L’archevêque métropolitain de Lubumbashi a profité de la messe des morts de la Junafec, vendredi, pour incriminer, à son tour, la proposition de loi Tshiani sur la «Congolité», qui interdit l’accès aux fonctions de président de la République et autres fonctions régaliennes aux Congolais ayant un parent étranger.
Mgr Fulgence Muteba s’en est pris, sans ambages, à la controversée proposition de Loi Tshiani, en dénonçant son caractère discriminatoire et dangereux. «Il y a aussi la psychose, la colère et l’indignation de la fameuse proposition de loi dite de Tshiani, qui vient s’ajouter à une situation déjà très tendue. Cette proposition de loi discriminatoire nous recule de plusieurs années. Elle fait l’éloge de la stigmatisation et porte les germes d’une dangereuse exclusion dont les conséquences sociales sont incalculables, au Katanga et ailleurs au Congo. Exclure et empêcher certaines personnes d’assumer des responsabilités dans un pays à cause de quelque chose qu’elles n’ont pas choisi est une absurdité», a-t-il averti.
Menace à la cohésion nationale et synonyme d’une crise grave
Si ce texte, inscrit au calendrier des travaux de la session parlementaire en cours et à quelques mois des élections, le très populaire candidat Moïse Katumbi, par exemple, clairement visé et nommément cité par Noël Tshiani, l’initiateur de cette copie, serait exclu de la course à la présidentielle parce que né d’un père juif.
«Le simple fait d’inscrire cette proposition de loi au menu d’une session de la chambre des élus du peuple, en pleine année électorale, est synonyme de saboter la cohésion nationale et de miner le processus électoral en cours. De plus, soumettre cette proposition de loi controversée au débat parlementaire relèvera d’un jusqu’auboutisme têtu qui plongera notre société dans une crise grave», a encore tonné le prélat catholique, s’inscrivant dans le schéma de la Conférence des évêques catholiques du Congo, du Cardinal Ambongo, de l’ONU, des USA et de l’UE, tous opposés à cette proposition de loi.
Mgr Muteba est d’avis que si pareil pas est franchi -par l’Assemblée nationale-, malgré de nombreuses voix contre qui se sont levées dans plusieurs milieux, l’on comprendra alors que la politique dans notre pays a atteint le niveau le plus élevé du sophisme et de la manipulation et n’a plus rien à voir avec la recherche du bien commun et d’art de bien diriger la société, qui constituaient jadis la passion noble de la Grèce du temps de Platon.
«Et ça c’est dangereux ! La sagesse conseille de laisser tomber purement et simplement cette proposition de loi», a conclu le calotin, arrachant des applaudissements des fidèles réunis en la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi.
