- L’exploit réalisé par Félix Tshisekedi en 2020 en retournant plusieurs députés et sénateurs FCC en sa faveur pourrait ne plus se répéter…
Après les articles intitulés successivement “Katumbi, allez-y ! Ça fait tout de même 17 ans que l’Opposition est sans porte-parole !” et ” Martin Fayulu, ni chef d’Etat, ni porte-parole de l’opposition, hier, aujourd’hui et définitivement !” publiés les 17 et 18 juin 2024, terminons la chronique par le nouveau titre “Martin Fayulu le sait : impossible d’être un vrai candidat à la présidentielle au Congo sans viser une Majorité parlementaire solide ! Obsession ? Fixation ? Loin de là !
FÉLIX TSHISEKEDI PEUT BIEN SE PASSER DE L’OPPOSITION
A la base de cette série d’articles, la confusion entretenue autour de la désignation du porte-parole de l’Opposition, poste créé par le législateur aux articles 1 à 4 de la loi n°07/008 du 4 décembre #007 portant statut de l’Opposition.
Détenant la majorité des députés nationaux ayant fait le choix de se positionner opposants, Ensemble (parti politique de Moïse Katumbi) a approché dernièrement Martin Fayulu dans l’unique but de combler un vide “vieux” de 17 ans.
En effet, depuis la promulgation de cette loi, chacun des cycles électoraux de 2011, 2016 (devenu 2018) et 2023 se caractérise certes par la présence de l’Opposition parlementaire au sein de la chambre basse et de la chambre haute, mais, paradoxalement, sans son porte-parole.
Et voilà que pour la première fois que la volonté de combler ce vide se présente, le blocage n’est pas le fait du Pouvoir, mais de l’Opposition !
l’Ecidé ramène le débat à la contestation, par les opposants majeurs, des résultats électoraux tels que proclamés provisoirement par la Ceni et définitivement par la Cour constitutionnelle.
La réalité du terrain est qu’avec sa Majorité parlementaire, Félix Tshisekedi peut bien se passer de l’Opposition ( toutes tendances confondues) et gouverner avec la certitude d’atteindre ses objectifs. Dont la révision ou le changement de la Constitution, tant qu’aucune autre force majeure ne l’en empêche.
FAIRE LE JEU DE LA MAJORITÉ (POUVOIR)
C’est vrai que même dans la configuration actuelle, avec une Opposition parlementaire réellement sous représentée (pas une cinquantaine de députés nationaux), l’Union sacrée de la nation peut réaliser pleinement sa volonté.
Au moins, la présence d’une Opposition parlementaire a la possibilité de susciter la peur du gendarme. Et cette Opposition a besoin d’un leader en mesure d’user des droits prévus à l’article 8 et appliquer les devoirs prévus à l’article 16. Un leader qui peut être parlementaire ou non.
En effet, la loi portant statut de l’Opposition sécurise celle-ci en ses articles 13 (libre accès et égal traitement par les médias publics dans le cadre des émissions et programmes pour faire connaître leurs opinions) ; 14 (ne faire l’objet d’aucune mesure discriminatoire en raison des opinions et convictions politiques ou d’appartenance à un parti politique ou à un regroupement politique de l’Opposition politique) et 15 (ni interpellation, poursuite ou recherche, ni détention ou jugement en raison des opinions politiques exprimées dans le respect de la Constitution, des Lois et Règlements de la République).
Boycotter la désignation du porte-parole revient à bloquer le bon fonctionnement de l’Opposition parlementaire et, partant, à faire le jeu de la Majorité (Pouvoir).
UNE RÉVOLUTION DE NATURE À IMPLOSER LE PAYS
Il y a lieu de le souligner parce que c’est la vérité même : tous les acteurs politiques congolais majeurs (Martin Fayulu l’est) savent qu’on ne peut pas chercher à briguer la magistrature suprême sans disposer d’une représentation solide au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat, le régime politique congolais étant plus proche du régime parlementaire belge, allemand ou italien que du régime semi-présidentiel français, voire du régime présidentiel mobutien.
En 2014, dans une interview à Jeune Afrique, un certain Félix Tshisekedi faisait l’aveu suivant : *“…notre système électoral est fait de sorte qu’aucun parti politique ne peut atteindre seul la majorité des sièges au Parlement”.
