Le briefing du lundi 13 février a eu comme invité principal Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, vice-Premier ministre et ministre en charge des Affaires étrangères. Au menu: l’état de lieux de la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda. Dans la partie introductive de ce rendez-vous de redevabilité, le ministre en charge de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, a expliqué le sens de ce face-à-face avec la presse, en commençant par s’excuser pour le retard dû au fait que c’était la Journée mondiale de la radio.
Appelé à faire le point et à dresser le tableau de l’évolution du front diplomatique par rapport à la feuille de route de Luanda, le VPM Christophe Lutundula a rappelé, à l’attention des professionnels des médias, les points saillants de ladite feuille de route. Pour lui, les recommandations contenues dans le document sorti par les Chefs d’Etat depuis le mois de novembre 2022 à Luanda souffrent à être appliquées, le Rwanda continue à les ignorer superbement. Aujourd’hui, a laissé entendre Christophe Lutundula, les résolutions de Luanda mettent au grand jour la responsabilité du Rwanda et du M23 dans la situation qui prévaut à l’Est du pays, de telle sorte que toute personne de bonne foi ne peut douter de la criminalité dont est coupable le Rwanda tel que détaillé dans le Livre blanc.
«Aujourd’hui, ce qui fait problème c’est la non-application du chronogramme, le Rwanda considérant qu’il n’a rien à faire avec tous ces accords», a indiqué Christophe Lutundula, soulignant qu’une série de rencontres aura lieu le 17 février prochain à Addis-Abeba.
Dans la capitale éthiopienne, qu’il s’agisse du cadre de l’Union africaine ou d’autres rencontres, la RD-Congo défendra sa seule position, à savoir: l’application à la lettre de la feuille de route conjointe Nairobi-Luanda. «Nous continueront notre combat. Tout ce qui n’est pas dans le sens du cessez-le-feu, de la cessation des hostilités, du retrait du M23, de l’arrêt du soutien au M23 et du retour des populations déplacées dans leurs habitations, ne sera pas accepté», a-t-il fait savoir. Ainsi qu’on peut bien le constater, la position du gouvernement est restée statique. «Notre devoir est de défendre la République, et nous l’assumerons totalement», a martelé le patron de la diplomatie RD-congolaise. Et de poursuivre: «nous ne sommes pas des va-t-en guerre. Il suffit que le Rwanda se retire et, nous, on ne fera pas de provocation».
Pourquoi continuer à demeurer dans l’EAC?
Cette question est sur toutes les lèvres au sein de l’opinion nationale, allant jusqu’à souhaiter la gestion de cette situation dramatique à l’Est du pays, au sein de la SADC. «Nous ne sommes pas des naïfs, ni des faibles», a précisé Christophe Lutundula donnant les raisons d’adhésion de la RD-Congo à cette association sous régionale. Dans la foulée, «c’est la seule organisation où nous nous retrouvons avec le Rwanda. Et puis, 5 des 9 voisins de la RD-Congo, sont de l’EAC, association qui, selon l’orateur, dispose des instruments juridiques pour résoudre les conflits et avec laquelle la RD-Congo dispose d’une longue frontière». La quitter, selon lui, ferait la fête de ce pays agresseur. D’où, il faut continuer à attendre jusqu’à ce que l’EAC fasse le travail qu’elle doit faire. Répondant à une question sur les manifestations contre l’EAC à Goma, le ministre Patrick Muyaya: «Je comprends la colère de ces compatriotes, mais on ne résout pas les problèmes par la violence. C’est prêter le flanc au jeu de l’ennemi».
Et Lutundula d’ajouter: «la République ne mourra pas à Goma. Aux jeunes de cette capitale du Nord-Kivu, ne cédez pas à la tentation de vous faire piéger vous-mêmes. Si le Président de la République a décrété l’état de siège, ce n’est pas pour tuer la démocratie, mais c’est pour établir l’ordre public». Pour répondre à ceux qui voient dans la voie de la diplomatie jusque-là suivie par le gouvernement, «nous n’allons pas donner l’impression que nous sommes les grands constructeurs des murs de lamentations, mais il faut que la Force régionale remplisse sa mission» a indiqué le VPM Lutundula.
Poursuite des FDLR actifs en RD-Congo, un prétexte fallacieux de Kagame
Encore une fois, le porte-parole du gouvernement a répondu au président rwandais Paul Kagame qui justifie les incursions de ses troupes sur le territoire RD-congolais par la traque des Forces démocratiques de libération du Rwanda -FDLR. Comment les Forces armées de la République démocratique du Congo -FARDC- dont la mission est de combattre les groupes armés peuvent-elles composer avec des gens qui tuent les populations RD-congolaises? Voilà la question qui résume tout. «Il faut éviter l’amalgame», a-t-il souligné, attirant l’attention sur les conséquences du comportement de Paul Kagame, notamment sur ce qu’il est en train de semer dans les têtes des populations. «Qu’en sera-t-il dans 20 ans?», s’est-il interrogé. Profitant de cette occasion, Lutundula a réitéré la demande du Chef de l’Etat adressée à tous ceux qui auraient des informations sur la présence des FDLR en terre RD-congolaise, de pouvoir la dénoncer, y compris sur leurs leaders.