles. Au cours de ces assises, les participants vont faire un vrai diagnostic sur ce qui nous divise. Le Sankuru a 6 territoires et 42 secteurs et chefferies, mais c’est un même peuple parce qu’il s’agit d’un homme Ekutsu Webele qui est arrivé-là et qui a donné naissance aux 3 enfants: Ngando, Ndjovu et Watambolo et ces trois ont peuplé cette province avec leur descendance. Certes les hommes politiques sont venus créer les conflits, il est temps d’y mettre fin.
La sécurité…
De deux, il faut associer la sécurité dans la province. Les institutions étatiques doivent faire leur travail. Et surtout au niveau de la justice. Il faut installer un tribunal de paix dans chaque territoire. La sécurité aussi est nécessaire. Les militaires et policiers déployés au Sankuru aujourd’hui sont pour la plupart recrutés lors de mixage. 94% des militaires sont venus des groupes rebelles et n’ont pas reçu une formation adéquate. Ils n’ont pas été recyclés. Il faut leur donner une formation professionnelle. On va travailler avec la hiérarchie militaire et les services de sécurité dont l’Agence nationale de renseignement -ANR.
Les infrastructures de base…
Autre priorité, ce sont des infrastructures. En sillonnant les 6 territoires, vous verrez les bâtiments administratifs totalement délabrés. Pas d’écoles, pas d’hôpitaux, routes… Mais il faut construire tout cela. Une étude a démontré que sur 100% des écoles construites au Sankuru, 95% sont en pailles. Dans le calcul fait par FOLECO, on a démontré qu’avec USD 54.000, on peut construire une école de 6 classes avec 4 salles d’administration, plus une latrine pour les élèves. Nous allons nous battre pour qu’on change le modèle des maisons dans le village, créer de coopératives.
Mais il y a le programme de développement à la base de 145 territoires?
Effectivement, nous allons appuyer ce programme qui redonnera de la vitalité à nos territoires pour déclencher un développement intégral. Nous allons également construire une dynamique au niveau des échanges entre les différents territoires.
Quel message adressez-vous à la population du Sankuru, y compris les députés provinciaux?
Je dis aux acteurs politiques du Sankuru qu’ils sont accusés d’être à la base de beaucoup de choses qui freinent le développement de notre province. Chaque chose en son temps. Le grand malheur est que la pauvreté a gagné tous les coins et recoins du pays. Mais, aujourd’hui, c’est l’occasion de se dire: «plus jamais ça» et de se choisir un homme qui a non seulement la compétence mais la capacité de comprendre pour désamorcer le conflit et qui amène un message transformateur et inspirateur. Je dis aux députés qu’un adage dit chez-nous que même si quelqu’un n’a pas de dents, on lui donne toujours sa nourriture. On a fait trois ans et demi, le gouvernement n’a pas fonctionné, il n’a pas été investi. Si le gouvernement n’est pas investi, cela veut dire qu’il n’y pas de programme. Or, le programme est un ensemble de projets qui constituent des réponses aux problèmes de la population.
Installer le gouvernement provincial?
Très clairement, pendant 3,5 ans le Sankuru est resté sans réponse aux problèmes de la population. C’est la raison pour laquelle on n’a pas d’eau et d’électricité, routes, hôpitaux, écoles et les fonctionnaires ne sont même pas payés. Il n’y a eu pas d’interlocuteur qui puisse poser la question. Maintenant, il y a certes 13 candidats, je ne suis pas plus que les autres. Cependant, je me dis que j’ai une expérience. Non seulement la formation que j’ai reçue à travers le monde, expert international travaillant au sein des institutions de Breton Wood, 30 ans durant. Je leur demande de m’expérimenter un peu. L’UDPS n’a jamais eu le pouvoir. Donnez-nous au moins cette opportunité et vous ne serez pas déçus.
Propos recueillis par Octave MUKENDI