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RDC : la ligne de défense de Kamerhe est une bombe

Après les déclarations étonnamment révélatrices du prévenu VK devant les caméras du monde, huit voire neuf nouveaux personnages risquent de faire leur entrée dans l’affaire qui oppose le Ministère public au Directeur de Cabinet du Président de la République. Séisme en perspectives! 

Huit nouveaux personnages. Voire neuf ou dix. Après Vital Kamerhe, SamihJammal et Jeannot Muhima, huit membres de l’équipe de supervision du Comité de pilotage de 100 jours et le responsable du team de coordination de ce programme risquent de faire leur entrée dans l’affaire qui oppose le Ministère public au Directeur de Cabinet du Président de la République. Lundi 11 mai, au premier jour de son procès, Vital Kamerhe a préféré dévoiler la stratégie de sa défense. Un avis de l’éditorialiste José Nawej du quotidien Forum des As, convaincu que «Kamerhe a voulu, d’entrée de jeu, faire passer le message selon lequel qu’il n’est qu’une pièce du dispositif estampillé ‘Programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’Etat’. Il n’en est ni l’initiateur ni l’unique metteur en œuvre».

Comment ne pas faire foi à ce raisonnement alors que l’inculpé principal et le toujours Directeur de Cabinet de Félix Tshisekedi est allé jusqu’au bout de sa logique, affirmant devant les caméras du monde entier que son rôle dans les 100 jours l’a été «au nom du Président de la République». Le Tribunal doit avoir acté. Ce que José Nawej qualifie de défense axée «sur la notion de paternité et de responsabilité collective». Kamerhe a-t-il juré de secouer le cocotier?

Mardi 12 mai, les réseaux sociaux ont pris le relais du Directeur de Cabinet, faisant circuler et commentant abondamment la liste des membres du Comité de pilotage de 100 jours. Il s’agit de la décision signée de la main de Kamerhele 15 juin 2019 reprenant les structures impliquées dans la gestion du programme d’urgence du Chef de l’État et les noms de leurs animateurs. Outre le propre nom de Kamerhe, huit autres y sont repris dans la rubrique «Supervision», comme ce dernier l’a affirmé lundi devant ses juges. Il s’agit des directeurs de cabinet adjoints Désiré-CashmirKolongele, Guylain NyemboMbwinza, Getty Mpanu-Mpanu et Olivier MondongeBogado; des ministres Henri Yav des Finances, Thomas Luhaka des ITPR, Pierre Kangudiadu Budget ainsi que du gouverneur de la Banque Centrale du Congo DéograciasMutombo. Il s’agit aussi du Coordonnateur du programme de 100 jours, coiffant un groupe de 20 personnes, Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant du Chef de l’Etat. Séisme en perspectives!

Face à ces déclarations étonnamment révélatrices de Kamerhe qui jettent de l’huile sur un feu déjà bien attisé, aucune réaction de ses collègues superviseurs jusque-là, hormis les précédentes interventions sur RFI du Coordonnateur Nicolas Kazadi, entendu plusieurs fois par le Parquet mais jamais inquiété. Ont-ils consenti? Sont-ils surpris par la déposition du Directeur de Cabinet et attendent-ils organiser la réplique? Nul ne saurait le dire à ce stade alors que dans le public,d’aucuns voudraient voir chacune de ces personnalités membres du Comité de pilotage défiler devant la barre afin d’éclairer la lanterne du Tribunal.

De son côté, le député national Sam Bokolombe a eu ces commentaires sur Twitter: «La stratégie de la défense se précise: revendiquer les garanties procédurales et plaider l’implication collective de tous les membres de la Coordination du programme dans la délinquance. Le prévenu VK refuse qu’on fasse focus sur lui et de mourir seul».  

Analyse partagée par un brillant avocat de la place de Kinshasa. «Coupable ou pas, Vital Kamerhe n’est en effet pas le seul à avoir été impliqué dans la supervision et la coordination des 100 jours», a-t-il clamé allant, lui, jusqu’à insister que le Directeur de Cabinet du Président de la République, ordonnateur délégué aux termes de l’article 12 du Règlement général sur la comptabilité publique -RGCP-, ne saurait être tenu pour  responsable politique des fautes de gestion qu’il aurait commises dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. «Au-dessus du Directeur de Cabinet Kamerhe, il y a un ordonnateur principal», a-t-il expliqué. De ce point de vue, impossible de condamner le Chef de Cabinet au regard de la jurisprudence Oly Ilunga, ministre de la Santé du gouvernement Tshibala, donc ordonnateur principal, condamné par la Cour de cassation pour des fautes de gestion commises par son Conseiller financier, son ordonnateur délégué. Vue sous cet angle, la ligne de défense de Kamerhe est une bombe, susceptible de faire beaucoup de victimes et d’énormes dégâts collatéraux.Trêve de supputation. Rendez-vous à l’audience publique du 25 mai prochain.

AKM

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