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L’appel de Bulambo à la méritocratie et l’unité

La rentrée parlementaire au Sud-Kivu a eu lieu mercredi 30 janvier 2019 sous la direction de Jean-Marie Bulambo Kilosho. Le président du bureau provisoire a axé son discours inaugural sur la conscientisation de ses pairs face aux enjeux de l’heure et surtout aux attentes de la population.

«Nous avons la noble mission de former un tout cohérent voulu par le destin au service de ceux qui nous ont élus et attendent de nous le véritable décollage économique et social de notre province… Nous devons nous départir de nos casquettes d’appartenance tribale ou ethnique, de membre de tel ou tel autre parti politique, de fidèle de telle religion», a dit le doyen d’âge des élus du Sud-Kivu, avant d’inviter ces collègues députés à renoncer aux mauvaises  pratiques qui constituent «un véritable frein au décollage économique de cette partie du pays».

«Le Sud-Kivu, notre province, regorge des potentialités multiformes convoitées par les puissances extérieures mais lesquelles, fort malheureusement n’apportent rien pour le développement de la province à cause de certains maux dont nous sommes nous-mêmes responsables: le tribalisme à outrance, la tendance dominatrice des uns sur les autres, la mauvaise gestion de la chose publique, la personnification du pouvoir, la marchandisation des postes dans la fonction publique provinciale, etc.», a déploré le président du bureau provisoire de l’organe délibérant du Sud-Kivu.

A l’endroit de tous les élus  provinciaux, Jean-Marie Bulambo a ainsi lancé un «appel pressant de veiller à ce que ne soient prises en compte que la compétence et la méritocratie pour accéder à un poste quelconque au sein des institutions provinciales». Il a encore martelé sur la représentativité équitable des communautés de la province au sein de toutes les institutions. Dans son entendement, la représentativité reste le seul moyen de contourner les frustrations des uns et des autres dans la gestion de la province. Le doyen des députés provinciaux du Sud-Kivu estime  que le dialogue et le consensus, fondés sur la justice, l’équité et la solidarité, sont des facteurs prépondérants pour la cohésion et l’unité de toutes les communautés du Sud-Kivu. 

Ardent défenseur de l’unité au niveau de sa province, Jean-Marie Bulambo Kilosho a, dans le chapitre des élections, formulé des propositions à la CENI «sans heurter ses prérogatives» fondées sur l’exigence de la méritocratie, de bonne représentativité inclusive et la maitrise des réalités de l’ensemble de la province. Il s’agit, au sujet de l’élection du bureau de l’assemblée provinciale et des six commissions permanentes, de la répartition représentative des postes entre les communautés de chaque territoire. «Pour l’élection des sénateurs, partager entre les quatre axes les sénateurs à élire en raison d’un sénateur par axe: Kabare-Walungu, Kalehe-Idjwi, Uvira-Fizi et Mwenga-Shabunda. Pour la formation de l’exécutif provincial, la répartition des huit ministères provinciaux en raison d’un ministère par territoire et les deux restants seront gérés par le gouverneur en tenant compte des minorités à protéger et de l’exigence de la solidarité», a-t-il suggéré, avant de mettre ses pairs de l’assemblée provinciale en garde contre une «éhontée pratique de monnayage des scrutins». Pour lui, les candidats aux postes convoités proposent des sommes juteuses pour les arracher. «La population a les yeux et les oreilles tournés vers nous, grands électeurs, pour savoir si nous allons échapper à la tentation», a-t-il lancé, avant d’énumérer les conséquences d’une telle pratique: rupture avec la base, l’irresponsabilité collective, le musèlement et l’inaction de l’assemblée provinciale.

Du haut de sa tribune, le speaker a émis le vœu de voir les vielles pratiques humiliantes et déshonorables couler avec le vieux temps. «Notre tâche sera effectivement noble si nous dotions la province des lois et dirigeants à la hauteur des attentes de nos électeurs. Pour y arriver, il nous faut une indépendance vis-à-vis de l’Exécutif laquelle commence par l’élection des animateurs et l’adoption de programme de gouvernement et se poursuit à travers l’arsenal légal du contrôle permanent à notre disposition», a-t-il soutenu, avant d’appeler les élus, les futurs gouverneur et sénateurs à œuvrer dans le sens à essuyer «les larmes de notre population qui vit dans un état quasi permanent d’insécurité et une précarité la plus abjecte, en lui rendant l’espoir». 

Son appel trouve son fondement dans la situation sécuritaire de la province du Sud-Kivu qu’il qualifie de «catastrophique» et «alarmante». «De jour comme de nuit, l’on déplore plusieurs cas d’extorsions, d’agressions et de tueries des paisibles citoyens par des hommes en armes de provenance incontrôlée… Nous devons nous serrer les coudes pour dénicher tous ces malfrats… Si chacun s’y met, aux côtés d’un gouvernement provincial digne de nom, nous pouvons maitriser la situation et assurer la quiétude de nos populations», a-t-il laissé entendre.

L’occasion faisant le larron, Jean-Marie Bulambo Kilosho a présenté au Président de la République élu, ses vœux les meilleurs et des félicitations pour son élection à la magistrature suprême et lui a rassuré de son soutien. Il a en outre remercié le Président Kabila pour «avoir permis l’organisation des élections dans des conditions tant souhaitées sans tendre la main aux puissances financières étrangères», la CENI «pour l’organisation impeccable du scrutin» et aux électeurs «pour avoir porté leur choix sur chacun de nous».

Laurent OMBA

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