Candidat en 2006, en 2011, en 2016 (en réalité 2018) et en 2023, *Martin Fayulu n’a jamais investi dans les législatives*. On ne connaît pas une seule législature au cours de laquelle l’Ecidé a eu plus de 5 députés nationaux sur 500 mandats et sénateurs sur 108 mandats ! Même en 2018, il n’en avait pas.
C’est à se demander ce qu’il aurait fait s’il avait été proclamé vainqueur de la présidentielle. Probablement pire que ce que Félix Tshisekedi a fait en retournant en sa faveur une bonne partie des députés et sénateurs FCC. Il aurait peut-être suscité une révolution de nature à faire imploser le pays, et cela au grand dam de la CENCO.
Conscient de cette évidence, Félix Tshisekedi s’est organisé pour 2023 de façon à avoir une représentation solide au sein de la Majorité parlementaire via l’Udps et Mosaïque. Aujourd’hui, ses grands alliés (Mlc, Un et Afdc) peuvent le lâcher, mais sans le minoriser.
L’exploit de 2020, il ne pourra plus le rééditer. Personne, du reste, ne l’osera. Car l’expérience rend sage.
LE POLITICO-MÉDIATISME NE PAIE PAS
Alors trêve d’illusion : Martin Fayulu doit songer à se doter d’un parti politique de la trempe de l’Udps, du Pprd, du Mlc, de l’Unc ou de l’Afdc. Un parti ayant une couverture nationale avérée, capable de placer les candidatures de ses membres à tous les niveaux, cela de la présidentielle aux locales en passant par les législatives, les provinciales, les sénatoriales, les ” gouvernorales”, les urbaines et les municipales.
S’il n’en a ni la volonté, ni la capacité, son égocentrisme, son narcissisme, son nombrilisme (au choix) est tout ce qu’il y a de suicidaire et pour lui, et de “génocidaire” pour les siens !
Le politico-médiatisme qu’il pratique ne paie pas. Il n’a qu’à se référer à ses compagnons d’infortune Joseph Olenghankoyi, Jean-Pierre Lisanga Bonganga et autres Eugène Diomi Ndongala. Tous se préoccuperaient d’Etienne Tshisekedi qu’ils ne s’occupaient de leurs propres partis.
Au moins le lider maximo savait lier le sort des députés nationaux à celui du président de la République !
Souvenons-nous de 2011. Malgré la contestation des élections par l’Udps, Martin Fayulu s’était passé de sa consigne de renoncer à son mandat de député national. Il avait enjoint les siens à garder les leurs en s’affichant de l’Opposition. Curieusement, la désignation du porte-parole était le cadet de ses soucis. Quant à la réactivation de Delly Sessanga approuvant la position de Martin Fayulu, elle appelle une observation : ce n’est pas le fait d’être l’auteur d’une loi qu’on en devient le propriétaire. Lui aussi a participé au processus électoral qu’il savait biaisé. La logique l’oblige d’en payer le prix : la désignation du porte-parole de l’Opposition. C’est cela, être responsable de ses actes.
17 ans après, sans faire partie de la nouvelle Assemblée nationale, Martin Fayulu et Delly Sessanga ne veulent donc pas entendre parler de porte-parole de l’Opposition !
A chacun d’en tirer la conclusion…
17 ans après, sans faire partie de la nouvelle Assemblée nationale, il ne veut donc pas entendre parler de porte-parole de l’Opposition ! Ce qui a pour effet de bloquer Les Bureaux Usn de l’Assemblée nationale et du Sénat d’actionner l’alinéa 2 de l’article 19 selon lequel : *Les Députés et les Sénateurs de l’Opposition politique se réunissent, à cet effet, sous la facilitation conjointe des Bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, à la demande écrite de tout groupe parlementaire ou politique de l’Opposition politique, selon le cas“.
En d’autres termes, sans leur réunion, les députés et sénateurs de l’Opposition parlementaire ne peuvent pas solliciter des Bureaux de la chambre basse et de la chambre haute la facilitation prévue.
A chacun d’en tirer sa conclusion…
Omer Nsongo die Lema
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